76 ans ! La passion intacte, l’œil taquin et l’entrechat prudent, mais présent : George Benson était heureux d’être sur la scène Wilfrid-Pelletier et le public le lui a bien rendu. Le chanteur – qui est loin d’avoir raccroché sa guitare – a même sorti un nouvel album cette année : Walking to New Orleans, en hommage à ses idoles Chuck Berry et Fats Domino. Nostalgique Mr. Benson? Peut-être, mais groovy, à n’en point douter !
L’homme rentre chez lui après une belle journée de chaleur. Chez lui ? C’est la scène. Alors que d’autres prendraient une bière sur la terrasse, lui prend sa guitare et démarre en trombe ! Sous des rythmes funk et latino, George Benson offre en intro, un jam de près de vingt minutes. Pas de paroles, hormis celles de sa guitare, qui nous rappellent – si besoin en était – sa maîtrise légendaire et si particulière de l’instrument.
George Benson, c’est une grosse machine. Un set précis, une large place laissée aux musiciens et un respect total de la musique et du public. Il ne fait pas de la musique, il la vit ! Et comme il le dit si bien lui-même : Don’t mess with Chuck Berry, mais don’t mess with George Benson either! Cette maxime, il en a fait sa ligne directrice durant toute sa carrière.
Le jazzman, aux grandes influences blues, a su s’adapter aux modes et aux attentes du public. Délaissant ses premiers amours, il a pris – et surtout maintenu – un virage disco-funk que peu ont réussi. C’est donc dans ses créations rythmées et son attitude de crooner qu’il a trouvé son succès et sa reconnaissance : Nothing’s Gonna Change My Love for You, Turn your love around et l’emblématique Give me the night.
Pendant deux heures, George Benson a imposé son rythme, enchaînant les succès sans pause, et après s’être accordé une première partie sans grande interaction avec le public – bon, si deux-trois roulés de bassin judicieusement placés – il a pris le temps de raconter quelques anecdotes sur Chuck Berry bien sûr, mais aussi sur son grand-père, et de livrer quelques secrets sur son nouvel album, promo oblige.
Il est certain qu’il n’a plus la rapidité de musicien et sa flexibilité vocale de ses 30 ans, mais il a tenu à aller chercher ses notes hautes, en prudemment et en contrôle, car on le répète, il respecte son public et veut lui donner le meilleur. Très bien entouré par son band, nous avons pu constater leur maîtrise parfaite du répertoire de l’artiste et apprécié la voix puissante de la percussionniste, qui reprenait les refrains de Don’t know why de Nora Jones, pendant que George Benson jouait les couplets avec sa guitare.
Rafraîchissant et indémodable, M. Benson est définitivement un modèle à suivre et une référence à conserver.
À noter la belle assurance de Kandace Springs en première partie, qui de sa belle voix à la Sade, nous a présenté un répertoire dans le plus pur style jazz, avec des reprises maîtrisées, notamment I Put a spell on you.
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