Guillaume Côté, ce danseur étoile originaire du Lac Saint-Jean, chorégraphe associé du Ballet national du Canada, présente sa chorégraphie, Crypto, à la Place des Arts. Entouré de trois danseuses, Côté allie danse, théâtre, musique et narration à des effets visuels soignés. Compte rendu de la première montréalaise de Crypto.
Ce spectacle qui porte sur l’obsession des humains à vouloir contrôler la nature et la beauté est basé sur une histoire du librettiste Canado-Américain Royce Vavrek, écrite à la demande de Guillaume Côté.
Ce dernier nous transporte dans une sorte de fable moderne où ses acolytes Greta Hodgkinson, Natasha Poon Woo et Casia Vengoechea deviennent des personnages souvent étranges.
La conception vidéo de la compagnie multimédia montréalaise Mirari installe dès le départ un climat inquiétant.
D’abord présenté en 2019 au Festival des Arts de Saint-Sauveur dont Côté est le directeur artistique, Crypto se déroule dans un univers surréel, où un couple semble souffrir de lassitude.
Un homme (Côté) a des visions nocturnes d’une bête mystérieuse. Il finit par trouver cet être rare qu’il ramène à la maison. Mais, bien loin d’apporter de l’apaisement au couple, cette nouvelle venue qui ne se laisse pas domestiquer, devient une source de tension voire d’obsession. On fait alors appel à une chirurgienne pour transformer la «créature monstrueuse et magnifique» comme le répète successivement une voix d’homme et une voix de femme enregistrées.
Cette histoire dramatique atteint son point culminant moins dans la danse que dans la vision saisissante de cet être, à la fois animal et femme, dont la camisole semble tachée de sang. La musique du suédois Mikael Karlsson colle à ce monde tourmenté.
Lors d’une rencontre avec des spectateurs après la représentation, le chorégraphe a souligné le côté classique de certaines gestuelles du spectacle. Une dame qui avait vu Crypto à Saint-Sauveur en 2019 a félicité Côté en lui disant que l’oeuvre avait énormément évolué depuis ce temps.
Un autre spectateur qui semblait plus ou moins emballé par sa soirée a demandé s’il s’agissait d’un «work in progress.» «Le work est terminé» a répondu Côté du tac au tac. «Tout est maintenant réglé à la seconde près, compte tenu du fait que la musique est enregistrée et qu’il faut aussi s’arrimer aux projections visuelles.»
Au bout du compte, que retient-on de cette performance de 65 minutes ? En résumé, il me semble que l’attention du spectateur est bien plus sollicitée par les effets visuels que par la danse elle-même. Si investis soient-ils, les interprètes sont parfois éclipsés par la technologie. D’ailleurs, certains numéros se déroulent derrière un écran transparent sur lequel il y a des projections. Quant à la narration qui est sensée nous guider dans cette histoire sanguinolente, on en perd de grands bouts enfouis sous la musique.
Malgré la notoriété de Guillaume Côté qui a été, entre autres, le premier Québécois à danser au célèbre Bolchoï, de nombreux sièges n’avaient pas trouvé preneurs en ce soir de première. Cela dit, on peut découvrir Crypto au Théâtre Maisonneuve tous les soirs jusqu’à samedi. Au moment d’écrire ces lignes, il reste des billets pour chaque représentation.
Crypto
Chorégraphie de Guillaume Côté, présentée à Danse Danse
Avec : Guillaume Côté, Greta Hodgkinson, Natasha Poon Woo et Casia Vengoechea
Théâtre Maisonneuve : 11, 12, 13 et 14 mai à 20h.
Durée : 65 minutes sans entracte