Guy Nantel n’a jamais eu la langue dans sa poche mais certains diront qu’il se dépasse avec son nouveau spectacle Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire… Reprenant ainsi les mots de René Lévesque, l’humoriste, défait lors de la dernière course à la direction du PQ, règle ses comptes avec le monde politique, mais aussi avec les wokes, les boomers, les environnementalistes, les féministes, les végétaliens, etc. En fait, son traditionnel personnage imbu de lui-même n’épargne personne qu’il s’agisse de Joël Legendre, Nathalie Petrowski, Manon Massé, André Boisclair et René Lévesque lui-même !
Décapant
Nantel arrive sur scène au son d’un «jingle» inspiré des campagnes de Maxime Bernier. On se croirait à un rassemblement de militants.
«Bonsoir mesdames et messieurs», lance l’humoriste en s’excusant d’emblée d’utiliser des mots aussi réducteurs à notre époque marquée par la fluidité de genre. L’insolent ajoute que plus rien n’est clair à ce chapitre et qu’on peut parfois se demander si la personne qu’on salue dans un bar est «la danseuse ou le doorman».
Avec autodérision, l’homme de 54 ans nous entraîne dans sa mésaventure politique où il s’est parfois senti regardé de haut, «comme si être humoriste te rendait tata à plein temps».
Mais, comment le «premier ministre Nantel» aurait-il dirigé le Québec ? Quelles auraient été ses priorités ? Sans vendre la mèche, disons que les aînés y goûtent ! Du même souffle, l’humoriste dépeint malicieusement la vague de sympathie envers les résidents des CHSLD qui s’est soudainement emparée des Québécois durant la pandémie.
Il pourfend aussi les pseudo-environnementalistes, en ironisant sur le discours moralisateur de son épouse. Cette dernière insiste sur les bienfaits du recyclage, alors qu’elle achète au Dollarama des produits fabriqués en Chine à partir de nos déchets et qui ont donc parcouru des dizaines de milliers de kilomètres à bord d’avions super polluants.
Pince-sans-rire, Nantel dit que son cabinet aurait fait place aux artistes dont Mike Ward à la Jeunesse, Wilfred LeBouthillier aux Pêcheries, alors qu’Anne Casabonne aurait été nommée responsable du dossier de la COVID. Mais, l’aspirant premier ministre n’a pas de regrets et il ne cache par son aversion pour un certain nombre de politiciens, en particulier ceux qui ont une moustache, précise-t-il, en mentionnant les noms de Hitler, Staline et Manon Massé.
Le PM Nantel avait déjà préparé un choix de réponses en vue d’un troisième référendum sur la souveraineté du Québec : Oui, Non et On verra. Cette dernière option aurait enfin rallié la majorité des Québécois, croit-il. Mais, il n’a pas été élu, car nous ne savons pas choisir nos dirigeants, entre autres, parce que nous ne connaissons pas notre histoire et ça risque d’empirer : «allez parler de la nuit des Longs Couteaux à un enfant qui porte le kirpan !»
Arrivé troisième sur quatre candidats lors de la course qui a couronné Paul St-Pierre Plamondon, l’humoriste dit qu’on lui a reproché de ne pas être un bon modèle. Mais, ce parti a-t-il eu des chefs si vertueux, ironise-t-il, en évoquant, entre autres, les déboires d’André Boisclair. Selon Nantel, même René Lévesque serait cloué au pilori, de nos jours, car sa vie présumément libertine déchaînerait les adeptes des médias sociaux.
Après avoir livré le fond de sa pensée durant une heure et demie, avec intensité et à un rythme presque étourdissant, Nantel cherche à savoir si on serait prêt à lui donner une nouvelle chance en politique : «Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire…» Le public répond en choeur : «à la prochaine fois», complétant ainsi la célèbre phrase prononcée par Lévesque au soir du premier référendum sur la souveraineté.
Bref, Nantel déballe son sac sans ménagement sur la plupart des sujets d’actualité et il fait crouler de rire le Théâtre Maisonneuve ! L’homme est irrévérencieux mais, heureusement, son public a lui aussi le sens de l’humour.
Guy Nantel / Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire…
Le spectacle poursuit sa tournée et sera présenté, entre autres,
-à Québec, à la Salle Albert-Rousseau les 8 et 9 novembre
-à Montréal, à l’Olympia, le 10 décembre