Le prochain concert de l’Orchestre classique de Montréal sera particulièrement chargé d’émotions, quelques semaines après la mort tragique de son chef Boris Brott. Présenté, comme prévu, avec l’Ensemble Caprice et la soprano Karina Gauvin, Haendel pour toujours, sera dirigé par Matthias Maute qui a conçu cette soirée en collaboration avec le disparu.
Le chef de l’Ensemble Caprice est encore sous le choc au moment où il accorde aux ArtsZé une entrevue à laquelle Boris Brott devait aussi participer. «Ça nous rappelle cruellement la fragilité de la vie», estime monsieur Maute, au sujet de ce son collègue de longue date, victime d’un délit de fuite à Hamilton (Ontario), le 5 avril dernier.
Concert à la mémoire de Boris Brott
«Boris et moi avions développé ensemble le programme de cette soirée, réunissant nos deux formations. Nous allons interpréter plusieurs oeuvres de Haendel, dont des suites de Water Music. Parmi les airs baroques que Karina Gauvin va chanter, il y en a un qui traduit particulièrement bien notre état d’âme. Je parle d’un extrait de l’opéra Rinaldo : Lascia ch’io pianga» (Laissez-moi pleurer).
«Notre but était de créer une sorte de dialogue entre le passé et le présent.» C’est ainsi qu’en plus de la musique de Haendel, on assistera à la création d’une oeuvre du Canadien d’origine néerlandaise Jaap Nico Hamburger. On va aussi jouer une pièce du père de Boris, le compositeur Alexander Brott. Il s’agit de Arabesque qui mettra en vedette Chloé Dominguez, violoncelliste principale de l’OCM.
«Boris Forever»
Qui pourrait maintenant diriger la destinée de l’Orchestre classique de Montréal, anciennement l’Orchestre de chambre McGill, fondé en 1939 par Alexander Brott et son épouse Lotte Brott, violoncelliste ?
«C’est une grande question», répond Matthias Maute, fondateur de l’Ensemble Caprice qui multiplie les enregistrements, ainsi que les concerts, chez-nous et ailleurs, depuis une trentaine d’années.
«Qui pourra chausser les grandes bottes de Boris ?», se demande le musicien d’origine allemande, en soulignant les aptitudes visionnaires que possédait le défunt.
En effet, au-delà de ses qualités artistiques, Brott a donné un nouveau souffle à l’orchestre fondé par son père. Le changement de nom de la formation et son déménagement à la salle Pierre-Mercure, accessible par le métro, ont contribué à un certain renouvellement de l’intérêt du public pour les concerts de l’OCM.
Pour l’instant, Maute préfère se concentrer sur Haendel pour toujours qu’il devait diriger en alternance avec Brott. «On dit Handel Forever, parce que l’héritage de ce musicien nous habite même s’il est mort, alors je crois qu’on peut dire aussi Boris Forever.»
Haendel pour toujours
Jeudi 28 avril à 19 h 30 – Salle Pierre-Mercure
Ensemble Caprice / Orchestre classique de Montréal : Matthias Maute, chef
Karina Gauvin, soprano
Programme
Da tempeste de Giulio Cesare, HWV 17, G. F. Haendel
Lascia ch’io pianga de Rinaldo, HWV 7, G. F. Haendel
Sweet bird, that shun’st the noise of folly de L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato, HWV 55, G. F. Haendel
Let the bright Seraphim de Samson, HWV 57, G. F. Haendel
Water Music : Suite II & III, G. F. Haendel
Arabesque, A. Brott
Concerto Antico (à travers un miroir fumé) de Jaap Nico Hamburger
Monique Bégin honorée
Dans le cadre de sa 82e saison, intitulée Femmes d’exception, l’OCM rendra aussi hommage, le 28 avril, à la femme politique québécoise Monique Bégin. Née à Rome, madame Bégin a passé son enfance en France et au Portugal, avant d’émigrer au Canada, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Dans le cabinet de Pierre Elliott Trudeau, entre 1976 et 1984, elle a été ministre du Revenu, puis ministre de la Santé et du Bien-être social. L’une de ses principales réalisations est le crédit d’impôt pour enfant, instauré en 1978 et remodelé par la suite pour devenir la prestation fiscale pour enfants.