Le spectacle Hommage à Félix Leclerc présenté à la Maison symphonique a le mérite de faire revivre des classiques du poète de l’île d’Orléans, ainsi que des titres moins connus; ce concert permet aussi au grand public d’apprécier l’Orchestre symphonique de Montréal, tout en découvrant de nouveaux chanteurs québécois. C’est déjà beaucoup !
En plus de la rencontre entre la chanson et le monde symphonique, on assiste à une sorte de rendez-vous générationnel. Par exemple, Émile Bilodeau qui n’était même pas né quand Félix est décédé, se retrouve sur la même scène que Marie-Denise Pelletier qui a appris des chansons de Leclerc, dès les années 60. Mais, il aurait fallu que quelqu’un présente ces nouveaux venus, car bien des spectateurs passaient leur temps à tenter d’identifier les interprètes.
L’OSM ouvre le bal avec une Ouverture composée par le chef Simon Leclerc qui après quelques mots de bienvenue cède le micro au slameur québécois d’origine haïtienne Élémo. Le jeune homme livre avec enthousiasme un extrait du Petit livre bleu de Félix qui annonce : «En route les flâneurs!» Le ton est ainsi donné. Les adaptations symphoniques sont très diversifiées. Si les cordes dominent dans La vie, l’amour, la mort (Lou-Adriane Cassidy), des cuivres délicieusement dissonants habitent le Sors-moi donc Albert de Marie-Élaine Thibert. Malheureusement, souvent, les voix se perdent sous l’accompagnement. C’est ainsi que de nombreux mots de la magnifique Présence (Salomé Leclerc) nous échappent. Même constat pour Ailleurs (Matt Holubowski).
Parmi les temps forts de la soirée, il y a Les 100 000 façons de tuer un homme d’Émile Bilodeau. À 23 ans, ce chanteur dégage une chaleur et une aisance qui n’est pas sans rappeler un certain Paul Piché. Ce n’est pas rien ! L’harmoniciste Pierre Parent a lui aussi touché le public droit au coeur avec Bozo. Dès les premières notes, c’est toute une vague d’émotion qui a traversé la salle. Quelle bonne idée d’avoir invité ce musicien ! Et puis, Ce matin-là ou Le p’tit bonheur, avec Marie-Denise, c’est le grand bonheur ! La voix est si belle et souple ! Diction toujours excellente, rigueur et chaleur humaine. On sent qu’elle porte Félix dans son coeur.
Quand le chef se met à chanter…
Quant à Simon Leclerc, il est allé jusqu’à chanter Moi, mes souliers, tout en dirigeant l’orchestre. Sympathique ! Il faut dire qu’il a déjà été choriste pop, entre autres, pour Céline Dion. Pouvoir compter sur cet artiste qui tout en ayant une formation classique a une véritable passion pour la chanson et la musique pop est très précieux ! Il contribue depuis des années à ajouter des lettres de noblesse à la chanson québécoise.
D’ailleurs, ce concert donne suite à l’album Héritage, pour lequel Simon Leclerc signe les arrangements. On y retrouve presque tous les invités de la soirée. D’ailleurs, Lydia Képinski interprétait L’an 1 sur ce disque paru l’an dernier et aujourd’hui encore elle a besoin d’un texte sur un lutrin pour se souvenir des paroles de sa seule prestation de la soirée. Regrettable !
Cela dit, on aurait pu profiter de l’orgue de la Maison symphonique pour reprendre Mon fils, gigantesque chanson que l’on n’entend plus. On peut aussi s’interroger sur la décision de ne pas avoir réuni tous les invités pour interpréter la magistrale Le tour de l’île, confiée à Marie-Élaine Thibert qui oublie même quelques mots en ce soir de première. Heureusement, on termine avec tout le groupe qui propulse Le train du nord avec aplomb. On quitte la salle en fredonnant «Tchou Tchou». Quel rassembleur ce Félix !
Hommage à Félix Leclerc
Orchestre symphonique de Montréal
Simon Leclerc, chef associé de la série OSM Pop
Avec : Élémo, Émile Bilodeau, Lou-Adriane Cassidy, Éric Charland, Sam Harvey, Matt Holubowski, Lydia Képinski, Charles Landry, Salomé Leclerc, Mon Doux Saigneur
Et la participation de : Marie Denise Pelletier et Marie-Élaine Thibert
Pierre Parent, à l’harmonica
Maison symphonique, les 13 et 14 novembre à 20h.