Dès que James Blunt est apparu seul sur scène, guitare à la main, dans le cadre de sa tournée soulignant les 20 ans de Back to Bedlam, la magie a opéré. Dans la vaste salle de la Place Bell, c’est une atmosphère presque intime qui s’est installée, comme un murmure collectif d’émotions.
Autour de moi, un public composé majoritairement de couples de la vingtaine à la quarantaine semblait vivre une véritable sortie romantique. Baisers discrets, caresses furtives, regards complices : la musique de Blunt agit comme un baume amoureux. Il faut dire que ce ténor de la pop sentimentale touche droit au cœur avec sa voix expressive, parfois plaintive, qui semble chanter la fragilité de l’âme humaine.
Accompagné de quatre musiciens et d’un jeu de lumières sobre, James Blunt s’est présenté sans artifice : pas d’écran géant, aucun effet tape-à-l’œil. Un simple t-shirt blanc, un jean, une présence authentique et des chansons inoubliables comme You’re Beautiful dont le vidéo ne laisse pas indifférent, puis, Carry You Home, Monsters, et les autres.
Cette simplicité désarmante est une signature qui rend le chanteur dès plus attachant. En plus de sa voix singulière – aérienne, douce, parfois proche du falsetto – il sait charmer le public avec son humour pince-sans-rire et son auto-dérision s’exprimant en anglais avec quelques incursions en français.
Il y a vingt ans, Blunt foulait timidement la scène du Café Campus à Montréal devant une trentaine de curieux. Aujourd’hui, il remplit des salles de par le monde, preuve d’une carrière internationale bien ancrée, notamment au Québec, qu’il a visité plus d’une dizaine de fois.
À 51 ans, il conserve une allure de trentenaire, énergique et léger. Il court, saute, grimpe sur le piano sur lequel il jouera No Bravery, et manie aussi bien la guitare que le ukulélé, comme sur la magnifique Postcards.
I’m sending postcards from my heart
With love for a postmark and then..
Chaque chanson, qu’elle soit tirée de Back to Bedlam ou de ses albums plus récents, est accueillie avec ferveur par la foule, la lumière du cellulaire parfois allumée, les gens chantent souvent à l’unisson. Il partage également l’histoire derrière certaines pièces, comme l’anecdote cocasse qui a inspiré Billy, déclenchant les rires du public.

James Blunt, père de deux enfants, tout le contraire du cliché du bad boy, incarne la douceur, la tendresse, et une forme de vulnérabilité assumée. Son concert est une ode à la simplicité, à l’émotion brute, sans détours.
Cela dit, on ne peut s’empêcher de penser que ce rendez-vous musical aurait été encore plus saisissant dans un lieu plus intime, à échelle humaine – un théâtre ou une salle à dimension réduite où sa voix et sa présence pourraient résonner encore plus profondément.
Avis aux gens de la région de Québec : il sera de passage ce soir, le 14 juin, à l’Agora du Port de Québec.
Photos : Sébastien Jetté































































