Lundi 28 novembre, Jean-Pierre Ferland a donné rendez-vous aux siens, dans une magnifique Auberge du Vieux Port de Montréal, pour y célébrer le lancement de son dernier album, « Chansons jalouses ».
À 82 ans et pour la première fois de sa carrière, Jean-Pierre Ferland, interprète les chansons de ses pairs, Félix Leclerc, Éric Lapointe, Gilles Vigneault, Léo Ferré, Diane Tell, Robert Charlebois, Michel Rivard, Claude Dubois et Jacques Brel. « Si Jean-Pierre Ferland est jaloux de ma chanson, « Mon Ange », moi, je suis jaloux de toute son œuvre. Il m’a énormément inspiré et touché », confie Éric Lapointe venu féliciter son ami.
Les Arts Zé a également eu la chance d’assister à cet événement. Jean-Pierre Ferland a accepté de répondre à nos questions. La rencontre d’un homme attachant, généreux, gai et d’une grande humilité.
Marine: Comment a germé l’idée de l’album, « Chansons jalouses »? Y pensiez-vous depuis longtemps?
Jean-Pierre: J’étais en train d’écrire ma comédie musicale « La femme du roi ». J’étais au stade de l’écriture et je m’ennuyais de chanter. À un moment donné je me suis dit : J’ai envie de chanter, mon corps en a besoin. Mais je ne voulais pas écrire parce que j’écrivais déjà ma comédie musicale et je commençais à avoir mal au bras. Je voulais arrêter d’écrire et chanter. Tout à coup, il m’est venu l’idée de chanter les chansons que j’aurais voulu écrire dans ma vie, quelque part. Alors j’ai décidé de le faire.
Marine: Un peu comme votre parcours, l’album « Chansons jalouses » débute avec « Bozo » ou les « Bozos ». Est-ce une coïncidence?
Jean-Pierre: Pour l’album, j’ai rencontré un gars, André Leclair, qui lui, est un réalisateur de disque, un ingénieur du son, il possède un studio, c’est un musicien – il joue du piano -, un arrangeur. Je lui ai dit : Viens, on va faire un petit essai ensemble. Alors on a commencé avec une chanson, la chanson de Félix Leclerc, « Bozo ». Parce qu’avec Félix, nous étions très proches. On n’avait pas le même âge mais nous étions très proches. Quand j’ai commencé la musique, on avait créé une boîte qui s’appelait « Les Bozos » avec Clémence Desrochers, Raymond Lévesque, Claude Léveillée et d’autres encore… En plus de ça, Félix, avait enregistré une de mes chansons, « Ton visage ». Il l’a enregistrée et il a même changé des paroles mais ça m’était égal! Il a été très inspirant et en plus de ça, c’était un bon homme. Un homme avec un cœur énorme. C’était aussi un homme très secret. Quand j’allais le voir, je l’appelais longtemps en avance. Je lui disais je viens dans deux semaines. Il me disait : viens-t’en, viens-t’en! Et quand je repartais, il me faisait toujours un cadeau : un pot de confiture!
Marine: Les chansons que vous interprétez dans cet album sont des chansons déjà bien connues. Comment les avez-vous choisies?
Jean-Pierre: D’abord parce que j’aime ces chansons. Le monde les aime aussi et puis j’ai voulu les chanter à ma façon, avec mon phrasé. Le phrasé d’un auteur-compositeur n’est pas le même qu’un phrasé de chanteur. Moi, j’ai repris leurs chansons et les ai « phrasées » et chantées, à ma façon. Il s’agissait de leur rendre hommage et de me régaler aussi.
Marine: L’album, « Chansons jalouses », prend fin avec votre chanson, « La Musique ». Dans cette chanson, on retrouve ces paroles : « Elle [la musique] m’a sauvé la vie » et « quand je joue, je ne suis plus aux femmes, je suis aux oiseaux ». Est-ce qu’il y a, pour vous, une hiérarchie : la musique avant les femmes?
Jean-Pierre: Oh mon Dieu! Je ne vis que pour l’amour et n’écris que pour les femmes. Il y a des gars qui voudraient écrire pour les femmes alors ils se servent de mes chansons pour faire la cour à leur femme. [Rires] J’ai mis cette chanson-là en dernier parce que le message c’est un peu : je suis jaloux des belles chansons que vous avez écrites mais maintenant, je vais chanter une de mes chansons et j’aurais été jaloux si c’est vous qui l’aviez écrite avant moi!
Marine: Le fil rouge de votre album est sans doute l’amour des femmes et de la musique mais vous avez également choisi d’interpréter « Est-ce ainsi que les hommes vivent? » (Léo Ferré, Aragon) et « Si Dieu existe encore » (Claude Dubois). On rencontre, dans ces deux chansons-là, l’homme dans son désemparement ou sa fragilité. Vous sentez-vous parfois désemparé?
Jean-Pierre: Pas vraiment. La vie m’aime… elle m’aime beaucoup. Et moi aussi, je l’aime autant. Je suis tellement satisfait, je suis l’être le plus heureux et le plus chanceux du monde! Je chante. Les gens m’aiment. Les femmes m’aiment. Je suis comblé! Toutes mes chansons sont des chansons d’amour et toutes les chansons d’amour sont des chansons engagées. Et moi, je ne vis que pour l’amour. C’est la chose que j’aime le plus au monde.
©Photo : Adrien Python