Le Festival Bach se terminait ces jours-ci avec le chef d’oeuvre absolu de la musique chorale religieuse de cette époque soit la Messe en si mineur de Jean Sébastien Bach. Kent Nagano dirigeait l’orchestre. Le splendide duo du Domine Deus avec la voix incomparable de Julian Prégardien et de la soprano Yeree Suh (en remplacement d’Hélène Guillemette), puis les solos d’airs magnifiques de Prégardien tel le Benedictus accompagné à la flûte par Timothy Hutchins, resteront des moments qui ont illuminé la soirée (comme les contributions de Andrew Wan premier violon et Théodore Baskins au hautbois). Habituellement, sur les enregistrements nombreux de l’œuvre, on compte de 25 à 27 épisodes musicaux dont 6 airs solistes, 3 duos et 16 épisodes au minimum avec prépondérance des choeurs mis en évidence et, sur le plan des prestations, largement mis à l’épreuve… La Messe est une œuvre hétérogène dont la partie la plus ancienne, le Sanctus (composé en 1724 et, au concert du 4 décembre, hélas la moins maîtrisée parmi toutes) jouxte d’autres épisodes tardifs créés par Bach jusqu’en 1749, année qui précède son décès.
C’est parfois tout à fait une pièce de virtuosité pour chœur…et durant près de deux heures exigeantes en recueillement. La préparation minutieuse des choeurs est donc essentielle et surtout leur élargissement à des voix mûres aux timbres riches. On a beau faire pivoter les pupitres des tessitures pour amuser le parterre, toute volonté de réussite lorsqu’on entreprend de monter cette messe avec les meilleures éditions et partitions exactes de l’œuvre- car depuis quarante ans les études génétiques entourant la Messe au programme ont beaucoup évolué- tout dépend des heures consacrées à la répétition.
Andrew Megill, chef de chœur, est arrivé aux derniers instants du rideau pour profiter des applaudissements généreux du public montréalais. L’exécution achevée, sur scène, M. Megill, semblait perplexe : il doit savoir pourquoi, car il arborait une mine patibulaire absolument sans sourire. On trouvera chez Brillant Classics un enregistrement du 3 juin 1997 avec Christoph Prégardien, ténor, Gloria Banditelli contralto, deux soprani Roberta Invernizzi et Lynne Dawson, enfin la basse Klaus Mertens avec le Chœur de la radio suisse à Lugano sur deux disques compacts (94050/107). C’est l’étalon de la suprême réussite. Parlant de réussite et de persévérance, le récital de l’altiste Nils Mönkemeyer, lundi 3 décembre à la Salle Bourgie, mais encore bien davantage Yo Yo Ma, violoncelliste culte, prévu dans les six suites pour violoncelle vendredi soir 7 décembre auront finalisé un indispensable Festival Bach pour les Montréalais voulant connaître ou renouer avec cette extraordinaire époque où Antonio Vivaldi, Georg Friedrich Haendel, Jean Sébastien Bach, François Couperin, Jean Philippe Rameau et le dernier mais non le moindre Domenico Scarlatti (545 sublimes sonates pour clavier bien tempéré!) ont légué au monde musical des trésors par la suite inégalés dans l’histoire de la musique. Carpe diem!






























































