Près de 60 ans après avoir fait fureur avec Le Ya Ya qu’on danse encore aujourd’hui, Joël Denis lance un album dont il signe lui-même plusieurs chansons. L’artiste âgé de 86 ans a d’ailleurs présenté ses nouvelles pièces, au cabaret le Lion d’Or, lors d’une soirée où il a aussi répondu aux questions de son ami Denis Lévesque. Entouré de sept musiciens, le chanteur a offert un spectacle de près d’une heure et demie, en alternant des tempos rythmés et des ballades, dont une qui est dédiée à ses défunts amis de l’époque de Jeunesse d’aujourd’hui.
Toujours mince et bien droit, à un mois jour pour jour de ses 87 ans, Joël Denis, de son vrai nom Denis Laplante, ouvre le bal avec une version française d’un tube des Gypsy Kings, histoire de nous montrer que papi a encore la flamme! Bamboleo devient On a des hauts, on a des bas, pour cet éternel fantaisiste qui a fait sienne cette rumba flamenca depuis plus de 30 ans.
Après tant d’années d’une carrière marquée par l’immense succès de l’émission Les Tannants avec Shirley Théroux et le regretté Pierre Marcotte, pourquoi Joël est-il de retour, lui demande l’intervieweur. «Je carbure à la passion», répond le vétéran qui confesse avoir parfois de la difficulté à vivre le moment présent et penser un peu trop à la mort. C’est dans cet esprit qu’il a cherché un certain apaisement en écrivant les paroles et la musique de Ne t’en fais pas avec la vie, chanson-titre d’un disque d’une trentaine de minutes, où il reprend aussi Ma fleur sauvage, une adaptation française d’une pièce de Gordon Lightfoot.
Denis Lévesque, lui-même auteur-compositeur-interprète, vante les qualités mélodiques et la diversité des rythmes des nouveaux morceaux de Joël Denis dont Choeur de porcelaine, Passe le temps et Le Bonheur. Du même souffle, le sexagénaire souligne son admiration pour «ceux qui ont inventé notre télévision», en rappelant le plaisir qu’il a eu à recevoir Joël Denis et plusieurs autres pionniers du petit écran québécois, durant de nombreuses années, à l’émission Denis Lévesque à TVA et LCN.
Les années Jeunesse
Lévesque tente alors de savoir comment son interlocuteur vivait la célébrité auprès des jeunes filles, durant les effervescentes années 1960. Sans amertume, le chanteur se souvient que les admiratrices n’avaient d’yeux que pour Pierre Lalonde. Plus encore, «je ne suis pas un bon cruiser», confesse-t-il, avant d’ajouter d’un air moqueur: «d’ailleurs, en ce moment, je suis célibataire.»
Côté professionnel, a-t-il des regrets? «J’ai longtemps manqué de discipline et je ne suis jamais content!», résume-t-il, tout en rappelant avoir été heureux dans le domaine du show-business. D’ailleurs, cet homme de coeur s’attriste qu’on laisse partir de nombreux artistes de sa génération sans leur rendre les hommages qu’ils méritent. C’est ce qui lui a inspiré Ils sont partis, la chanson la plus touchante de ce nouvel opus.
Enfin, si Joël Denis a la voix parfois éteinte lorsqu’il parle, il retrouve en chantant une bonne part de son énergie d’antan. Au grand plaisir du public, il reprend d’ailleurs, en fin de soirée, son incontournable Le Ya Ya, suivie de son deuxième plus grand succès en carrière Hey! Hey! Lolita, avec des cuivres comme sur la version originale! De coups de hanches en pas de danse, l’octogénaire toujours pince-sans-rire annonce qu’il aura besoin d’Antiphlogistine!
Joël Denis / Ne t’en fais pas avec la vie
Producteur : La société des trois, 2023
-Ne t’en fais pas avec la vie
-On s’amourache
-Choeur de porcelaine
-Passe le temps
-Ils sont partis
-Citronnier
-Ma fleur sauvage
-Le bonheur
-Ne t’en fais pas avec la vie (reprise)
Photos : Armand Martel