Un départ sur les chapeaux de roues pour les célébrations montréalaises du 100e anniversaire de l’auteur de Sur la route, Jack Kerouac, légendaire écrivain américain né de parents québécois. L’Espace libre était rempli pour la première représentation du cabaret-spectacle Kerouac, 100 ans sur la go! , animé par Didier Lucien et Évelyne Rompré.
Parmi les nombreux invités, Ariane Moffatt est venue présenter une nouvelle chanson reprenant des extraits de textes du poète dont La nuit est ma femme. Cette commémoration festive se poursuit durant trois fins de semaine avec plusieurs activités offertes aussi en journée, alors que les mots de Kerouac seront retraduits avec le concours du public.
Redécouvrir l’idole de la «Beat generation»
Né Jean-Louis Kérouac, à Lowell au Massachusetts en 1922, l’écrivain a souvent répété qu’il n’avait pas parlé un mot d’anglais jusqu’à l’âge de six ans, dans sa famille canadienne française déménagée en Nouvelle Angleterre. Après quelques décennies d’assimilation anglophone, l’artiste révèle dans un texte, en 1951, qu’il rêve d’écrire directement en français: «L’ouvrage de ma vie serait écrit dans la langue que j’ai commencez la vie avec… » Il se lance aussitôt dans l’entreprise, mais au bout d’une page ou deux, il se fatigue et s’arrête, incapable de tenir ce pari… (Réf.: Biron, M. (2016). Compte rendu de [Kerouac et nous]. L’Inconvénient, (66), 41–43.)
Résultat, ses oeuvres les plus connues, dont Sur la route, ont été traduites en France dans une langue qui, de l’avis de plusieurs, dénature l’esprit de l’auteur. Avec l’argot parigot, la bagnole occupe la place du char et le mot putain devient l’injure ultime, ce qui ne reflète pas nécessairement l’anglais malpoli que tricotait l’écrivain iconique de la «Beat generation» (un mouvement littéraire et artistique né dans les années 1950 aux États-Unis).
C’est pourquoi le dramaturge franco-ontarien Jean-Marc Dalpé et ses acolytes, Daniel Brière, Alexis Martin et Guillaume Martel LaSalle ont créé ce projet pour amener les francophones d’Amérique à se réapproprier Kerouac.
Retraduire Kerouac
En journée, l’Espace libre ouvre ses portes au public pour une exposition inspirée de l’univers kerouaquien. On peut aussi visionner une série de courts-métrages et assister, en direct, à la diffusion de la station radiophonique CJAK.
Un atelier participatif de traduction se déroule dans la salle principale où les visiteurs sont incités à traduire des bouts de texte de Kerouac. Une authentique presse d’imprimerie in situ chauffe l’atmosphère. Il faut ici rappeler que le père de Kerouac, originaire de Rivière-du-Loup, était imprimeur. Jacques L’Heureux et Salomé Leclerc sont les animateurs de l’atelier de traduction-imprimerie.
De nouveaux invités à chaque spectacle
Quant au cabaret-spectacle en hommage à Kerouac, il fera place à de nouveaux invités à chaque soir.
En ce vendredi inaugural, en plus d’Ariane Moffatt, on a eu droit à des numéros de rap, un solo de sax et même des extraits de l’opéra La nuit est ma femme de Mathilde Côté avec, entre autres, la mezzo-soprano, Rose Naggar-Tremblay.
Parmi les temps forts de la soirée, deux comédiens sont venus interpréter l’entrevue accordée en français par Jack Kerouac à Fernand Séguin, en 1967, dans le cadre de l’émission Le sel de la semaine, à Radio-Canada. On se souviendra que l’écrivain s’exprimait alors dans un franglais devant lequel des spectateurs n’ont pu s’empêcher de rire. On peut d’ailleurs voir l’original de cette entrevue, ici.
D’ici le 6 mai, plusieurs invités prendront part à ce cabaret-spectacle, dont: Marie-Pierre Arthur, Joe Bocan, Daniel Brière, Jean-Paul Daoust, Evelyne de la Chenelière, Joane Hétu, Alexis Martin, Jérôme Minière, Pascale Montpetit et Danielle Proulx.
Le tout est présenté avec l’orchestre maison du cabaret: Fabienne Lucet (piano et direction musicale), Mélanie Bélair (violon), Charles Duquette (batterie) et Érik West Millette (contrebasse).
Kerouac, 100 ans sur la go!
À l’Espace Libre, les 22, 28 et 29 avril, ainsi que les 5 et 6 mai. Détails
Le déambulatoire (gratuit pour les jeunes de 14 ans et moins accompagnés d’un adulte) est offert les 22, 23, 28, 29 et 30 avril, ainsi que les 5, 6 et 7 mai. Détails
Enfin, ce projet en hommage à Kerouac sera intégré au Carrefour international de théâtre qui débute à la fin de mai à Québec. Détails
*Photo d’accueil : Didier Lucien et Évelyne Rompré, animateurs du cabaret-spectacle à Montréal
Crédit: Marc-Yvan Coulombe