C’est à la blague que Neev compare sa première médiatique à l’Olympia cette semaine devant sa famille et ses amis, à sa bar-mitsva, cette cérémonie qui célèbre la majorité religieuse du jeune juif. Normalement célébrée à 13 ans, Neev devient plutôt un homme à… 38 ans.
En effet, il a en du métier. Près de 15 ans. Pas moins de 4000 présences sur scène, six ans à faire la première partie de Louis-José Houde entre autres; c’est seulement en 2024 qu’il part en tournée avec son tout premier one-man-show Pas besoin d’ajouter la sauce.
En fait, il était prêt il y a quatre ans, plus précisément en mars 2020, il avait rodé tout son matériel, mais… mars 2020… pandémie. Et puis il était prêt il y a quelques semaines et, très mauvaise nouvelle, c’est sur son cellulaire qu’il a lu la débâcle de Juste Pour Rire, son producteur, qu’il a vu son nom dans le dit-article, et que son monde est parti en vrille. Avec ses gérants, Gisèle et François, il a dû racheter ses droits, pour au moins livrer ses premières et il verra s’il continue seul ou s’associe à un nouveau producteur pour la suite.
Un enfant des années 80-90
Très rapidement, Neev inclut son public dans la discussion et tous se sentent impliqués, qu’on soit « pur laine » ou non. Avec une nostalgie ironique, l’humoriste nous parle de sa jeunesse, ses jouets, ses bonbons et comment son père le laissait seul au parc, en autant qu’il revienne avant le coucher du soleil. Oh que les temps ont changé ! Il y quand même certaines choses qui ont évolué pour le mieux. L’internet et le café entre autres. Quoi que…
Pumpkin spice latté… Qu’est-ce que l’automne a à voir avec mon réveil ? C’est le mois de novembre, j’ai envie de me pendre, mets pas ça dans une tasse !
Une spécialité langagière
Neev s’amuse avec les accents, et il excelle. Il a grandi avec tant de nationalités au collège, il les respecte, il les comprend et n’en fait jamais une caricature. Son segment sur la radio latine ou haïtienne – commanditée par la Perle des Antilles – est hilarant. Il faudrait baisser le son de fond par contre, car chaque mot mérite d’être entendu. Et il n’épargne pas le québécois. Ou plutôt le joual. Sa tirade sur nos expressions contractées est tout aussi drôle. Les m’ment d’né, ‘tends peu, ga ben, ben ga et le oooooooooouais y passent tous. Tordant.
Juif ET arabe
Tout son propos est teinté de ses origines, et c’est parfait ainsi. Très rafraîchissant, il fait plaisir de découvrir cet homme extrêmement sympathique qu’on connaît très peu malgré son long parcours. Il est juif et arabe, ça suscite plusieurs réactions. La classique : sont pas supposés s’haïr ce monde-là ? Neev effleure les stéréotypes avec lesquels il doit composer au quotidien. Il y en a plein. Entre autres : les juifs dominent le monde…
On est 8 milliards sur terre, il y a 16 millions de juifs. Ça représente 0,2% de la population mondiale. C’est pas beaucoup. Pour donner une échelle, au Québec on est 8 millions, c’est comme si le Québec était contrôlé, dominé, géré par… Sorel ! Tu vois bien que ça se peut pas !
Les soupers familiaux au Pacini, comment il a finalement adopté avec passion le sapin de Noël, son voyage au Maroc; toutes ses anecdotes d’immigrant juif-arabe sont savoureusement cocasses. S’il y a une chose qu’il n’a pas respecté de ses origines, c’est son prénom, Neev. Ou plutôt Murmure en hébreu. L’humoriste est loin de se taire, et on espère qu’il continuera ainsi longtemps. En vieillissant, il réalise qu’on lui a souvent demandé de ne porter qu’un chapeau : « Es-tu marocain ? Es-tu juif ? Québécois ? Gros ? Drôle ? Réfléchi ? Je suis tout ça en même temps et c’est en masse ! » Oui, il est juste assez épicé, alors non, pas besoin d’ajouter la sauce.
Les artistes présents lors de la première médiatique à l’Olympia :