La légende de La Corriveau gravée dans l’imaginaire québécois depuis plus de 250 ans renaît sous forme de théâtre musical, avec huit interprètes dont Jade Bruneau dans le rôle-titre, aux côtés, notamment, de Jean Maheux, Renaud Paradis et Frédérike Bédard. Développé en partenariat avec le Centre culturel Desjardins de Joliette, le Théâtre le Patriote de Ste-Agathe-des-Monts, ainsi que Le Carré 150 de Victoriaville, le spectacle sera présenté dans ces trois salles au cours de l’été.
Chansons originales
Le pilier de cette aventure, c’est Jade Bruneau qu’on a pu voir, entre autres, dans les spectacles musicaux Demain matin Montréal m’attend et Belles-Soeurs. Cette fois-ci, elle se lance dans le plus gros projet de l’histoire de sa compagnie, le Théâtre de l’Oeil Ouvert, fondée en 2010.
Non seulement elle incarne le personnage central du spectacle, mais elle signe aussi la mise en scène de La Corriveau La Soif des Corbeaux. «Bien sûr, l’héroïne fait ses apparitions sur les planches, mais souvent les autres personnages parlent d’elle en son absence. Je ne suis donc pas sur scène du début à la fin.»
Mais comment concilier pareil double emploi ? «La première étape, c’est de trouver les bons comédiens et chanteurs. C’est fait ! Je suis en Cadillac !» En plus des noms déjà mentionnés, la distribution réunit : Frédérique Mousseau, Simon Fréchette-Daoust Simon Labelle-Ouimet et Karine Lagueux. «J’ai une brochette d’acteurs béton. Avec une telle équipe, le travail de mise en scène se fait tout naturellement.»
Et tout ce beau monde se raconte à travers 26 chansons de la compositrice Audrey Thériault. «Au moins vingt de ces pièces sont des vers d’oreille avec des mélodies fortes ! Tu entends ça une fois et ça ne te quitte plus !» Ballades, tango, musique électronique, rigodons, etc., tous ces univers cohabiteront grâce à trois multi-instrumentistes sous la direction de Marc-André Perron.
Comme on a pu le constater lors d’un extrait présenté aux journalistes, il y a des chansons, mais il y a aussi des moments où les artistes parlent, un peu comme au théâtre. Il n’y a pas de chorégraphie comme telle, mais les déplacements sont organisés en fonction des développements de l’histoire et au rythme des chansons.
Histoire revue et corrigée
Marie-Josephte Corriveau, née à Saint-Vallier (municipalité qui fait maintenant partie de la MRC de Bellechasse) en 1733, a été condamnée à mort pour le meurtre de son deuxième mari et pendue à Québec, en 1763. À cette époque, la Nouvelle-France, récemment conquise par la Grande-Bretagne, était administrée par l’armée britannique.
C’est d’ailleurs une cour martiale britannique qui a prononcé la condamnation de madame Corriveau, après qu’elle eût avoué avoir tué son époux à coups de hachette, pendant son sommeil. Les autorités militaires britanniques en place ordonnèrent de laisser le corps pourrir dans une « cage » de fer, à Pointe-Lévy. Ce sont là des faits reconnus historiquement, indépendamment des légendes inspirées par cet homicide.
La redécouverte de cette fameuse cage en 1851 dans le cimetière de l’église Saint-Joseph-de-la-Pointe-Levy inspira, au fil des ans, des romans, des contes fantastiques, etc. Plus récemment, Anne Hébert et Victor-Lévy Beaulieu se sont intéressé à la Corriveau qui a aussi fait l’objet de chansons interprétées, entre autres, par Pauline Julien et le groupe Mes Aïeux.
De leur côté, Geneviève Beaudet et Félix Léveillé ont écrit les textes de ce théâtre musical, en se laissant guider par l’autrice Catherine Ferland. Cette dernière et l’auteur Dave Corriveau ont publié, en 2014, un livre intitulé La Corriveau, de l’histoire à la légende. Madame Ferland estime que «l’histoire de Marie-Josephte Corriveau a été reprise et progressivement déformée, au point où il devient difficile de départager le vrai du faux.»
C’est dans cet esprit que Beaudet et Léveillé racontent leur histoire de La Corriveau. «…avec un recul de près de 260 ans, on ne peut que déduire que Marie-Josephte était fort probablement une femme victime de violence conjugale ayant voulu mettre un terme à sa souffrance et protéger ses enfants…»
À travers un jeu d’aller-retour entre notre époque et celle de ce personnage du 18e siècle, le livret du spectacle entend refléter certains éléments de notre actualité dont la violence conjugale. La Corriveau de Beaudet et Léveillé ne sera plus une meurtrière mais plutôt une victime, entre autres, de cette cour britannique qui l’a jugée après un procès dans une langue que l’accusée ne comprenait pas.
Malgré la gravité du sujet, la metteure en scène affirme que ce spectacle estival saura toucher le public avec, entre autres, des moments d’humour.
La Corriveau – la soif des corbeaux (théâtre musical)
Avec : Jade Bruneau, Jean Maheux, Renaud Paradis, Frédérike Bédard, Frédérique Mousseau, Simon Fréchette-Daoust, Simon Labelle-Ouimet et Karine Lagueux.
Et trois musiciens sous la direction de : Marc-André Perron
Du 7 au 23 juillet, à Joliette : Centre culturel Desjardins
Du 27 au 31 juillet, à Ste-Agathe-des-Monts : Théâtre le Patriote du 27 au 31 juillet –
Du 4 au 20 août, à Victoriaville : Le Carré 150
La photo des interprètes de La Corriveau La Soif des Corbeaux a été prise par Johanne Lussier