Ça faisait longtemps que je n’avais pas ri autant! Il faut absolument voir «La pièce qui tourne mal» au moins une fois dans sa vie. L’original, «The Play That Goes Wrong», a remporté le prix de la meilleure comédie à Londres, et c’est amplement mérité. L’adaptation des Productions Monarque, dans une traduction signée Normand Chouinard, vous garantit deux heures de rires ininterrompus.
L’histoire suit les aventures d’une troupe de théâtre amateur qui met en scène une pièce de «meurtres et mystères». Tout ce qui peut mal tourner arrivera, pour notre plus grand plaisir. Un imprévu après l’autre, des surprises que je ne peux pas révéler sans gâcher la magie. En résumé, c’est le désastre théâtral le plus parfaitement orchestré que l’on puisse voir.
Comme il s’agit d’une pièce dans la pièce, chaque comédien incarne deux rôles: celui de l’acteur fictif, et celui du personnage dans la pièce de meurtre et mystère. Heureusement, l’accent est mis sur ce second rôle, bien plus intéressant que les caricatures d’acteurs. Pour nous aider à distinguer les deux niveaux de jeu, l’«acteur» s’exprime dans un québécois bien marqué, tandis que le «personnage» adopte un accent plus soutenu, presque snob.
Pas besoin de réfléchir longtemps à chaque gag, tout est livré avec une simplicité assumée, souvent au premier degré. Et c’est tant mieux, car le rire est constant — on éclate de rire deux à trois fois par minute, parfois sans interruption. Celui qui m’accompagnait l’a bien résumé: «On met notre cerveau en mode écureuil et on se laisse aller dans la folie de la pièce».
Je dois l’avouer: j’ai vu la version originale à Londres… deux fois même! Et j’en avais ri aux larmes. Et bien, cette adaptation québécoise m’a fait le même effet. Ils ont cloué chaque détail de ce qui peut mal tourner sur une scène. C’est un feu roulant: humour physique délirant, catastrophes en cascade, imprévus improbables… et à chaque fois, ça surprend, ça fait rire, parfois aux éclats.
C’est tellement physique que Guillaume Lambert, qui incarnait le majordome, s’est littéralement brisé les deux pieds lors d’une chute sur scène. Il est remplacé par Stéphane Breton pendant sa convalescence. Chapeau bas: il a appris la partition en quelques jours à peine, sans que cela ne paraisse une seconde. On pourrait presque croire que les accidents font partie du spectacle — mais là, c’en était vraiment un!
Pierre-François Legendre a le beau rôle de la victime Charles, déjà mort (ou presque!) au début. Mais même allongé, il ne manque pas de nous faire rire à sa manière bien à lui.
Il y a aussi le meilleur ami de Charles, incarné par Rémi-Pierre Paquin, et l’inspecteur joué par Fabien Cloutier, qui tentent tant bien que mal de mener l’enquête… malgré une avalanche d’accidents avec le décor et les accessoires.

Louis Courchesne incarne deux rôles: le frère de la victime et le jardinier — tous deux joués par le même acteur fictif, Max. Ce dernier a un talent certain pour fracasser le quatrième mur à plusieurs reprises, déclenchant à chaque fois des éclats de rire dans la salle… et des applaudissements bien mérités.
Julie Ringuette, qui incarne la fiancée de Charles, déclenche à elle seule de nombreux rires… principalement grâce à son absence remarquée pendant une bonne partie du spectacle. Je ne peux pas en dire plus — il faudra voir par vous-même!
Une grande part du succès revient aux faux régisseurs, Olivia Palacci et Jonathan Roberge. Il est indispensable d’arriver au moins 15 minutes avant le début, car ils s’activent dès l’ouverture des portes, créant déjà l’ambiance et les premiers éclats de rire. Mention spéciale à Olivia Palacci, qui réalise un travail du tonnerre sur scène.

Non je n’ai pas oublié le chien Winston. On le voit au deuxième acte seulement, et c’est le genre d’animal que tout le monde aimerait ramener à la maison!
L’interprétation de l’ensemble de la distribution est si convaincante qu’on en oublie qu’il s’agit d’acteurs bien connus. Ce type de spectacle ne prend vie que parce que toute l’équipe met la main à la pâte, avec un excellent sens de l’autodérision.
Le dernier personnage incontournable de la pièce, c’est le décor. Wow, quelle merveille! On réalise vite que chaque détail, chaque élément a un seul but: déclencher le rire.
Mon seul regret, c’est de ne pas voir plus de jeunes s’intéresser à ce genre de spectacle. Mon fils, qui était dans la vingtaine quand nous avons vu la version originale, a tellement adoré qu’il voulait absolument revoir la pièce à Drummondville. C’est un spectacle qui plaira à tous les âges, avec des rires garantis du début à la fin!
Pour passer un moment vraiment agréable et rire sans modération, je recommande très chaudement «La pièce qui tourne mal». Ce spectacle devrait être prescrit par les médecins — garantie sans douleur, sauf peut-être à la rate!
Équipe de création
Production: Mario Provencher, André Robitaille
Auteurs: Henry Lewis, Jonathan Sayer, Henry Shields
Traduction: Normand Chouinard
Mise en scène originale: Mark Bell
Mise en scène locale: André Robitaille
Scénographie: Nigel Hook
Décors: Productions Yves Nicol
Costumes: Roberto Surace, Geneviève Fortin
Accessoires: Madelein St-Jacques
Maquillages: Véronique St-Germain
Coiffures: Sarah Tremblay
Éclairages: Ric Mountjoy
Sonorisation: Christian Barsalou
Chorégraphie de combats/Mouvements originaux: Dave Hearn
Distribution
Fabien Cloutier, Louis Courchesne, Pierre-François Legendre, Olivia Palacci, Rémi-Pierre Paquin, Julie Ringuette, Jonathan Roberge, Guillaume Lambert (temporairement remplacé par Stéphane Breton, en raison d’une blessure).
Maison des arts Desjardins de Drummondville (175 rue Ringuet, Drummondville)
Présenté en français du juillet au 10 août 2025.
Billets en vente (74$/40$ Étudiant) au https://monarqueproductions.com/spectacles/la-piece-qui-tourne-mal/
En tournée:
Montréal (TNM) du 18 au 27 juin 2026
Québec (Albert-Rousseau) du 10 au 26 juillet 2026
Gatineau (Odyssée) du 1 au 9 août 2026
Brossard (Manuvie) du 15 au 16 août 2026
Durée: 2h25 avec entracte
Photos: Émilie Lapointe































































