Au moment d’écrire ces lignes, le Concours Tchaïkovsky a entendu les concurrents essentiels de la finale avec orchestre et le choix est suffisamment clair et incontournable pour annoncer la venue sur la scène mondiale d’un très grand pianiste âgé de 22 ans, le Français 🔗 Alexandre Kantorow
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Ce garçon humble qui nous accueillait en vidéo en tenue de Denis Diderot, jadis, dans son jardin parisien en robe de chambre (peignoir), aura intelligemment conçu tous ses programmes de récitals en obéissant encore au diktat des exigences de première ronde. Il a donné le plus beau récital de seconde ronde avec la seconde sonate de Brahms opus 2 (le terminant alors avec le sixième nocturne de Fauré, quelle audace en concours!) et, en grande finale, il a caressé de son for intérieur la plus éclatante interprétation d’une oeuvre concertante de Tchaïkovsky (le second concerto).
Finalement, il aura offert, en dessert de ce régal musical, comme un grand maître allemand, avec le brio et le savoir-faire d’une immense maturité artistique le plus que difficile second concerto pour piano et orchestre de Johannes Brahms opus 83. Le Russe Alexey Melnikov qui a aussi bien joué tout le concours a eu en dernière ronde un rival sérieux en son compatriote Konstantin Emelyanov (méritoire d’un prix espérons-le) et il faut mentionner le jeu électrisant, en récital en tout cas, de Mao Fujita qui devrait recevoir aussi une distinction.
Mais, sans contredit, le premier grand prix, ne peut et ne doit être remis qu’à Alexandre Kantorow, inégalable par la qualité de son jeu, la maîtrise technique de son instrument, le savoir-faire artistique inné d’un égal aux jadis jeunes Maurizio Pollini, le regretté Ivan Moravec, éventuellement nous attendons de lui une aura unique à la Richter…évidemment la commande est à la mesure que notre distinction de ce talent peut-être unique dans l’histoire de l’interprétation musicale. La distance entre Kantorow et les autres concurrents était tellement immense dès l’épreuve de deuxième ronde lors de laquelle il offrit, en transcription survoltante, l’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky que notre premier réflexe de le comparer à son prédécesseur d’il y a quatre ans, le pianiste français Lucas Debargue, est une mésestime monumentale.
Sans rien lui enlever, Debargue n’avait, en mémoire et dans les doigts, aucun concerto avec orchestre à son répertoire. Les deux ont partagé les conseils et directives de la même professeure russe vivant en France. Cette année de la seizième édition du Concours Tchaïkovsky, Kantorow aura joué la plus ardue des compositions de programme en une séance qui deviendra un best-seller mondial du disque, jusqu’à râfler -je le croirais- tous les prix et distinctions…et pourquoi pas! J’écris tout ceci bien avant la déclaration des vainqueurs, tout comme on ne peut envisager que le soleil se lève subitement ailleurs qu’à l’Est. Vive encore la Russie de la haute culture!
Des noms de vainqueurs aux autres instruments seront entendus en direct lors du Gala prévu à Moscou et Saint-Petersbourg les 28 et 29 juin. Mais, de retour ici, devant nous, Montréalais mélomanes et Québécois festivaliers, ne ratons pas le 28 juillet prochain en un même soir au festival de Lanaudière les deux concertos de Brahms joués par Marc-André Hamelin avec l’Orchestre Métropolitain dirigé par un autre prodige (de la direction d’orchestre, cette fois) Yannick Nézet-Séguin. Ce sera aussi un très grand événement pianistique!






























































