Fred Pellerin retrouve le maestro Kent Nagano et l’OSM dans un nouveau conte symphonique intitulé La poste du paradis. Le conteur nous entraîne dans l’univers de la première postière de son village natal, Saint-Élie-de-Caxton. On y apprend que madame Alice Lavergne avait pris l’habitude de changer elle-même le contenu de certaines lettres des villageois, donnant ainsi lieu à des situations cocasses. Les différentes parties du conte se prolongent à travers des musiques de Debussy, Prokofiev, Mozart et même La Bolduc, interprétées par l’Orchestre symphonique de Montréal. Pendant ce temps, diverses projections sur une immense boule suspendue au plafond ajoutent à la magie de ce spectacle sans pareil.
Complicité renouvelée
D’entrée de jeu, le public accueille chaleureusement Kent Nagano de retour à Montréal spécialement pour perpétuer cette tradition initiée en 2011. Pellerin lui-même avait pratiquement fait son deuil des contes symphoniques, lorsque le contrat du maestro avec l’OSM s’est terminé en 2020. Mais, la fidélité du chef d’orchestre américain se traduit par un cinquième conte où le mariage des mots et de la musique est sans doute plus réussi que jamais. La complicité des deux artistes atteint un sommet lorsque les derniers souffles de la postière se fondent au poignant Cantus d’Arvo Pärt, pendant que des lettres tourbillonnent en projection sur la boule qui tient lieu de décor.
Dans une mise en scène de René Richard Cyr, le conteur s’exprime du côté gauche de la scène, durant toute la soirée. En général, le ton est léger et taquin; on rit de bon cœur. Mais, il n’en reste pas moins que ces histoires de deuil résonnent fort dans notre réalité pandémique. Devant l’absence et le vide, pourquoi ne pas écrire à ceux qui nous ont quitté, suggère la postière. N’est-ce pas une façon de les garder vivants en nous ? La poste du paradis apporte une dose de douceur plus que bienvenue en ces temps incertains.
Typiquement québécois
Toutes les grandes villes du monde présentent leurs classiques du temps des fêtes. Mais, réjouissons-nous de souligner que les contes symphoniques développés par le tandem Pellerin-Nagano sont des spectacles typiquement québécois ! Les mots de Pellerin, sa façon de raconter nous touchent au cœur en grande partie grâce à l’apport de Kent Nagano et de l’OSM qui renforcent les émotions véhiculées par le conteur, tout en maintenant le spectateur dans un univers féérique. Parmi les moments les plus joyeux de la soirée, il y a une enlevante Suite pour orchestre sur des airs traditionnels québécois, de Gilles Bellemare, où l’on entend entre autres une célèbre chanson de La Bolduc : C’est dans l’temps du jour de l’an. Quel bonheur d’écouter cette musique interprétée de si noble façon !
Donnant donnant
Visiblement heureux de retrouver Nagano, Pellerin rappelle que le chef d’orchestre lui avait offert les clés de la Maison symphonique pour marquer le début de leur collaboration, en 2011. En retour, dix ans plus tard, le célèbre Caxtonien remet la clé de son chalet au maestro, déclenchant l’hilarité générale dans la salle !
La poste du paradis à la télé
La poste du paradis, conte symphonique avec Fred Pellerin et l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Kent Nagano, mise en scène de René Richard Cyr, a été présenté à la Maison symphonique du 15 au 18 décembre 2021.
-À la radio, le 26 décembre, à 10 h sur ICI MUSIQUE
-À la télé, le 26 décembre à 20 h sur ICI TÉLÉ et le 27 décembre à 20 h sur ARTV.
Marc-Yvan Coulombe fait carrière en journalisme depuis une trentaine d’années dont près de 20 ans à CKAC, puis 9 ans à la salle des nouvelles de TVA. Son intérêt pour le domaine culturel l’a amené à voir des centaines de spectacles et à signer des reportages ici et à l’étranger, notamment, pour la première de Notre-Dame de Paris à Las Vegas et à Londres, ainsi que pour de nombreux spectacles du Cirque du soleil aux États-Unis et un concert historique de l’OSM au Carnegie Hall, en présence du célèbre compositeur grec Mikis Theodorakis. Le journaliste a aussi écrit plusieurs livres aux Éditions Québecor dont Les divas du Québec, publié des deux côtés de l’Atlantique et Oser la bonté, traduit en plusieurs langues. Passionné de musique, Marc-Yvan s’est construit l’une des plus imposantes collections privées de disques au Québec. En plus d’alimenter une chronique de disques dans notre magazine, où il réalise aussi des entrevues à la caméra avec des artistes de différents horizons, monsieur Coulombe est maintenant le directeur de l’information des ArtsZé.