Parlons d’abord des mérites de la pièce Consentement à l’affiche chez Duceppe. Ce texte de la Britannique Nina Raine, écrit tout juste avant que n’éclatent les premières dénonciations #MeToo, aborde des questions d’actualité avec des nuances souvent absentes des débats sur ces sujets. De plus, des comédiens de haut calibre incarnent ces jeunes trentenaires avocats et leurs proches. D’une part, le couple formé d’Edward (excellent David Savard), brillant plaideur et Kitty (Anne-Élisabeth Bossé) ne tardera pas à battre de l’aile à cause d’histoires d’infidélités conjugales.
C’est un peu le même scénario qui accable leurs amis Rachel (Véronique Côté) et Jake, joué par un Patrice Robitaille qui réussit à détendre l’atmosphère en soulevant à maintes reprises des éclats de rire dans la salle. Les tensions en place augmenteront néanmoins grandement lorsqu’une présumée victime de viol (Marie Bernier) se rendra chez Edward pour crier sa colère contre cet avocat responsable, selon elle, du fait qu’elle ait été déboutée. Enfin, une tournure dramatique apparemment irrémédiable s’installera après que ce même Edward eût présenté son collègue Tim (Mani Soleymanlou), procureur de la Couronne, à une amie, Zara, incarnée par Cynthia Wu-Maheux dont on perd malheureusement beaucoup de mots.
Vous aurez compris que ces nombreuses intrigues et sous-intrigues alourdissent le spectacle qui s’étire sur près de deux heures (sans entracte) durant lesquelles on remet en question le fonctionnement de l’appareil judiciaire qu’on accuse, notamment, de juger les tenues vestimentaires des victimes. De plus, à un certain moment, on voit apparaître, côté jardin, des chaises vides représentant vraisemblablement l’absence du jury à un procès qu’on devine inéquitable. Quant à la traduction de Fanny Britt, elle est efficace, mais fallait-il vraiment multiplier ainsi les «Va chier!» et «Fuck you»?
L’infidélité, un viol ?
Ajoutons que l’auteure avance l’idée que l’infidélité serait une forme de viol ! Enfin, si le texte soulève de nombreuses questions sans imposer clairement des réponses, la mise en scène, elle, revêt des allures de condamnation. En effet, la pièce se termine alors que Edward, trompé par sa conjointe, qui a voulu se venger de lui, se met à genoux pour implorer le pardon de celle qu’il avait lui-même trompée cinq ans plus tôt. Demander pardon serait donc le lot des hommes ?
Consentement
Texte: Nina Raine
Mise en scène: Frédéric Blanchette
Traduction: Fanny Britt
Avec: Marie Bernier, Anne-Élisabeth Bossé, Véronique Côté, Patrice Robitaille, David Savard, Mani Soleymanlou Cynthia Wu-Maheux.
Chez Duceppe jusqu’au 2 février