Dans une école secondaire classée parmi les plus médiocres, on organise une élection pour choisir un(e) représentant(e) étudiant(e). Jeanne (Élisabeth Smith), une adolescente en colère et le doux et angoissé Olivier (Gabriel Szabo) décident de se présenter, estimant pouvoir apporter des changements à leur milieu. Mais ils ne sont pas seuls dans la course et ils vont découvrir avec désolation quel argument procurera la victoire au gagnant…
Sérieux sans se prendre au sérieux
Les deux jeunes insatisfaits du monde qu’on leur laisse croiseront de nombreux personnages d’adultes désillusionnés, interprétés avec brio par Nathalie Claude et Gaétan Nadeau. Ce dernier incarne, entre autres, le directeur de l’école qui attend l’heure de la retraite et prend ses aises, un peu comme s’il était dans un tout inclus, comme le suggère fortement le décor. Nathalie Claude, elle, sera notamment une mère qui recommande à son fils de ne pas se poser des questions pour lesquelles on n’a pas de réponses. De leur côté, les jeunes clament l’urgence d’agir, entre autres, au niveau environnemental; ils plaident pour l’engagement citoyen et le devoir de résistance. Leurs interlocuteurs leurs parlent plutôt de confort, de retraite.
Ce dialogue intergénérationnel, tragico-comique, repose sur des répliques très rythmées qui déclenchent de fréquents éclats de rire, à tout moment, durant les 70 minutes de ce spectacle. Jeunes et moins jeunes ont de quoi se sentir concernés par ce texte percutant et bien ficelé de David Paquet. L’auteur dit avoir choisi comme titre Le poids des fourmis, après avoir découvert que toutes les fourmis de la planète ensemble représentent un poids supérieur à celui de tous les humains réunis. Autrement dit, même si nous sommes individuellement petits, notre mobilisation pourrait néanmoins avoir du poids.
Un décor qui parle
La mise en scène dynamique de Philippe Cyr est très bien servie par la scénographie d’Odile Gamache. On n’y trouve pas de référence à l’école, mais plutôt un îlot qui fait penser à un spa, illustrant une forme de paresse, dans un monde pollué. L’îlot est, en effet, entouré de balles qui pourraient symboliser une marée noire ou la pollution en général.
Brûlant d’actualité
« Le fait qu’on soit là change quelque chose », conviennent ces deux adolescents qui veulent sauver le monde. Le ton et le discours rappellent instantanément Greta Thunberg, la jeune militante suédoise pour la lutte contre le réchauffement climatique. David Paquet affirme pourtant qu’il ne connaissait pas encore Greta quand il a commencé à écrire sa pièce. Quoi qu’il en soit, Le poids des fourmis est un très bon spectacle qui aborde des sujets graves sans trop se prendre au sérieux et qui bénéficie d’époustouflants numéros d’acteurs. Plusieurs représentations sont complètes. On a toutefois ajouté une supplémentaire, le 5 décembre.
Le poids des fourmis
Texte : David Paquet
Mise en scène : Philippe Cyr
Scénographie : Odile Gamache
Avec : Nathalie Claude, Gaétan Nadeau, Élisabeth Smith et Gabriel Szabo.
À la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, jusqu’au 7 décembre mains réunis. »