Dix ans après Rouge gueule, Étienne Lepage fait à nouveau équipe avec le metteur en scène Claude Poissant, pour sa nouvelle pièce Le ravissement, un mot qui peut signifier un sentiment provoqué par une joie intense, ou alors un enlèvement brutal. L’auteur semble nous convier à une réflexion sur les défis de l’émancipation d’une jeune femme d’aujourd’hui. Il est toutefois difficile de s’attacher à son héroïne, incarnée par Laetitia Isambert, tellement ce personnage est flou !
Sur un plateau où le noir fait contrepoids à un mur pâle et incliné, la discrète Arielle s’amène. Elle a 18 ans aujourd’hui et sa mère est heureuse de célébrer son anniversaire pour lequel de nombreux invités sont attendus. Mais, Arielle, maintenant majeure, a plutôt décidé de sortir. Pas question de remettre ça à plus tard ! La maman, bouillante Nathalie Mallette, s’emporte et chasse sa fille du domicile familial !
Refuser d’être présente à une célébration de son anniversaire; c’est là le faible point de départ de ce texte qui tente de faire d’Arielle une victime qu’on empêche d’être elle-même. Pourtant, c’est bien elle qui prend ses décisions, mais elle ne semble pas savoir ce qu’elle veut et cela irrite son entourage. C’est ainsi que le soir de son anniversaire, elle fait faux bond à sa mère et se rend chez son amoureux, où elle ne se sent pas bien non plus. Que veut-elle exactement demande-t-il ? Elle ne sait pas. Le ton montera et elle en arrivera à essuyer ses chaussures sur lui étendu au sol, posant même son pied pour écraser la joue du jeune homme ! Imaginez si c’était l’amoureux frustré qui avait imposé cela à sa douce ! On peut penser que la pièce aurait été retirée de l’affiche. Cela dit, difficile pour Landry-Désy de se démarquer avec son personnage dont on ne sait à peu près rien et qui n’existe que par rapport à Arielle.
Cette dernière choisit aussi de se rendre au bureau de son patron. Après s’être montrée ouverte à ses avances, elle accepte un collier en cadeau et s’enfuit. Frustré, le chef d’entreprise caricatural à souhait, qui exige l’obéissance, décide de la faire assassiner, rien de moins ! Étienne Pilon arrive à insuffler une certaine crédibilité à ce personnage arrogant, condamné d’emblée par l’auteur. De son côté, Reda Guerinik hérite du sombre rôle du tueur embauché pour éliminer la pauvre fille ! Quant à Laetitia Isambert, qui s’est maintes fois distinguée au petit écran, en plus d’être chanteuse, on ne peut que lui souhaiter des rôles à la hauteur de ses talents, ce qui n’est pas le cas ici. Même le lumineux Claude Poissant n’arrive pas à rendre intéressante cette histoire à la fois floue et prévisible.
Le ravissement
Texte : Étienne Lepage
Mise en scène : Claude Poissant
Avec : Laetitia Isambert, Simon Landry-Désy, Nathalie Mallette, Etienne Pilon et Reda Guerinik,
Au Quat’Sous, jusqu’au 16 novembre