Voici de retour à Québec un opéra d’envergure en salle au Grand Théâtre avec public; un pari tout à fait réussi. Au lever du rideau, on découvre et on est séduit immédiatement par le décor : une place méditerranéenne chaleureuse et bien éclairée. Une agréable maison de campagne en hauteur, de beaux arbres, une jolie fontaine, un ciel ravissant. Ça promet.
Tout au long de l’opéra, cet espace sera bien utilisé par les protagonistes et le chœur de l’Opéra de Québec. Les déplacements des personnages et le jeu durant les nombreux tableaux de l’œuvre lyrique sont fort appropriés et justifiés. Bravo à Alain Gauthier, auteur de la mise en scène.
Au plan artistique, le casting des chanteurs et chanteuses est adéquat et entièrement réussi. Toutes et tous sont à la bonne place, tant pour leurs voix que pour leur jeu théâtral. Il n’y a pas de faiblesse et de contre-emploi.
Relevons les voix les plus marquantes de cette production. Adina, la riche fermière dont on se dispute l’amour entre le militaire de carrière Belcore et le paysan Nemorino, est interprétée par la soprano Catherine St-Arnaud. Sa voix, ses notes aiguës, sa tessiture, son jeu, sa finesse, sont remarquables. Elle nous touche, nous émeut considérablement. Il en est de même pour le jeune ténor français Julien Dran qui joue Nemorino. Un rôle, une présence exigeante vocalement mais comment dire à quel point, il nous rejoint par son talent et l’émotion qu’il nous communique. Son fameux air : Una furtiva lagrima est si bien rendu.
Hugo Laporte dans le rôle de Belcore, militaire de carrière, brille par son jeu adéquat et bien assumé. Ce prétentieux prétendant est chanté et interprété parfaitement par notre baryton de Québec. Mentionnons aussi la magnifique présence et les grandes qualités vocales de Julien Véronèse, un baryton-basse français qui nous amuse et nous éblouit dans son rôle de Dulcamara, un médecin ambulant qui méduse tout le monde avec sa potion, son philtre d’amour en bouteille.
Le chœur de l’Opéra de Québec, dirigé par Réal Toupin, bien placé scéniquement, est impeccable dans son utilisation théâtrale et ses interventions musicales. L’Orchestre symphonique de Québec sous la baguette magistrale et habile de Jean-Michel Malouf offre une exécution formidable musicalement, toute en nuances et en force. D’ailleurs, il faut dire que la musique créée par Donizetti est belle, agréable et intéressante. Il avait du savoir-faire cet Italien.
Cet opéra à l’affiche cette semaine s’avère une réussite sur tous les plans. L’intrigue simple se veut haute en couleurs, émouvante, rigolote et divertissante. Et le public présent a offert aux artistes et concepteurs de l’événement des bravos et des applaudissements chaleureux et bien soutenus.
Alors, en conclusion, oui, l’amour, toujours l’amour mais bien chanté, bien joué qui fait un grand bonheur en ces soirées automnales. À voir !
L’Elisir d’Amore est encore à l’affiche au Grand Théâtre de Québec les 26, 28 et 30 octobre.
Photo: le baryton Hugo Laporte de Québec interprète Belcore.
DISTRIBUTION
Adina : Catherine St-Arnaud
Nemorino : Julien Dran
Belcore : Hugo Laporte
Dulcamara : Julien Véronèse
Giannetta : Lucie St-Martin
Assistante de Dulcamara : Gabrielle Lapointe
Orchestre symphonique de Québec
Chœur de l’Opéra de Québec
Direction musicale : Jean-Michel Malouf
Mise en scène : Alain Gauthier
Décors : Ariane Sauvé
Costumes : Émily Wahlman
Version originale italienne avec surtitres français
Détails et billets sur www.operadequebec.com