Vendredi soir 29 juin, on offrait au public la première à Victoriaville de L’Embardée d’Emmanuel Reichenbach. Peu de places demeuraient libres d’autant plus qu’on venait de loin pour ce divertissement théâtral estival puisqu’un bus nolisé en partance de Montréal s’était tout spécialement déplacé pour nous y faire assister en grand nombre.
L’intrigue de la pièce de Reichenbach ne bénéficie que d’un lieu scénique, le salon mortuaire. La mise en scène efficace de Jean-Simon Traversy nous y présente avec humour le monde immoral de la finance des requins (un tantinet fraudeurs!) et également l’insouciance rêveuse des fils bohémiens inconscients de ce que sont les investissements off-shore ou la jungle des paradis fiscaux. Par cette caricature très satirique, tous les gestionnaires de portefeuille s’en prennent plein la gueule avec le duo à peine endeuillé de deux frangins ne songeant qu’à toucher soit à l’héritage ou à la convoitée prime d’assurance.
Les deux frères nullement complices sont excellemment incarnés par les comédiens Pierre-François Legendre et Louis Olivier Mauffette. Peu à peu, cependant, les deux frères fort dissemblables se retrouvent en rupture accélérée puis totale. Pourquoi? Une abracadabrante visiteuse du salon funéraire se révélera être l’extorqueuse presque experte (Geneviève Rochette) de l’intrigue.
Elle tentera avec cran de jouer les vertueuses vengeresses, bien sûr avec la succession du père décédé dans sa mire (puisqu’elle fut sa maîtresse secrète présente aussi à l’embardée mortelle), en tout cas elle se fait connaître des deux fistons. Afin de les convaincre de faire l’incontournable, elle déploie bien des stratagèmes qui laissent songeurs. Hélas, faute de mesure et d’hubris, elle s’enlise, elle aussi, dans le marasme. Au final, L’Embardée est une comédie de caractères qui fera certainement sourire et qui sera représentée au théâtre d’été de Saint-Eustache en août.
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