Après avoir remporté un prix d’interprétation pour son court métrage Imelda, dont il a tourné deux suites sorties en 2020 (le notaire et Simone), Martin Villeneuve nous présente son deuxième long métrage, Les 12 travaux d’Imelda qui contient les 3 courts-métrages en plus de plusieurs ajouts. Les 12 travaux d’Imelda prendra l’affiche à travers le Québec dès le 28 octobre prochain après avoir eu sa première mondiale au Festival de cinéma de la Ville de Québec. Cette comédie dramatique est également en sélection officielle au prochain Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT), au Festival du film de Whistler ainsi qu’au Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA). Ce film met en vedette une distribution cinq étoiles : Robert Lepage, Ginette Reno, Michel Barrette, Antoine Bertrand, Anne-Marie Cadieux, Yves Jacques, Lynda Beaulieu et Marc-François Blondin, sans oublier le cinéaste lui-même sous les traits d’Imelda.
Réjeanne Bouchard de Les Artsze était présente au cinéma Le Clap Ste-Foy lors du tapis rouge pour la première à Québec en présence des artisans du film. Ses photos accompagnent mon article.
RÉSUMÉ : Imelda, un personnage plus grand que nature inspiré de la grand-mère paternelle du réalisateur, habite à Gentilly où elle s’emploie à faire à sa tête et à exercer un contrôle certain sur sa famille. Toutefois, cette veuve de notaire affirme ne pas être en paix et avoir des choses à régler avant de célébrer ses 100 ans. À travers 12 tableaux marquant ses dernières années, Imelda affronte une série d’épreuves : Elle rêve de retrouver son amour de jeunesse, Herman. Elle menace de se suicider dans la piscine familiale en bravant sa phobie des grenouilles. Elle se révolte face à ses fils, Jean et André, notaires et chasseurs de canards. Elle veut obtenir à nouveau son permis pour conduire son Imperial 1959. Elle prouve sa santé de fer et se montre invincible. Elle souhaite pratiquer son anglais avec ses amis japonais. Elle veut prolonger la vie de son chien Pipo. Elle cherche à renouer avec sa fille Diane. Elle confronte la lumière au bout du tunnel. Elle règle de vieux conflits avec sa rivale de toujours, Simone. Elle rattrape son dernier train. Puis elle tente un rapprochement avec son fils Jean. Lorsque plus rien ne la retiendra et qu’elle sera allée au bout de sa vie, Imelda pourra-t-elle enfin partir en paix ? Le temps d’un film basé sur des faits réels et portant aussi sur les liens qui unissent une famille, nous suivons à la trace cette femme cinglante, amusée, incorruptible, touchante, et mue par une énergie contagieuse !
Cette comédie dramatique est, selon Martin Villeneuve « une histoire presque vraie », puisque cela est inspiré des faits réels ayant animé les 12 dernières années de sa grand-mère paternelle Mélenda “Imelda” Turcotte Villeneuve, décédée en 2012 à l’âge de 101 ans.
Le film débute en septembre 2022, à Gentilly, alors que sont retrouvés les petits films tournés depuis février 2000, où cette vieille dame se raconte à la caméra et que l’on voit des bouts de sa vie au quotidien en interaction avec les membres de sa famille, à divers moments dans le temps. C’est son 89e anniversaire et pour l’occasion, ses deux fils sont réunis, les deux notaires Jean (Robert Lepage) et André (Michel Barrette) pour un souper d’anniversaire hors du commun.
C’est sous le couvert de l’humour et avec un grand amour assurément que Martin Villeneuve incarne sa grand-mère avec un talent inouï pour personnifier une dame de presque cent ans. Il est méconnaissable. Son langage, sa démarche, ses gestuelles, son regard même, un peu perdu, dans le brouillard, nous fait croire dès les premiers instants à ce petit bout de femme qui semble fragile et adorable, mais qui est aussi désagréable, déplaisante, qui n’a pas la langue dans sa poche et qui carbure à la colère et la réprimande, au grand désespoir de ses enfants. Il n’est pas surprenant que Martin se soit mérité un prix d’interprétation pour ce rôle qu’il maîtrise à la perfection.
Alors qu’Imelda en fait voir de toutes les couleurs à son entourage avec ses répliques assassines, irrévérencieuses, et même ses actes audacieux voire même dangereux, on ne peut que sourire parfois de ses propos et même s’attendrir de voir qu’au fond c’est la solitude, l’ennui et le déni de son vieillissement qui la fait agir et parler ainsi.
Ce qui me plait le plus dans ce film, au-delà de la performance de Martin Villeneuve qui est hallucinante, ce sont les répliques que se lancent les personnages. Le franc-parler de chacun, les paroles blessantes, pour générer le sentiment de culpabilité, mais aussi les souffrances que l’on sent derrière les mots. Naturellement, Imelda ressasse le passé, un vieil amour non résolu. Elle refuse de ne plus être capable de conduire. Elle insiste pour garder son autonomie, tout en voulant que ses fils fassent tout pour elle. Contradictions vous dites ! Et surtout, elle voue une haine sans nom pour une certaine Simone qu’elle ne cesse d’insulter qu’elle soit présente ou non. Cette Simone est incarnée par la très talentueuse Ginette Reno. Elle apparaît à deux reprises dans le film et chaque fois, Ginette est fascinante de talent brut. Elle chante dans une église avec son Pascalin au piano dans une première séquence. C’est de toute beauté de l’entendre chanter. Puis, il y a la séquence où Simone et Imelda se confrontent. Le monologue de Simone m’a ému profondément. Une vraie grande dame, cette Ginette remplie de talent.
Les seuls êtres qu’Imelda respecte et dont elle veut du bien, ce sont ses petits-enfants, incarnés par Antoine Bertrand et Marc-François Blondin. C’est beau de les voir ensemble. Et Antoine est hilarant, alors qu’il réagit fortement au fameux « casse-grippe » que lui propose sa grand-mère.
On a aussi Anne-Marie Cadieux qui incarne sa fille Diane, et qui en a aussi beaucoup sur le cœur, face à sa mère qui crie trop souvent au loup à son goût. Elle ne semble plus avoir d’empathie pour sa mère. C’est triste à voir, mais on ne peut que penser à notre propre famille, nos disputes, nos blessures, nos sentiments ambivalents. On peut aimer quelqu’un profondément, mais en même temps, avoir un grand ressentiment face à ses paroles et comportements parfois.
On peut entendre dans le film la voix d’un certain « cinéaste méconnu », Denis Villeneuve, le petit-fils préféré d’Imelda dont il est fait mention à quelques reprises, toujours sous le couvert de l’humour.
Ce film est très divertissant. Il est drôle, émouvant et surtout, il nous fait réfléchir sur nos relations familiales, nos aînés. Car nous connaissons tous à un certain degré une Imelda, que l’on aime, mais qui nous horripile parfois. Martin Villeneuve a créé avec un long métrage un très bel hommage à son aïeule et à sa famille. Imelda s’est assurément rendue jusqu’à 101 ans grâce à son refus de vieillir. Plutôt mourir que de cesser de vivre ! Sa colère contre tout lui a permis d’aller jusqu’au bout de sa vie !
À la fin du film, lors du générique, on nous montre des photos réelles de cette famille Villeneuve et ce qu’est devenu chacun de ses membres. C’est fascinant. Et naturellement, par la suite, je suis allée faire des recherches sur Internet pour vérifier qu’effectivement, ce film est en grande partie une histoire presque vraie.
Durée 93 MINUTES
Écrit, réalisé et interprété par MARTIN VILLENEUVE
Producteurs BENOÎT BEAULIEU et MARTIN VILLENEUVE
Scénario MARTIN VILLENEUVE
Direction photo BENOÎT BEAULIEU, RICHARD DUQUETTE et MARIANNE PLOSKA
Images additionnelles YANICK MACDONALD, NICOLAS VENNE et MARTIN VILLENEUVE
Costumes MARIANE CARTER et RICHARD HANSEN
Coiffure RICHARD HANSEN
Maquillage LARYSA CHERNIENKO, RICHARD HANSEN, KARINE LÉTOURNEAU et CHARLOTTE VÉZINA
Direction artistique PIER LEFEBVRE et MARTIN VILLENEUVE
Montage ARTHUR TARNOWSKI, ACE
Montage additionnel GUILLAUME GIRARD et YVANN THIBAUDEAU
Prise de son LOUIS DESPAROIS, BENOÎT PLANTE et JEAN-CHRISTOPHE MOREAU
Conception sonore OLIVIER CALVERT, ERICK GENDRON et RÉMY SEALY
Musique originale BENOÎT CHAREST
Musique additionnelle GHISLAIN DUBÉ
Mixage LUC BOUDRIAS et MARTIN M. MESSIER (MELS), ERICK GENDRON et RÉMY SEALY (AUDIO Z)
Supervision des effets visuels JONATHAN PICHÉ-DELORME, DANIEL GAUDREAU et MARTIN VILLENEUVE
Assistante du réalisateur KIKA MARTINEZ
Photographe de plateau YANICK MACDONALD
Services de postproduction POST-MODERNE, MELS et AUDIO Z
Producteur exécutif DANNY LENNON
Producteurs associés LOUIS DESPAROIS, ALBERT MELAMED et ARTHUR TARNOWSKI
Conseiller à l’écriture PIERRE YVES LEMIEUX
Distribué au Canada par Maison 4:3, Les 12 travaux d’Imelda prendra l’affiche au Québec dès le 28 octobre prochain.
Bande-annonce :
VIMEO: https://vimeo.com/760345691
YOUTUBE: https://youtu.be/72gN96ozezE
Site officiel : www.les12travauxdimelda.com
Crédit photos : Réjeanne Bouchard.