Il a pris racine dans le paysage musical québécois en 1992 et depuis ce temps, il a rallié toutes les générations du moment. Daniel Bélanger à la salle Wilfrid-Pelletier à Montréal un vendredi soir, c’est apercevoir des vingtenaires et des sexagénaires d’un enthousiasme débordant, unis autour de la même cause : musique, paroles et dessins de Daniel Bélanger.
Si le spectacle Mercure en mai, titre de son douzième et plus récent album, est une incursion dans la créativité renouvelée de cet artiste allumé dont on attend et qui donne toujours le meilleur, il insère dans son programme une anthologie des succès qui ont jalonné sa carrière.
Des nouvelles composition Soleil Levant, à Dormir dans l’auto, il passe allègrement à Sortez-moi de moi et Te quitter, des pièces, un son singulier, une voix retentissante, claire et puissante auxquels on s’attache inexorablement.
Entouré de quatre musiciens soit Philippe Brault à la basse, Guillaume Doiron à la guitare, José Major à la batterie et Jérôme Beaulieu aux claviers, l’auteur de Les deux printemps, ravivera de fortes émotions en nous, alternant entre la guitare sèche et l’électrique, pendant 1 h 45 minutes. Trop court.
Aussi la pièce instrumentale Le triomphe d’une perruche de son album Travelling avec les éléments visuels épatants, et autant d’harmonies vocales, aura cet effet rassembleur auprès d’un public conquis, sifflant, criant, parfois debout, etc. Il aurait fallu cependant que le son de ce spectacle en la salle Wilfrid-Pelletier soit à la hauteur de la qualité des musiques offertes.
Cet artiste intuitif, multi-instrumentiste, anti-star par excellence, a semblé parfois dépassé par les emportements de ce noyau dur de partisans, une salle complète : étonnamment seul à l’avant-scène, les bras étendus placés devant lui, on aurait dit qu’il se protégeait des applaudissements et des élans à tout rompre du public.
Justement sur cette scène, à l’originalité de sa musique et des arrangements, à la finesse des mots, amour, spleen, société, se sont ajoutés des tableaux colorés et des images en mouvement, une scène vivante, nourrie et riche de coups de crayons qui se transforment au gré des pièces.
Tu me demandes combien je fais, Je fais de mon mieux, Et ce mieux, combien c’est ? Ce mieux est juste parfait, Tu veux trop savoir tout sur moi, Si tu veux tout avoir, Ce que je n’ai même pas, Alors va-t-en, va-t-en !
À 61 ans, le timide Daniel Bélanger a repris une tournée à laquelle il vient de rajouter une quinzaine d’arrêts au Québec en 2024. Il n’aurait pas pu rêver mieux, lui qui avait abandonné l’idée de la tournée. Au second rappel, Daniel Bélanger bouclait la boucle avec son succès du début La folie en quatre :
« En somme, si mon âme oublie ton âme, Et que mes yeux oublient tes yeux, Ce sera le fruit d’la démence, Et non la violence, D’un aveu, Alors avant qu’un d’ces jours, la folie, Je t’aime».
Ce soir encore à la salle Wilfrid-Pelletier.
Photos : Benoit Rousseau