Pour une première fois, voici un « recueil de nouvelles sexu » Ma première fois, publié aux Éditions de la Bagnole. Ces nouvelles, destinées aux jeunes de 14 ans et plus, sont le fruit de neuf auteurs et autrices de littérature jeunesse, sous la direction de l’instigatrice du projet, Karine Glorieux, professeure de littérature au collège de Maisonneuve, autrice et mère de trois adolescents. C’est avec franchise, humour, sans filtre et sans tabou que les auteurs, autrices nous présentent chacun une fiction proche de leurs premières fois, dans la confidence et de manière à dédramatiser ces premiers moments souvent malaisants. Un livre pour tous les ados et même les parents, de quoi créer de belles discussions.
Résumé :Les premières fois comme on ne vous les a jamais racontées. Sans filtre ni tabou. Si on se disait les vraies affaires ? C’est le pari de ce recueil de nouvelles qui propose des récits intimes diversifiés et surtout, toujours francs. Un baume idéal sur l’anxiété des premières fois. Avec ou sans Doritos.
Ce n’est pas facile d’entamer une discussion avec nos ados, préados, sur la sexualité. Ce n’est pas de tout repos pour un jeune de passer à travers ses premières expériences sexuelles. Il y a beaucoup d’appréhension, d’anxiété de performance, d’envie de se débarrasser de ce premier moment qu’on anticipe comme malaisant et probablement décevant, ou au contraire qu’on imagine comme dans les films, romantique et sublime. Ce livre arrive juste à point pour remettre les pendules à l’heure et nous démystifier ces fameuses premières fois… Premier baiser, première fois avec soi-même, première pipe, première pénétration, il y a de tout et pour tous. Relation hétéro, gaie, lesbienne, bi, l’important c’est l’humain et l’émotion, qui est similaire peu importe le genre.
Bien sûr, ce livre contient du contenu explicite, la page couverture nous le démontre par écrit et par son illustration très à propos. On y raconte les frenchs tout en salives, les premières masturbations, celles qui éclaboussent partout, les découvertes délicieuses, l’anticipation de notre première fois, les premiers ébats sexuels remplis de sueurs, le fameux condom, les papillons qui s’agitent dans notre bas-ventre, les fous rires, les gestes maladroits et les questionnements divers. Est-ce que je fais cela de la bonne manière ? Est-ce que je devrais ressentir du plaisir ? Pourquoi n’est-ce pas pareil comme dans mes films préférés ?
Au menu. Édith Chouinard raconte sa première fois ratée, quand elle se dit prête, mais son vagin en décide autrement… Jérémie Larouche nous raconte son premier baiser forcé, une agression à 12 ans, alors que sa blonde a fait les premiers pas avant lui. C’est tout en humour qu’il nous raconte cette agression qu’il nous décrit comme une humiliation méritée. Alexandra Larochelle nous présente une fille qui a des parents beaucoup trop à l’aise avec la sexualité de leur fille et les préparatifs pour une première fois parfaite…malaises et vulnérabilité au rendez-vous. Nicolas Michon nous relate une histoire d’une pipe, rythmée, imagée, très visuelle et bien ressentie. Vanessa Duchel nous raconte son premier intérêt pour une femme, une première baise au féminin et une première histoire d’amour homoromantique, comme elle le décrit si bien. Olivier Simard raconte la découverte de la masturbation par un jeune garçon de 12 ans et son obsession pour les balles de golf de sa tante Sylvie. Parmi mes textes préférés, il y a celui de Laurence Beaudoin-Masse qui raconte avec beaucoup d’humilité, de franchise, d’authenticité une première fois des plus malaisante, déroutante, qui n’est pas sans rappeler mes premiers attouchements, remplis de doutes, de questionnements, de gestes malhabiles, de silences qui s’éternisent. Bref, c’est tellement amusant de lire ce genre d’histoire, oh combien décevantes, mais formatrices pour le futur. Schelby Jean-Baptiste y va d’une approche tout autre, pour nous raconter l’histoire d’une jeune fille élevée dans la pratique de la religion chrétienne, qui nomme son vagin Chouchounette et dont le cœur balance entre sa foi et son envie de se faire l’amour à soi-même, avec sa chouchounette. Le dilemme de la religion et le plaisir solitaire. C’est savoureux comme texte. Finalement, Pierre-Yves Villeneuve nous raconte une triste histoire de virginité. Une première fois qui n’aboutit pas et une réelle première peine d’amour, assurément.
Après avoir lu ces neuf histoires (que j’aurais aimé lire moi-même quand j’étais adolescente), je pense que les jeunes seront plus aptes à entrevoir leurs premières fois, à calmer leur anxiété, à se rassurer quant à la performance, et surtout à avoir une idée plus claire de ce qu’ils pourront ressentir. C’est important une première fois, car on s’en rappellera toujours, mais ce n’est pas la fin du monde si ce n’est pas parfait, ni l’extase que l’on croyait… Ce n’est que le début. Avec la pratique viennent les meilleurs moments.
À noter que la Bagnole inaugure ici une famille de collectifs explorant les moments charnières, les premières fois, sous le prisme de la diversité et de l’authenticité. Un déclencheur de discussions, en classe ou à la maison. Pour biser le modèle imposé, pour dédramatiser et en vue de démystifier sans banaliser. Le prochain titre, destiné aux 10 ans et plus, abordera la question des premières menstruations.
Sous la direction de Karine Glorieux avec Laurence Beaudoin Masse, Edith Chouinard, Vanessa Duchel, Schelby Jean-Baptiste, Alexandra Larochelle, Jérémie Larouche, Nicolas Michon, Olivier Simard et Pierre-Yves Villeneuve.
Titre : Ma première fois
Sous-Titre : Recueil de nouvelles sexu
Auteurs : Collectif sous la direction de Karine Glorieux, professeure de littérature au collège de Maisonneuve et autrice
Date de parution : 15 septembre 2022
Groupe cible : à partir de 14 ans
Catégorie : Littérature jeunesse
Prix : 24.95$
Nombre de pages : 248 pages
Les Éditions de La Bagnole : http://www.leseditionsdelabagnole.com/