Heureuse et amoureuse, Marie Denise Pelletier est rayonnante en ce jour de lancement de son douzième album, intitulé: Sous ma peau de femme. Sa voix enchanteresse n’a pas pris une ride en quarante ans de carrière! Enthousiaste, elle nous arrive avec 12 chansons originales, signées par plusieurs grands noms de chez nous dont Catherine Major, Corey Hart et Robert Charlebois. Plus encore, la dame partira en tournée, en février 2024, avec ses nouvelles pièces et une rétrospective de sa discographie, allant de l’époque de Parti via Vancouver à Inventer la Terre, en passant par les incontournables Tous les cris les SOS et Pour une histoire d’un soir.
La femme derrière la chanteuse
Âgée de 63 ans, l’artiste n’avait pas enregistré de nouveau matériel depuis 12 ans et, soudainement, les astres se sont alignés, au cours de la dernière année. «J’ai fait des appels et tout le monde m’a répondu oui! Entre autres, il y a quelques chansons qui dormaient dans des tiroirs et qu’on m’a offertes. Elles m’attendaient!»
C’est le cas de Cette femme-là, une douce ballade de Louis-Jean Cormier qui ouvre l’album. L’interprète est si convaincante qu’on dirait qu’elle a écrit elle-même les paroles signées par Martine Pratte : «Y avait une femme un peu célèbre Ça pouvait bien sûr être moi Au coeur si fragile et cassant Caché sous le cran apparent»
Un trio avec Joe Bocan et Marie Carmen
Dès la première écoute de ce disque, une pièce ressort. À travers les accents orientaux de la musique de Corey Hart, Elle s’appelait Mahsa évoque le drame de Mahsa Amini, étudiante iranienne d’origine kurde, décédée l’an dernier à l’âge de 22 ans, en Iran, après avoir été arrêtée pour «port de vêtements inappropriés».
Sur ce morceau, on entend aussi Marie Carmen et Joe Bocan. Cette dernière s’était d’ailleurs illustrée dans le même registre avec Les femmes voilées, en 1988. «Marie et Joe sont devenues des amies! Quand on s’est rencontrées avant la tournée Pour une histoire d’un soir, on devait passer deux heures ensemble; on a plutôt parlé pendant six heures! Depuis ce temps, nous vivons une belle complicité.»
Une rencontre en Guadeloupe
Marie Denise chante aussi Prête-moi tes rêves. Elle avait en main cet hymne à l’espoir signé Marc Chabot mais, où trouver la mélodie? «Je suis allée en vacances en Guadeloupe. Je n’étais pas très loin de chez Robert Charlebois. Je lui ai passé ce texte sous le nez! J’ai osé lui demander de composer la musique et voilà! «Tu parles de bonheur Des petites choses D’un peu de douceur Sur les ecchymoses». Avec la belle voix intacte de la sexagénaire, posée sur les accords harmonieux du grand Robert, on veut bien croire que «Les rêves n’ont pas d’âge».
«Un magnifique bonus!»
Il y a aussi eu des commandes dont Le coeur des îles, paroles et musique de Michel Rivard. «Ça raconte notre histoire à moi et mon chum qui habite les Îles-de-la-Madeleine. Michel connaît les îles. Ça prenait un poète de sa trempe pour rendre hommage à la beauté immense de cet univers», où elle a rencontré son amoureux, il y a près de neuf ans. «J’ai eu envie de célébrer cette rencontre au sommet dans mon existence, parce que ma vie s’est transformée depuis qu’il est avec moi! C’est vraiment un magnifique bonus!», résume-t-elle avec un sourire.
L’amour dans tous ses états
On ne trouvera probablement pas de vers d’oreille sur ce disque regroupant principalement des ballades qui se prêtent aux grandes envolées vocales, rappelant l’élégance et l’intensité de Diane Juster.
L’un des temps forts de ces quelque 45 minutes de musique est assurément Quand l’amour veut mourir, une bouleversante chanson de Claude Gauthier que madame a d’ailleurs interprété magnifiquement avec le pianiste Benoit Sarrasin. Ce moment béni s’est déroulé, cet après-midi, à l’Espace urbain de la Place des Arts.
En résumé, les harmonies vocales très soignées, enregistrées avec Johanne Blouin, ainsi que Joe Bocan et Marie Carmen, apportent une touche distinctive à cet opus. À défaut de surprendre, les arrangements de Jacques Roy réussissent à diversifier les ambiances de cette douzaine de chanson avec l’accordéon de Sonia Painchaud, les claviers de Guillaume Rochon, ainsi qu’un quatuor à cordes et même une touche de jazz, grâce au trompettiste Ron Di Lauro.
Le mot de la fin revient à Norman Racicot, celui qui a écrit la poignante Manquer d’amour, il y a trente ans déjà! L’album se termine avec Aussi fort que l’amour, un autre texte émouvant de cet ami de longue date. «C’est mon Luc Plamondon à moi!», conclut Marie Denise qui trépigne déjà d’impatience à l’idée de lancer son nouveau spectacle le 8 février prochain, soit, moins de deux semaines après la dernière représentation de la tournée Pour une histoire d’un soir qui fait courir les foules depuis trois ans.
Marie Denise Pelletier
Sous ma peau de femme
Avec la participation de Joe Bocan et Marie Carmen, ainsi que Johanne Blouin
Productions Martin Leclerc, 2023
3,5 / 5
*Photo d’accueil : Jean-Charles Labarre