Malgré le respect qu’on doit au crooner québécois, toujours populaire après plus de 60 ans de carrière, il faut dire que la première médiatique de son spectacle, au Cabaret du Casino de Montréal, ce mercredi soir, a été laborieuse. Michel Louvain nous avait prévenus : «Casser un nouveau show n’est pas toujours facile. J’m’en suis rendu compte l’autre soir. J’ai dû me tromper dix fois». Mais, comme on en était à la troisième représentation de ce tour de chant, on croyait que les difficultés s’étaient résorbées. Après La belle vie et C’est magnifique, le chanteur tout sourire et vêtu d’un élégant complet bleu reprend avec conviction un ancien succès de Ginette Reno, C’est mon coeur qui chante clair. Puis, il fait rire son monde en racontant que certains sont allés jusqu’à lui proposer d’enregistrer Le Frigidaire (popularisée par Tex Lecor, en 1971). «C’est pas mon style, ça !» Il n’en reste pas moins que les suggestions du public lui ont permis de découvrir Dansons la rose (Rose de Picardie), enregistrée par Yves Montand dans les années 50 et qu’il reprend au grand plaisir de ses admiratrices.
Mais voilà que la mémoire fait défaut au beau milieu de L’amour est dans ta rue, une traduction d’une pièce de la comédie musicale My Fair Lady. Des ratés également dans C’est toute une musique, où le chanteur n’arrive pas à trouver son rythme, en plus de flagrants problèmes de justesse. Il dira lui-même : «Pauvre Monique Leyrac, j’ai bafoué ta chanson !» Suivra un medley rétro où on se dandine sur C’est la faute au bossa nova, L’important c’est la rose et Tu te souviendras de moi, belle chanson de Marc Gélinas. Mais la mémoire flanche à nouveau sur Un baiser de toi, ancien succès d’un autre crooner québécois Robert Demontigny. «Je ne sais pas si c’est mon âge qui commence à faire effet», dira l’octogénaire visiblement chagriné. «C’est vrai aussi que je n’ai pas l’habitude de ne pas faire d’entracte», ajoute-t-il, tout en se pliant aux règles du Cabaret du Casino de Montréal, où les spectacles sont d’une durée de 90 minutes et sans interruption.
Après un medley country plus ou moins convaincant (Green green grass of home, Top of the world, Mille après mille, etc.), le vétéran sauve la mise avec ses chansons fétiches, car en plus de La Dame en bleu, il en a eu des succès ! Il faut d’ailleurs être Michel Louvain pour présenter Buenas noches mi amor, en se rappelant l’avoir enregistrée dans un studio situé au dessus d’un garage à l’angle de Pie-IX et Ontario en novembre 1957 et ajouter : «je n’aurais jamais pensé, à ce moment, que je vous la chanterais encore 62 ans plus tard !» Ma belle gitane, Lison, Louise, Linda et Sylvie », ravissent toujours les nostalgiques, de même que Pourquoi donc as-tu brisé mon coeur et Un certain sourire.
Michel Louvain
Accompagné de son fidèle pianiste Daniel Piché, ainsi que de Michael Pucci (guitare), Claude Guay (basse), Bertil Schulrabe (batterie) et des choristes Lorraine L’Écuyer et Dominique Faure.
La belle vie
Au Cabaret du Casino de Montréal du 16 au 19 octobre et du 22 au 24 octobre
Le spectacle sera ensuite en tournée au Québec