Michel Rivard a chanté nos rêves (La Complainte du phoque en Alaska), nos désillusions (Le retour de Don Quichotte) et aussi notre coin de terre (Le Blues d’la métropole, Rive-Sud).
Cela dit, il ne s’était sans doute jamais autant mis à nu que dans L’origine de mes espèces, couronné Spectacle de l’année – Auteur-compositeur-interprète, au dernier gala de l’ADISQ.
Certains se demandaient si la grande salle du théâtre Duceppe conviendrait à ce monologue très personnel, ponctué de chansons, créé à La Licorne, le printemps dernier. Allons voir…
Un spectacle unique
Partout où l’on résume la carrière de Michel, on affirme qu’il est le fils du comédien Robert Rivard avec qui il a d’ailleurs joué dans l’émission de télévision Rue des Pignons. Or, après la séparation de ses parents, la nouvelle conjointe de Robert, laisse entendre que ce dernier ne croit pas être le père de Michel.
Quelques jours plus tard, l’acteur s’éteint sans que son fils ait eu le temps de clarifier les choses.
Cette question identitaire hantera Michel jusqu’à ce qu’il décide de prendre les grands moyens : «Je viens de passer mon premier test d’ADN… on te passe délicatement un coton-tige à l’intérieur de la joue pour récolter ta salive. On fait ça trois fois. Trois cotons-tiges. Ça revient à peu près à 75 piasses du coton-tige»
Malgré le sérieux du sujet, le ton demeure teinté d’humour : «Je suis né sans mon consentement le 27 septembre 1951… Je suis né la même année que St-Hubert BBQ».
Maintenant âgé de 68 ans, l’artiste regarde avec nous des photos de son enfance. Espiègle, il nous incite à constater qu’il n’a aucun trait de Robert Rivard. Souvent ému, il ne cache pas que le mariage de convenance de ses parents l’a fait souffrir.
«Ce qui m’a manqué c’est entre vous deux le sourire immense des amoureux Ce qui m’a manqué c’est vous deux», chante-t-il, avec la douce complicité du musicien Vincent Legault, sur des arrangements de Philippe Brault.
Obsédé par la question de ses origines, Rivard interpelle directement sa mère et lui offre la tendre Maman Mélancolie, puis il assume ses moments de colère : «T’es qui au juste d’où tu sors ? » On l’aura compris, les chansons font progresser le récit. On n’avait sans doute jamais vu un chanteur québécois se révéler ainsi en spectacle.
L’habile mise en scène de Claude Poissant et le décor de Patrice Charbonneau-Brunelle préservent le sentiment d’intimité avec l’artiste, même sur cette vaste scène. De plus, grâce à l’excellente conception sonore de Philippe Brault et Vincent Legault, on ne perd pas un mot.
Et quel est le résultat du fameux test d’ADN de Michel Rivard ? Vous avez jusqu’au 7 décembre pour le suivre dans ses révélations chez Duceppe.
L’origine de mes espèces
Texte, chansons et interprétation : Michel Rivard
Mise en scène : Claude Poissant
Musicien : Vincent Legault
Arrangements et atmosphères musicaux : Philippe Brault
Décor et accessoires : Patrice Charbonneau-Brunelle
Au Théâtre Jean-Duceppe, jusqu’au 7 décembre.