Il y avait de l’électricité dans l’air, ce soir (17 février), à la Place des Arts, où Mireille Mathieu présentait le premier de ses deux spectacles, à la Salle Wilfrid-Pelletier, après 35 ans d’absence. Avec sa voix puissante et reconnaissable entre toutes, cette icône de la chanson française a entraîné ses admirateurs dans des torrents de nostalgie avec ses classiques : La première étoile, Acropolis adieu, Pourquoi le monde est sans amour, etc., qui lui ont permis de vendre près de 200 millions de disques, durant sa longue carrière. Âgée de 77 ans, la dame a certaines difficultés à marcher mais, elle est toujours habitée d’une immense flamme, ce qui lui a valu une multitude d’ovations et de très nombreux bouquets de fleurs!
60 ans de carrière
Roulements de tambour. Le rideau s’ouvre. La silhouette de Mireille apparaît sur un écran descendu du plafond. De courtes vidéo, tournées pour différents projets, au cours de ses 60 ans de carrière, nous la montre, entre autres, alors qu’elle marche comme Charlie Chaplin; sur d’autres images, on la voit grimée en geisha. Bref, on a droit à tout un éventail de tournages amusants auxquels elle a participé au fil des ans. Habile montage! Fascinant voyage dans le temps!
Puis, la chanteuse apparaît, enfin, en chair et en os, au milieu de son orchestre de 14 musiciens et choristes! D’abord, elle nous fait craindre le pire durant la chanson d’ouverture, Quand la nuit vient sur la ville, alors que sa voix semble tremblotante. Plus encore, il faudra attendre vers la fin de la deuxième chanson, Made in France, pour que la sonorisation atteigne un niveau optimal.
Comme si elle boitait, la septuagénaire s’avance lentement jusqu’à l’avant de la scène. C’est en entonnant Toi et moi qu’elle déclenche véritablement la magie qui ne cessera pas, durant ces chaleureuses retrouvailles montréalaises. Elle reçoit un premier bouquet d’un admirateur et prend le temps de lui dire merci, en le regardant dans les yeux, comme elle le fera durant toute la soirée avec ceux et celles qui lui apportent des fleurs.
Elle parle brièvement dans ce tour de chant réglé comme une horloge, ce qui n’empêche pas l’émotion de circuler à profusion. Tous les enfants chantent avec moi, Una Canzone, Il pleut toujours quand on est triste, etc., le public n’a pas oublié ces mélodies qu’il applaudit souvent dès les premières mesures.
Avec son propre système d’éclairage qui rappelle de flamboyants galas de variétés françaises, elle en met plein la vue! C’est pourtant son interprétation de l’Hymne à l’amour qui met véritablement le feu aux poudres! Durant la longue ovation qui suivra, un spectateur assis derrière moi s’écrie: «Ma foi, Piaf est ici ce soir!»
Toujours coquette
Manifestement heureuse d’être de retour à Montréal, comme elle le souligne à plusieurs reprises, la septuagénaire ne s’économise pas! Les tabourets, très peu pour elle! Elle chantera debout durant tout ce spectacle en deux parties qui totalise un peu plus de deux heures. Coquette, elle brillera dans trois robes différentes, durant cette soirée mémorable.
Après l’entracte, la chanteuse ouvre le bal avec Mon credo, une pièce lancée en 1966 et qui lui a tout de suite ouvert la voie vers le succès. Puis, on passe à Santa Maria de la mer, l’un de ses plus grands tubes. Pour comble du bonheur, les choristes reproduisent à la perfection l’exigeante note céleste qui vient magnifier le refrain! On croit rêver!
Puis, c’est tout le public qui se transforme joyeusement en chorale pour l’incontournable Pourquoi le monde est sans amour?, méga-succès de 1970, soulevant une grande question qui demeure entière!
Ensuite, on chante volontiers, On ne vit pas sans se dire adieu, Pardonne-moi ce caprice d’enfant, etc. Et comment résister à Non, je ne regrette rien, interprétée avec une telle maturité?
Vibrant hommage à sa mère
L’un des moments les plus émouvants de la soirée demeure Maman la plus belle du monde, cette grande mélodie qui a été interprétée, entre autres, par Luis Mariano et Tino Rossi. Des photos de la chanteuse et sa mère, décédée en 2016, à l’âge de 94 ans, apparaissent sur écran. Visiblement chamboulée par ce deuil, encore aujourd’hui, la chanteuse nous bouleverse aussi!
Une histoire de drapeaux
La septuagénaire nous a également montré qu’elle pouvait être vite sur ses patins, quand un homme est venu lui porter un drapeau de la France et un drapeau du Canada. Sachant vraisemblablement que la Belle Province a son fleurdelisé, la Française a lancé avec un sourire entendu : «Vive le Canada! Vive la France! Et vive le Québec!» La salle s’est alors levée d’un bond et certains de mes voisins ont ajouté, «Vive le Québec libre!», à la mémoire du Général de Gaulle, ami du peuple québécois et figure marquante de l’histoire de la France.
Sur un air d’ABBA
Pour terminer: Bravo tu as gagné, une adaptation du succès du groupe ABBA, The Winner Takes It All. Des admirateurs de tous les âges se sont alors précipité devant la scène pour mieux crier bravo et prendre des photos, en tendant leurs mains vers la star, comme le font les jeunes admiratrices de Charlotte Cardin! Pas de doute, quelque 3000 spectateurs ont retrouvé leur coeur d’adolescent avec Mireille Mathieu qui est à la Salle Wilfrid-Pelletier, ce soir encore, 18 février.
Le spectacle sera ensuite présenté au Grand Théâtre de Québec, le 20 février et à la Salle Maurice O’Bready de Sherbrooke, le 23 février.
Pour les détails de la tournée, Mireille Mathieu – 60 ans d’amour, c’est ici
*Crédit photo: Jean-Charles Labarre