Moins connue que ses consœurs Wicked, Lion King et autres Mamma Mia!, la comédie musicale Motown! n’a rien à leur envier. Entre nostalgie et groove, Histoire et coupes afro, ce spectacle nous emmène à la découverte de la Motown, célèbre compagnie de disque américaine, qui a signé de nombreuses légendes de la musique, telles que Marvin Gaye et Stevie Wonder.
On suit surtout l’histoire de Berry Gordy, fondateur du label Motown, au travers notamment de sa collaboration avec les Supremes et surtout de son histoire avec l’iconique chanteuse Diana Ross. Celle-ci est d’ailleurs délicieusement interprétée par l’artiste Trenyce qui oscille entre naïveté et coups de gueule avec une déconcertante facilité. Tour à tour porté par le son des Jackson 5, des Temptations, de Smokey Robinson… le spectacle nous évoque les difficultés et les victoires de Gordy pour faire valoir, à son juste titre, le pouvoir de la musique black.
L’objectif n’est pas de s’attacher aux personnages, car avant que l’on ne comprenne de qui il est exactement question, quelques chansons se sont déjà écoulées. Il s’agit davantage de nous remémorer la force, le rythme et – oulah ! – les déhanchements des chanteurs et chanteuses noir(e)s. Bon nombre ont émergé dans cette période, à la fois faste et injuste pour la communauté noire. Donc, on se repère grâce aux – brèves – descriptions historiques et on prend plaisir à comprendre le contexte dans lequel ces hits sont sortis.
Mais – car malheureusement, il y en a – ce spectacle a les défaut de ses qualités. Dans la première partie surtout, le public en prend plein les yeux et les oreilles. La musique, extrêmement forte, enterre presque les interprètes – nos sincères encouragements au jeune Chase Phillips qui personnalise Michael Jackson : plus que 7 ! Ça bouge dans tous les sens, les panneaux de décors n’en finissent plus de rouler, tout s’enchaîne à un rythme effréné, bref on est essoufflé pour les membres de la production ! Le problème majeur qui en découle? Il nous manque du temps pour apprécier, comprendre les enjeux, apprécier les imitations parfois justes, parfois approximatives…
La deuxième partie, plus courte évidemment, joue davantage sur notre corde sensible et prend ce temps que nous espérions tant ! Ceci dit, même seuls sur scène, les interprètes ne peuvent s’empêcher de gesticuler, tout geste semble chorégraphié et ce manque de naturel joue parfois sur notre appréciation de leurs talents vocaux. Car du talent, il y en a bien sûr : des comédiens qui tiennent la note, le rythme et la jambe pendant presque 2h30, si ce n’est pas du talent…
Outre les envolées vocales, la bonne surprise vient de ce groupe de danseurs que l’on prend plaisir à voir revenir. Leur charisme et – disons le – leur « sexitude » ont tôt fait de réchauffer une audience gelée par une climatisation décidément trop forte.
Beaucoup de matériel à présenter donc pour rendre justice au propos. Est-ce parce qu’ils redoutaient justement la durée, que les créateurs ont forcé la dose pour la scénographie ? Ce stratège ne parvient cependant pas à venir à bout de quelques longueurs.
Bien évidemment Motown ! The musical est à voir, mais seuls les aficionados y trouveront véritablement leur compte. Pour les autres, les vinyles qui reviennent à la mode seront tout aussi efficaces pour vous replonger dans cet âge d’or du funk, de la soul et du rythm and blues.
Durée du spectacle : 2h20 avec entracte.
Motown! The musical est présenté à la Place des Arts jusqu’au 24 juin.
Livret de Berry Gordy
Paroles et musiques du légendaire catalogue de Motown
Supervision musicale et arrangements par Ethan Popp
Chorégraphies recrées par Brian Harlan Brooks (originales par Patricia Wilcox et Warren Adams)
Mise en scène par Charles Randolph-Wright