Un trio de musiciens d’ici fort bien connus nous offrent en nouveauté chez Analekta, Boismortier: Sonates pour violon, Op. 20 des sonates pour violon seul (celui d’Olivier Godin) du compositeur français très original Joseph-Bodin de Boismortier qui ne faisait pas dans le grave et le sinistre apparat du décorum de Versailles. Cette musicalité marginale remplie de légère gaieté est reproduite avec la basse de viole Mélisande Corriveau et, en forme de basse continue, en la personne de Dorothéa Ventura au clavecin.
Les sonates de quatre ou cinq mouvements usent des danses rythmées de l’époque (comme les suites françaises et anglaises, les partitas, les suites pour orchestre du grand Bach) pour faire valoir de séduisants airs de danses nommées Courante, Sarabande, Gigue, Gavotte, Allemande et bien entendu ceux qui connaissent un tout petit peu seulement l’allant sur la pointe des pieds des Loures, Bourrées, Menuets de cette époque ne seront pas dépaysés mais intéressés d’enrichir leur cerveau de ces oeuvres de ce Monsieur de Boismortier.
Nos modestes mais nécessaires connaissances de ce qu’on appelle souvent en bloc ladite musique ancienne s’en trouvent enrichies mais Boismortier est plus vaste et nuancé que cette seule acception couvrant d’un grand trait trop de siècles à mon goût. Hélas, nos programmes de concerts et de récitals ne font pas assez de place à cette musique si adroitement construite dans l’amusement sans amusie violentant toutes les conventions de l’harmonie… car on n’a fait large place dans nos salles qu’aux dix-neuvième et vingtième siècles (si on excepte Haydn et Mozart) glorifiant les voix simplifiées d’une triomphante mélodie soulignée à gros trait.
Nous avons en fait claironné si brillamment la supériorité de l’ère moderne à laquelle nous appartenons en musique d’orchestre et non de chambre, qu’on oublie ces époques dites des Lumières riches d’équilibres. Vaste monde de la musique, en voici, côté dix-huitième siècle, encore un bel échantillon apprécié offert par l’admirable maison Analekta.
Boismortier: Sonates pour violon, Op. 20