Le retour du Festival TransAmériques (FTA) marque aussi le signal de départ du OFFTA où l’on explore, entre autres, des facettes émergentes dans le domaine de la danse. Ce sera l’occasion de découvrir, Invisible, une performance en continue de 72 heures, réunissant une dizaine d’interprètes. Danse contemporaine ? Improvisation ? Oui, mais bien d’autres choses aussi. Entrevue avec Aurélie Pedron, conceptrice de ce projet en gestation depuis cinq ans.
L’ego délogé
À compter du 26 mai à 17h., l’équipe d’Invisible convie les spectateurs à une expérience où l’ego fera place à la collectivité. «Avec mes danseurs, j’ai cherché comment dépasser l’individualité pour qu’on arrive à se concentrer sur l’écoute de l’autre. Chacun a travaillé à se détacher de ce qu’il croit être en se mettant plutôt au service de l’oeuvre.»
Qu’est-ce qui va guider les changements de dynamique du groupe durant toutes ces heures ? «Nous avons développé un mode de fonctionnement basé sur l’écoute.» C’est d’ailleurs cette force qu’on ne peut mesurer qui lui a inspiré le titre du spectacle : Invisible. «Quand les danseurs atteignent un grand degré d’écoute, ils travaillent en réponse aux autres. Un flot d’énergie traverse alors leur corps et ils deviennent un peu comme une rivière. On touche ainsi à l’authentique!»
Lâcher-prise
Mais, pourquoi cette performance doit-elle durer trois jours ? «Nous avons fait une première expérience et il est clair que le comportement des danseurs se transforme au fil du temps. Durant les premières heures, ils performent, mais à mesure que leurs forces s’épuisent, ils doivent s’abandonner. Ce que je leur demande, c’est d’être dans le lâcher-prise. En fait, c’est le temps qui devient le véritable chorégraphe, car il nous dépouille de tout ce qu’on croit connaître et il nous ramène à l’essentiel ! C’est ce que je recherche. »
Le rôle du spectateur
Des hôtes et hôtesses accueilleront les spectateurs et leurs transmettront les lignes directrices de l’oeuvre. On a développé un jeu de cartes pour guider le visiteur qui pourra intervenir dans le déroulement de la pièce, entre autres, en utilisant son téléphone pour diffuser dans toute la salle ce qu’il souhaite écouter.
«L’espace a été conçu comme un immense salon avec sofas, fauteuils, etc. Aussi, on ne fait entrer que 30 spectateurs à la fois. On ne veut pas saturer l’espace. Enfin, ce que je souhaite, c’est que les gens vivent une perte de repères du temps et une perte de repères tout court.»
Invisible
Direction artistique : Aurélie Pedron
Interprétation : Ariane Boulet, Rachel Harris, Emmanuel Jouthe, Abe Simon Mijnheer, Caroline Namts, Charlie Prince, Luce Lainé, Charles Brécard, Zoë Vos, Silvia Sanchez
Informations pratiques
– Les spectateur.trices sont invité.es à revenir plusieurs fois pendant la représentation – de jour comme de nuit – pour en constater l’évolution.
– Les 10 danseur·ses ne sont pas toujours en action, mais en tout temps il y a au minimum un gardien de la spirale, moteur de l’œuvre.
LAVI – Laboratoire Arts Vivants et Interdisciplinarité
840 rue Cherrier, Montréal (édifice qui abritait, anciennement, l’Agora de la danse)
De 17h le 26 mai à 17h le 29 mai
Achat de billets : offta.com/billetterie/
Bande-annonce : vimeo.com/702050954
*Sur la photo : Emmanuel Jouthe, Charles Brécard et Zoë Vos / Crédit : Denis Martin