Des Portes Dorées Sublimes comme celles qui devaient jadis s’imposer au-dessus des collines d’Istamboul ou du Palais Royal marocain le plus idéalisé, s’offrent en décor au regard en début de représentation, d’un ballet de Bonté et de Bienveillance dit-on, baptisé IHSANE, dansé par une troupe de passage chez nous.
Le Ballet du Grand Théâtre de Genève n’en était ainsi pas mercredi soir, premier jour d’octobre 2025, à son premier passage en Amérique soit, pour nous, au Théâtre Maisonneuve : manque de bol pour toute insouciance volontaire, c’était le jour même où la Flottille pour Gaza suscitait de vives réactions unanimes à l’échelle mondiale après l’arraisonnement de 13 bateaux par Israël.
Oui, via Danse danse, le public montréalais s’offrait un voyage dans le temps, intitulé IHSANE ou Bienveillance ou bontés. Quoique le mot serait supposément intraduisible, dit le chorégraphe Cherkaoui. Mais le voici agissant pour nous permettre de fuir momentanément les horreurs qui nous détruisent et nous immobilisent tous, en spectateurs impuissants et révoltés, d’être otages de telles nouvelles, depuis très bientôt deux ans fermes.
Turquie, Maroc, Palestine
Voilà trois des drapeaux qui surgiront au fil des chorégraphies, après les exercices de diction arabe, de mots ou phrases, qu’on ne nous traduit jamais, et que le public répète comme d’obéissants enfants volontaires — conduits, je ne sais toujours pas où, mais que nous donnait un professeur à baguette, flageolant ses élèves maladroits pour faire rire, en préliminaire.
C’est la première ludique scène d’écriture de mots en arabe, où on vante, sans modestie aucune, la langue arabe comme celle de l’ultime raffinement. Il se peut qu’on ait raison, je l’ignore totalement.
Morts sur scène
Au fil du spectacle, où seule la chanson bien connue Mourir sur scène (interprétée jadis par la défunte et regrettée Dalida) nous est donnée à entendre, en des mots français audibles et aussi, à applaudir spontanément, pour son séduisant jusqu’auboutisme résolu à crever en spectacle, nous entendrons (nous l’apprendrons, nous seuls restés à la discussion avec le créateur et ses artisans, offerte après le spectacle) du persan, de l’araméen, du syriaque, de l’arabe andalou, de l’arabe classique ; enfin les langues sémitiques ici valorisées, de ce coin du monde malmené, sans bon sens par Israël, depuis son Indépendance unilatéralement déclarée (mai 1948).
Mais aussi depuis le projet britannique de partage (1917) et, aujourd’hui, au comble de la dépossession totale, puisque le sinistre cavalier artisan frauduleux de l’Irak, dépecé en 2003, l’anobli Tony Blair, semble avoir été mis en charge de la solution finale actuelle, dont on n’ose pas prononcer clairement le sens.
Assumer en véracité l’usage du drapeau palestinien
À partir du moment où nous avons été témoin, des images de misanthropes destructions de villes entières à Gaza, lamentablement détruites par Tsahal, dès que le drapeau palestinien surgit, au fait, il faut avoir l’honnêteté d’exposer l’orientation du discours, promu ou promulgué, danse pas danse, chant ou non, pirouette de prière inavouée surtout…
Car le contenu des prières n’a pas, d’un côté ni de l’autre, l’innocence ou la bienveillance ou la bonté, donnée en titre, telle une bénédiction permettant de franchir toutes les frontières, sans se montrer à visage découvert.
Profonde indignation? Non
Le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui nous déclarait, en fin de soirée, qu’il préfère ne pas nous traduire ce que l’on nous chante (y compris des prières). Soit tout ce que l’on fait écouter au public ou répéter aux spectateurs, en tant de langues inconnues, car on perdrait le sens (de toute façon inaccessible avec précision donc inutile de s’en donner le fardeau et les moyens minimaux, selon lui), et il faut qu’on se concentre sur le sens des pas et mouvements.
Donc pas de traduction affichée qui nous distrairait, dit-il, de la danse, de la chorégraphie ou des gestes.
Je me réserve un refus d’adhérer à cette position.
Fin des cachotteries
De nous cacher les sens primordiaux ou figurés des mots chantés chaque fois? Ce qui se fait en affichage facilement à l’opéra et couramment, peut se faire sans prendre le public pour un incapable de lire, avec toute finesse de discernement, en jouissant AUSSI des très belles chorégraphies indéniables ici.
Puisque les faits politiques, militaires, diplomatiques, financiers, nous sont sans relâche travestis depuis des lustres.
Et que les médias alternatifs, nous les ont démaquillés en subissant des lapidations.
Que les orientations dénudées apparaissent enfin, pour avoir été déguisés en intention réelle, depuis la Déclaration Balfour, tout sur ce qui touche à la Palestine et le leurre risible, tant répété en échappatoire de l’onguent placébo, devenu le leurre des leurres appelé la solution à Deux États. Le massacre actuel INSUPPORTABLE au quotidien, dans ses proportions numériques réelles, avec la pilule dorée sacrée de vérité alléguée, à l’aube du 7 octobre en ses racines et ramifications de part et d’autre horrifiantes (la prise d’otages en masse et la doctrine Hannibal elle aussi).
Cette façon de faire mystère en ce sujet, dès qu’abordé, tout spécialement, ne peut plus passer inaperçue.
Résistance même aux manipulations gracieuses
Il est évident que jamais dans nos vies de citoyens-amateurs de danse, mélomanes ou spectateurs sensibles à la poésie, que nous les hyper manipulés à croire ce qu’on avère subito presto, sans nous donner le temps et les agents d’information intègre autrefois nombreux — aujourd’hui espèce assassinée par centaines ou disparue (appelée par pléonasme des journalistes intègres, mais impartiaux, objectifs — autrefois c’était implicite).
Il est évident que ce spectacle, dans ses mystères entretenus ainsi, instille une méfiance chez le spectateur, et prend des longueurs exaspérantes qui n’ont rien à voir avec la beauté plastique des gestes, des apparentes chorégraphies.
Si le chorégraphe affiche le drapeau palestinien et ces drapeaux du Maroc aussi, pays d’origine familiale ou non, eh bien quand on a lu Notre ami le Roi de Gilles Perreault (Gallimard, Paris, 1990, 367 pages) ou encore Notre ami Ben-Ali de Nicolas Beau et Jean-Pierre Tuquoi (La Découverte, Paris, 1999, 228 pages) où Oufkir au service du roi, montre son odieuse parenté de dessein sanguinaire avec Jabotinsky, et le mouvement de terroristes criminels parvenus jusqu’à nous, en 2025, au pouvoir absolu dans tout l’Occident y compris les Abu Nidal douteux d’agents doubles (Abu Nidal, A gun for Hire, de Patrick Seale, Random House, New York, 339 pages), non tout ça ne passe pas.
Il faut exiger la fin de ces cachotteries textuelles en représentations scéniques.
En ce moment l’horreur est génocidaire, il faut savoir où on loge. Désormais plus que jamais.































































