Québec Issime s’installe à Montréal, durant le temps des Fêtes, avec son spectacle Party ! De Janis Joplin à Lady Gaga, des Beatles aux Black Eyed Peas, une quinzaine de chanteurs et musiciens interprètent des dizaines de tubes festifs des cinquante dernières années, regroupés en différents tableaux. À ce feu roulant s’ajoutent quelques chorégraphies et de multiples changements de costumes ! Bref, c’est le party sur scène mais, qu’en est-il du côté des spectateurs ?
Sur le coup de 21h, le spectacle s’ouvre avec l’immortelle Pinball Wizard (The Who), suivie de Get Back (The Beatles). Durant ce tableau intitulé Woodstock, le Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis est enveloppé, du parterre au balcon, de projections en photos d’une immense foule, évoquant le mythique festival de 1969, emblématique de la culture hippie. Sur scène, les interprètes portent des tenues de cette époque et même des perruques parfois un peu caricaturales !
On chante, en solo, en duo, en trio, etc. Krystel Mongeau (gagnante de la dernière édition de Star Académie), Philippe Berghella et Sarah-Maude Desgagné, entre autres, sont de ce voyage musical où plusieurs chanteurs jouent aussi de la guitare ou du piano, en plus de danser. Chaque interprète doit se glisser instantanément dans l’univers de la chanson qu’on lui a confié, car les extraits choisis sont généralement courts.
Parmi les bons moments de la soirée, on retiendra l’interprétation très sentie de Laisse-moi t’aimer par Jordan Lévesque. Avec sa voix puissante et étendue, ce jeune colosse atteint aisément les plus hautes notes que chantait Mike Brant lui-même dans ce classique de 1970. Pour sa part, Krystel Mongeau est électrisante, entre autres, en faisant revivre Whitney Houston avec I wanna dance with somebody.
Visuellement, on a mis le paquet pour le numéro consacré à Lady Gaga, où Kelly-Ann Martin s’empare de Bad Romance.
Malgré tous ses atouts, Party ! n’atteint pas pleinement son but qui est de faire danser et chanter les spectateurs. En ce jeudi soir de première, le public est resté assis durant pratiquement toute la soirée, même quand on a lancé les bombes de l’«arena rock» : We will rock you (Queen) et Jump (Van Halen). Pourquoi ?
Il me semble que ce qui manque à cette soirée est un(e) animateur(trice) ou un(e) MC. Il faudrait quelqu’un pour présenter les tableaux, entre lesquels il y a souvent des temps morts. Par exemple, les années Woodstock se terminent avec Let the sunshine in (Hair). Les lumières s’éteignent et lorsqu’elles se rallument, on passe à Une belle histoire (Michel Fugain), suivie de Paroles paroles (Dalida), etc., au milieu de projections de photos évoquant Paris. Quelques mots aideraient sans doute le public à passer plus harmonieusement d’un univers à l’autre.
Cela dit, ne devrait-on pas aussi inviter explicitement le public à danser ? On sent que les gens ont envie de se déhancher, mais ils ne savent pas trop à quel moment le faire. Il manque une étincelle pour allumer le feu ! Bien sûr, on prend plaisir à réentendre Celebration et Hotel California (avec un excellent solo de guitare); on rigole devant la chorégraphie de YMCA, etc. Mais, tout cela s’enchaîne un peu comme une «playlist», ou une suite de chansons au temps des juke-box.
En dépit des chorégraphies parfois approximatives et des costumes qui n’avantagent pas toujours les interprètes de cette distribution, Party ! est un beau grand bateau, mais il manque un capitaine. De plus, on a beau aimer la musique, mais une revue qui dure plus de deux heures et demie (avec entracte), c’est peut-être un peu trop long. D’ailleurs, plusieurs spectateurs avaient quitté la salle, lorsqu’on a lancé en rappel, un peu après 23h 30, un medley de chansons d’amour issues de musiques de film.
Finalement, rappelons que les chansons de Party ! se prêtent indéniablement à la fête et que leurs dynamiques interprètes se donnent corps et âme. Une fois de plus Québec Issime fait preuve d’une générosité remarquable !
Party ! de Québec Issime
Au Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis jusqu’au 30 décembre (aussi offert en formule «souper-spectacle»)
Crédit photos : Paul Ducharme