À la fois bouleversant et drôle, le nouveau spectacle d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier est l’une des propositions théâtrales les plus originales présentées à Montréal, depuis le début de l’année. Au coeur du propos de Pas perdus : la mémoire. Bien sûr, le drame de la maladie d’Alzheimer nous interpelle tous, mais saurions-nous reconnaître les signes d’une perte de mémoire collective ?
Histoires vraies
Huit personnes qui ne sont pas des comédiens semblent pourtant très à l’aise sur la scène du Théâtre d’Aujourd’hui, où se jouent les documentaires scéniques : Pas perdus. Parmi elles, une jeune femme qui se considère à la fois blanche et noire, étant née d’une mère haïtienne et d’un père québécois qu’elle n’aura pas connu. On découvre également une orthophoniste qui aide un patient à réapprendre à parler, après un grave accident. Il y a aussi un Gaspésien qui a renoncé à une grande partie de sa liberté pour veiller sur son épouse atteinte de la maladie d’Alzheimer.
Chaque protagoniste s’amène sur le plateau, entouré d’objets qui lui appartiennent vraiment ou qui le représentent et il ou elle pose des gestes de son quotidien. Pendant ce temps, sa voix jaillit des haut-parleurs qui transmettent des extraits d’entrevues préenregistrées où chaque acteur-trice de ce théâtre-vérité s’est confié-e à Anaïs Barbeau-Lavalette. Le montage sonore d’Émile Proulx-Cloutier est si précis qu’on saisit rapidement la quête de Dominic, Elisabeth, Eva, Jérôme, Quentin, Réal, Sylvain et Yaëlle.
Le côté documentaire qui permet au public d’avoir accès à des confidences de ces inconnus combinées à leur présence sur scène en chair et en os, apporte à ce spectacle une vérité qui échappe à l’idée d’une performance théâtrale.
Un mur érigé du côté gauche de la scène permet d’identifier chacun de ces individus aux parcours très différents entre lesquels se tissent de nombreux liens. Ce même mur permet aussi des projections qui viennent compléter ou préciser les propos développés, qu’il s’agisse de la perte de la mémoire, des racines, du langage ou du deuil.
Une autre précieuse pièce du décor est un amas de chaussures rappelant que nous sommes, en quelque sorte, dans la salle des pas perdus, où des rencontres surprenantes vont se produire.

Crédit : Valérie Remise
Qu’est-ce qui unit les personnages de Pas perdus ? Le désir de découvrir ou éclaircir leur histoire ? La crainte d’oublier leurs racines et leur identité ? Anaïs Barbeau-Lavalette qui est sur scène à chaque représentation voit ce spectacle comme une réflexion sur l’identité québécoise.
Chose certaine, les protagonistes ont un étonnant point en commun qui leur permet d’avoir du plaisir et de multiplier les moments festifs, au cours de ce spectacle d’une heure cinquante qui passe comme un éclair ! On demande d’ailleurs aux journalistes de ne pas révéler le lien qui unit les protagonistes sur scène. Nous allons donc respecter cet embargo sur le punch de la soirée qui ne devrait laisser personne indifférent…
Pas perdus – Documentaires scéniques
Recherche et entrevues : Anaïs Barbeau-Lavalette
Mise en scène, conception narrative et montage sonore : Émile Proulx-Cloutier
Avec : Dominic , Elisabeth , Eva , Jérôme , Quentin , Réal , Sylvain , Yaëlle , accompagnés sur scène par Anaïs Barbeau-Lavalette
Musique originale : Guido Del Fabbro
Au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui / du 8 mars au 2 avril
Billets
Un balado pour Pas perdus
La création du spectacle Pas perdus fait également l’objet de balados. Narrée par Anaïs Barbeau-Lavalette, cette série revient sur les rencontres avec les huit protagonistes. À compter du 21 mars sur la plateforme Radio-Canada OHdio.






























































