De la visite plutôt rare au Coup de coeur francophone, où Patrick Norman fait escale dans le cadre de sa tournée d’adieu. Le septuagénaire reprend les grands succès de ses cinquante ans de carrière dans un spectacle intitulé Si on y allait, avec lequel il continuera de parcourir le Québec au moins jusqu’en juin 2023. L’artiste se réserve toutefois le mois de mars prochain pour aller au Rwanda, un pays où l’on connaît ses chansons, même si le Québécois n’y a encore jamais mis les pieds…
La longue route
«Je suis heureux quand je chante ! Ça n’a pas faibli !», lance-t-il avec un sourire dans la voix. Alors, pourquoi une tournée d’adieu ? «Généralement, mes tournées s’étalent sur deux ou trois ans, ce qui signifie qu’au moment d’entreprendre la prochaine, je serais près de mes 80 ans et je dois dire que plus ça va, plus ça devient contraignant de parcourir autant d’asphalte !».
Mais, pour l’instant, la santé et le public sont au rendez-vous. «Mes salles sont pleines partout et on s’amuse !» Il faut dire qu’il en a eu des tubes, celui qui, dès 1972, obtenait un disque d’or pour la chanson Mon coeur est à toi. Par la suite, toute la Belle Province chantera avec lui Quand on est en amour, Elle s’en va, La guitare de Jérémie, etc. Et pas question de les regrouper en medleys : «Les chansons ne sont pas des Smarties à 15 cents la douzaine ! Je ne veux pas décevoir les gens en n’interprétant qu’une partie de ce qu’ils veulent entendre.»
Côté santé, l’homme de 76 ans qui est aussi un guitariste réputé, admet qu’il a des problèmes d’arthrite au niveau des mains. Il a d’ailleurs subi une opération chirurgicale à la main gauche. Mais rien de tout cela n’arrive à gâcher son plaisir : «Tant que je me sentirai en contrôle de mes moyens, je vais continuer. Par contre, je ne monterai pas sur scène comme un mendiant, si un jour je n’ai plus la santé.»
Patrick Norman au Rwanda
Parmi ses projets, le chanteur en a un qui lui tient particulièrement à coeur. Il y a une trentaine d’années, l’humoriste d’origine rwandaise Michel Mpambara lui a dit : «T’es une grande vedette au Rwanda ! Les gens t’adorent ! Ils chantent tes chansons dans les mariages.»
D’abord sceptique, Patrick Norman a réalisé l’impact qu’il avait dans ce pays d’Afrique de l’Est, grâce au touchant témoignage d’une admiratrice qui lui a confié : «Pendant que des membres de ma famille se faisaient massacrer durant le génocide, j’étais cachée et je tenais le coup en chantant, dans ma tête, Quand on est en amour. Vous m’avez sauvé la vie !»
Après tout ce temps, les astres s’alignent enfin pour que le Québécois se rende au Rwanda. «Je vais peut-être y donner quelques spectacles, mais je veux surtout me présenter aux Rwandais», qui sont à ses yeux un modèle d’espoir pour l’humanité, entre autres, parce qu’ils ont su se réconcilier après les atrocités de 1994.
Patrick Norman prévoit faire ses valises pour le «pays des mille collines», au printemps prochain, au moment où le cinéaste québécois Charles Domingue y tournera un documentaire. «C’est un long voyage, mais je sais que je vais le regretter si je n’y vais pas.»
Souvenirs heureux
Alors qu’il est devenu un véritable emblème du country-folk québécois avec ses 33 albums studio en carrière, l’homme est serein. Au cours de sa longue carrière, il a su gagner le respect du public avec des disques très soignés. On se souvient, entre autres, de Passion vaudou, qu’il était allé enregistrer en Louisiane, il y a plus de trente ans déjà.
Ses voyages lui ont aussi permis de vivre plusieurs des plus belles rencontres de sa vie. Il mentionne, entre autres, les Américains Chet Atkins et Garth Brooks, géants du country, ainsi que le guitariste et chanteur australien Tommy Emmanuel qui est devenu un ami.
Parlant de souvenirs, comment passer sous silence la période des Fabuleux Élégants, groupe fondé en 1998, avec Jeff Smallwood, Bourbon Gautier et William Dunker ? Patrick Norman n’a pas oublié cette belle époque où la formation avait d’ailleurs été invitée au Coup de coeur francophone.
«Cette fois-ci, j’ai le plaisir de monter sur scène avec ma douce Nathalie Lord (chant), ainsi que les multi-instrumentistes Jean-Guy Grenier et André Proulx. Je promets d’être moins bavard que d’habitude pour pouvoir offrir plus de chansons au public. En plus le Club Soda est une salle qui se prête bien à la fête !»
Patrick Norman au Coup de coeur francophone
Club Soda, 11 novembre / Billets