Peu avant les quatre dernières prestations des demi-finalistes au Concours Chopin (où nous attendons, ce soir jeudi 16 octobre 2025, le talentueux Canadien Kevin Chen et le mûr artiste de premier plan que demeurera Eric Lu) voici mes brefs instantanés de portraits d’artistes qui m’auront inspiré suite aux écoutes attentives de 145 récitals offerts par 85 artistes.
Poétique Japonais: Tomoharu Ushida 牛田智大
La pénétration poétique de l’élégant et raffiné Tomoharu Ushida dans la Fantaisie opus 49 ne peut séduire les superficiels : ses somptuosités d’éloquence dans un flux continuel, un équilibre des proportions dynamiques et des formes toujours respectées ne cèdent jamais en rien aux tentations tapageuses.
Même les éruptions volcaniques de passions inassouvies chez Chopin le conduisent avec cette humble effusion sentimentale de la cantilène centrale au vrai repos du sentiment: l’élégie.
À souligner le Presto final (travaillé à la perfection) de la sonate opus 58 : il jaillit de pure fulgurance légendaire et, étant connu du public et depuis le dernier concours en 2021, Tomoharu peut (doit) passer après une telle performance optimale, celle, peut-être la plus cruciale de toute sa vie d’interprète.
Même espoir pour Miyu Shindo. Sonate no.3 : Vincent Ong comme un génie
La plus belle des trois sonates, à mon avis, l’opus 58, abonde de ces cantilènes centrales à ses mouvements. Et Vincent Ong – ce fabuleux virtuose malais ignoré d’existence dans sa Malaisie — avait élevé au pinacle la version magnétisante de cette oeuvre cosmique durant ce fabuleux concours musical, une réunion des pianistes les plus prometteurs d’aujourd’hui et de demain où je vis les plus séduisantes émotions de toute ma vie de mélomane incorrigible.
Tout son récital du mercredi 15 octobre mériterait d’amples louanges dithyrambiques dont le Malais, hyper confiant en lui, n’aura rien à faire, bien entendu.
Encore une élève de Dang Thai Son
J’insiste sur le fait qu’il y a eu encore plus impressionnant que Vincent Ong! Malgré que le public préfère les garçons interprètes, sur les réseaux sociaux aussi, c’est l’imperturbable déesse chinoise Zitong Wang qui râfle, à mon avis, la palme du Choc suprême! Aex-equo avec Tianyao Lyu.
… jamais mains humaines ni cerveau n’ont fait mieux dans toute l’histoire des concerts ET des enregistrements.
Quelque chose comme le tonnerre, des éclairs et du dionysiaque en rêveries. Le Finale Presto de sa troisième sonate opus 58, eh bien, écoutez-moi : jamais mains humaines ni cerveau n’ont fait mieux dans toute l’histoire des concerts ET des enregistrements.

Photo by Wojciech Grzedzinski for NIFC
Plus estomaquante encore dans le dépouillement d’une apparente simplicité, Zitong nous a joué, avec une adresse de la plus fine éloquence la plus apparemment facile des valses soit celle en mi mineur WN 18.
Onirisme absolu
En somme, je lui fais pour terminer cet éloge rempli d’hommages, ce laurier d’avoir dépassé dans son Scherzo no.1 opus 20 même Svjatoslav Richter, même Claudio Arrau, enfin le comble de mes honneurs ressentis… pour ce qu’ils valent de juste jugement.
Son récital entier d’aujourd’hui 16 octobre doit passer à l’histoire des performances en compétition au bas mot, en vérité dans l’Histoire avec un grand H.
Une nouvelle Clara Haskil?
Zitong Wang habite sa propre planète idéale, et, je l’écris ici, en toute conscience réfléchie, ce que fut jadis la très jeune Martha Argerich en 1965, n’est rien comparé à ce talent tant virtuose qui assume être sensible à la poésie et est aussi dotée de l’impeccable clarté des deux mains expressives notamment dans la Mazurka opus 50 no.3, et aussi les Variations opus 12 qu’elles nous a données.
Absence polonaise au second tour
Si les Polonais s’étaient vraiment mieux soucié de faire passer un vrai talent exportable, consécutif au premier tour, c’est Krzysztof Wierciński qui était leur plus valeureux élément. Et non ceux qu’ils nous affligent à coups de deux à la fois, centenaire ou pas: on enlève des places à de vrais talents que des foules en délire nationaliste adopteraient volontiers comme le véritable espoir musical du si fier pays que restera toujours la vaillante Pologne.
Photos : Krzysztofs Szlezak































































