On l’attendait depuis des mois La Zarra, cette énigmatique Longueilloise installée en France où elle a lancé sa bombe Tu t’en iras, l’an dernier. Depuis ce temps, le clip de cette chanson a été visionné des millions de fois sur YouTube. Un peu comme si Piaf chantait du hip-hop, Fatima-Zarah Hafdi est en train de séduire les Français. Déjà en 2021, elle arpentait le tapis rouge des NRJ Music, à Cannes, où elle était en lice pour le prix de Révélation de l’année. Les Montréalais ont finalement pu la voir en chair et en os, ce mercredi (15 juin), sur une scène extérieure des Francos de Montréal.
«C’est la première fois que je chante à Montréal. Je viens de Longueuil. J’ai beaucoup tourné en France, mais ce soir je suis très nerveuse !» Les applaudissements chaleureux et les cris de la foule nombreuse auront sans doute rassuré l’artiste.
Entourée de quatre musiciens, sur l’immense scène Bell, La Zarra ouvre son concert avec Fille de joie, qui est aussi la première pièce de son album Traîtrise paru l’an dernier.
Suivra Tout feu tout flamme que ses admirateurs chantent avec elle. La Zarra roule ses «r» un peu comme «la môme» et ses chansons parlent souvent d’histoires d’amour difficiles.
D’autres géants de la chanson française semblent hanter le répertoire de la Longueuilloise. Le fantôme de Montand nous revient avec C’est une chanson qui emprunte certains mots des Feuilles mortes.
La vie d’artiste, où il est question de «ne manger qu’un jour sur deux, nous entraîne dans un univers rappelant celui de La Bohème d’Aznavour.
Puis, l’auteure-compositrice offre Amour de quartier, en «hommage à ceux qui sont tombés sous la violence des gangs de rue».
Les rythmes sont parfois dansants, mais dans l’ensemble, les chansons de La Zarra sont plutôt intimistes et peinent à s’imposer en un lieu aussi vaste que la Place des Festivals. L’artiste ne semble pas encore tout à fait à l’aise sur scène, où elle n’est restée qu’une quarantaine de minutes, alors qu’elle avait une heure devant elle. Plutôt décevant !
Au rappel, elle reprend quelques mesures de Tu t’en iras a cappella et le public chante avec elle. Bref, La Zarra se concentre présentement sur sa carrière en France et elle a déjà un public enthousiaste au Québec. Reste à voir si elle a vraiment envie de tisser des liens avec lui.
La Zarra / Scène Bell / Francos de Montréal / 15 juin
Yseult fait vibrer la Maison symphonique
La chanteuse Yseult, révélation féminine aux Victoires de la musique en 2021, a reçu une ovation avant même de commencer à chanter, ce soir (15 juin), à la Maison symphonique. L’artiste française qui est venue au Québec, l’hiver dernier, pour un gala de Star Académie, multiplie les prouesses vocales, à la croisée du soul, du gospel et de la chanson française.
On la connaissait sur vidéo, sur les réseaux sociaux et pour des publicités de cosmétiques, mais plusieurs ont découvert, ce soir, une interprète imposante. Accompagnée du pianiste Kenzo Zarzulo, Yseult est maintenant bien loin de l’électro-pop de son album lancé en 2014. La jeune femme née de parents d’origine camerounaise qualifie dorénavant son style d’« Y-trap », mêlant ambiances planantes et écriture brute.
Connue pour son franc-parler, la chanteuse qui dénonce entre autres la grossophobie émeut ses admirateurs avec sa chanson Corps : «J’me fais du mal depuis des années / La main sur les yeux / Pas envie de la retirer… » Engagée contre le racisme, elle interprète Noir un peu comme une prière : «Serrer les dents, toute ma life, tout est noir dans ma life». On a l’impression d’être en présence d’une vieille âme.
À 27 ans, l’artiste chante aussi Plus rien à prouver. Dans un tout autre registre, les paroles lascives de Sexe font irruption : «Baby, are you down for a rodeo / Diamond sur ma cuisse, ça part en rodéo / Caméra sur nous, j’veux grimper aux rideaux…»
Le concert d’Yseult n’aura duré qu’une heure. Même si sa voix étendue est franchement impressionnante, ses chansons sont toutes plutôt lentes et torturées et elles se terminent souvent par une sorte de feu d’artifice vocal soul.
L’artiste avait promis en début de soirée de se donner à fond et elle a tenu parole. En retour, elle a eu droit à une écoute très attentive dans la Maison symphonique qui était loin d’être remplie. Au parterre, entre autres, de nombreux sièges sont restés vides.
En première partie, la chanteuse électro-pop Naomi avait pour mandat de réchauffer la salle. Cette artiste multidisciplinaire qui enregistre pour l’étiquette de Coeur de pirate Bravo musique! avait dansé dans un numéro avec Yseult sur le plateau de Star Académie, en février dernier.
Yseult / Maison symphonique / Francos de Montréal / 15 juin
Clara Luciani triomphe aux Francos
Le MTelus était rempli à craquer pour Clara Luciani, ce soir (15 juin), comme ce fut le cas mardi soir. Le bonheur communicatif de Clara lui aura valu un deuxième triomphe avec ses mélodies addictives : Coeur, Respire encore, La grenade (tirée de son premier album), etc.
En plus de ses chansons dont le rythme vous entraîne, il y a la manière Clara. Avec ses jolis pas de danse, ses gestes gracieux et ses présentations enjouées, rien ne lui résiste. Non seulement on chante et on danse avec elle, mais elle nous demande aussi parfois d’ajouter la gestuelle appropriée et on le fait.
Élégante aussi dans ses moments d’humour, elle souligne que ce n’était pas facile de draguer durant la pandémie. Par contre, le masque était sans doute un avantage pour plusieurs, ajoute la pince-sans-rire.
Puis, c’est le moment d’accueillir sur scène son ami Pierre Lapointe qui une heure plus tôt assistait au spectacle d’Yseult.
«Je sais que tu as été infidèle. Tu as composé avec d’autres, mais moi je n’ai écrit qu’avec toi», lance affectueusement Clara au grand Pierre avant leur duo Qu’est-ce qu’on y peut ? Quelle belle complicité entre ces deux surdoués ! Dans les couplets de Clara, on croirait entendre Françoise Hardy ! C’est à vous en donner la chair de poule !
D’ailleurs, si le répertoire de Luciani est si rassembleur, c’est sans doute parce qu’il est une merveilleuse synthèse de la chanson populaire rappelant parfois ABBA, France Gall (Tout le monde sauf toi), ou même Joe Dassin à travers la mélodie de Sad & Slow. Non, Julien Doré n’a pas fait le voyage à Montréal, mais Clara a tout de même chanté ce duo avec l’aide d’un de ses musiciens et le public du MTelus qui la connaissait par coeur !
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Clara Luciani qu’on avait pu voir en première partie de Eddy de Pretto, en 2018, au MTelus, y est revenue par la grande porte avec quatre excellents musiciens. Cette nouvelle cuvée Luciani se classera sans doute parmi les grands crus des Francos 2022.
Clara Luciani / MTelus / Francos de Montréal / 14 et 15 juin