La bonne humeur et l’entrain des chanteurs de l’ensemble Quartom auront eu l’effet d’un antidote à la déprime, lors du spectacle de lancement de leur nouveau disque. Un public à la fois attentif et rieur s’est vite laissé gagner par ce quatuor vocal qui n’a pas froid aux yeux, se permettant de réarranger des chansons des Beatles, ainsi que Carmina Burana, sans oublier une version malicieusement pompeuse d’une incontournable de Michel Louvain.
Rendez-vous en deux temps
Quelques mois après avoir reçu le prix Opus d’album de l’année-Musiques médiévale, de la renaissance et baroque, Quartom présente déjà un nouveau disque de pièces classiques. Il s’agit d’une partie du répertoire du spectacle Rendez-vous qui compte aussi des chansons populaires que le Quatuor veut également enregistrer, bientôt. Parmi celles-ci, une fort belle relecture à quatre voix de Cent mille chansons, popularisée pas Frida Boccara.
À l’aise dans une multitude de registres, Quartom aura démontré son savoir-faire sur la scène de la Salle Bourgie, mercredi (30 septembre 2020), à un public qui en a bien profité, tout juste avant le reconfinement. Julien Patenaude (baryton et contre-ténor), Benoit Le Blanc (baryton), Philippe Martel (baryton-basse) et leur nouveau complice, Philippe Gagné (ténor) sont passés avec un plaisir évident de l’autodérision au plus grand sérieux.
Se comparant aux Beatles qui après tout était «aussi un groupe formé de quatre gars», nos joyeux lurons soulèvent des éclats de rire en confirmant qu’ils vont, eux, continuer de donner des spectacles, contrairement aux «quatre garçons dans le vent» qui avaient délaissé la scène, parce que leurs passages soulevaient l’hystérie du public féminin. Quartom n’a pas ce problème. On rigole ferme, puis, quelques minutes plus tard, on plonge dans les abîmes de La Chanson des vieux amants, d’abord popularisée par Jacques Brel, puis par Juliette Gréco. Quelques jours après le décès de cette dernière, les larmes nous montent aux yeux en écoutant les arrangements qu’a fait Simon Leclerc de ce grand classique.
Enfin, des extraits de Carmina Burana de Carl Orff, sont suivis, au rappel, de La Dame en bleu, arrangée pour quatre voix. Aimez-vous vraiment toutes ces musiques ai-je demandé aux quatre chanteurs rencontrés après le spectacle ? «Non», répond Philippe Martel, pince-sans-rire, «mais nous aimons faire plaisir au public, entre autres, en interprétant des chansons qui le font immanquablement s’amuser».
En plus de Carmina Burana, dont les arrangements de Julien Patenaude pourraient faire sourciller les puristes, l’album Rendez-vous est composé, notamment, d’oeuvres de Mozart et de Francis Poulenc également arrangées par Patenaude. On y trouve aussi une interprétation touchante de Pavane de Thoinot Arbeau, compositeur du XVIe siècle. Les voix de Quartom se fondent harmonieusement aux nuances de cette supplication : «Belle qui tiens ma vie Captive dans tes yeux Qui m’as l’ame ravie D’un souris gracieux Viens tôt me secourir Ou me faudra mourir.»
Enfin, parmi les 39 minutes de chant a cappella de Rendez-vous, l’un des temps forts est assurément Die nacht (La nuit) de Schubert. Après les nombreuses versions, internationalement fréquentées sur youtube, la formation montréalaise apporte à ce lied du XIXe siècle la couleur et la sincérité de Quartom.
Quartom, Rendez-vous
3,5 / 5
La photo de Quartom prise à la salle Bourgie, mercredi dernier (30 septembre) est de Geneviève Leclerc. De gauche à droite, on y retrouve Philippe Martel, Philippe Gagné, Julien Patenaude et Benoit Le Blanc.