Les doutes se sont probablement dissipés, hier soir (30 juin), au Théâtre Maisonneuve, pour ceux qui se demandaient encore si le fils de John et Alice Coltrane mérite l’attention qu’on lui porte comme musicien, indépendamment de l’immense réputation de ses parents. Le saxophoniste américain a présenté un concert impeccable qu’on pourra sans doute classer parmi les très bons moments musicaux de cette 40e édition du FIJM.
Bien sûr, on dira que Ravi ne révolutionne rien, qu’il ne bouscule pas trop les codes, mais quel musicien il est devenu ! D’ailleurs, lors de la parution de son album «Spirit fiction», en 2012, on reconnaissait que le fils émergeait de l’ombre de son père, tout en admirant son courage de continuer à jouer du sax, malgré les inévitables comparaisons avec son illustre paternel. En fait, déjà à l’époque de «in flux», en 2005, Ravi affirmait sa personnalité artistique, tout en assumant sa filiation, avec la belle pièce «Dear Alice».

Crédit photo : Benoit Rousseau
Pas d’exubérance à la Kamasi Washington, disons, mais quel souffle il a cet élégant quinquagénaire ! Tout est minutieusement soigné dans sa musique. Les notes sont déposées. La balance de son est parfaite ! On peut donc tout entendre des discours complexes de chaque instrument, grâce au pianiste virtuose David Virelles, épaulé par le batteur Jonathan Blake et le contrebassiste Dezron Douglas. Admirable travail d’équipe de ces artistes à l’écoute l’un de l’autre.
La force tranquille
Sobrement vêtu de noir, le saxophoniste cède volontiers l’avant-scène, pour qu’on puisse voir ses musiciens à l’oeuvre, puis, il revient presque sur la pointe des pieds. Il présente avec délicatesse une pièce tirée d’un album d’Alice Coltrane («Eternity»), enregistré dans les années 70. Rappelons que le fils avait aussi réussi à convaincre sa mère de retourner en studio, après 26 ans d’absence et enregistrer «Translinear Light», en 2004. Ravi a aussi fondé un label indépendant RKM Music et produit «Legacy», un coffret de disques consacré au travail de son père. .
Respectueux envers ses géniteurs et ses musiciens, Coltrane l’est aussi avec le public montréalais auquel il dit «bonsoir» et «merci beaucoup», une politesse qui se raréfie, au fil des ans.

Crédit photo : Sébastien Jetté
Jazzer pour les immigrants refoulés à la frontière américaine
En première partie de cette soirée au Théâtre Maisonneuve, le batteur et compositeur d’origine mexicaine Antonio Sanchez a présenté, essentiellement, les pièces de son plus récent album «Lines in the Sand» qui évoque l’horreur vécue par de nombreux immigrants, refoulé aux frontières des États-Unis. On a fait entendre une sirène en ouverture du concert, après quoi les pièces «Traversia» et «Long road», notamment, sont venues illustrer en musique le désarroi de ces malheureux. Ces pièces sont complexes et souvent émouvantes, mais elles m’ont parues longues. En plus, Sanchez s’est livré à tout un prêchi-prêcha sur cette saga migratoire, tant et si bien qu’on aura pris près d’une heure 50 à jouer 6 pièces. En fin de soirée, des dizaine de spectateurs, apparemment saturés, quittaient bien avant la fin du concert de Coltrane, par ce dimanche soir de long week-end.
Ravi Coltrane Quartet / Antonio Sanchez & Migration
Au Théâtre Maisonneuve, 30 juin, dans le cadre du FIJM
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