À 70 ans, Richard Séguin lance l’album Les liens les lieux, entouré de plusieurs collaborateurs dont l’écrivaine Hélène Dorion. «Les liens», ce sont des personnes importantes dans sa vie. Il y va de vibrants hommages à ses parents et aussi au chanteur innu Florent Vollant. Pour ce qui est des «lieux» évoqués, il s’agit parfois de la planète en péril, mais aussi de la beauté des «territoires» où nous vivons et du vieux rêve de fonder un pays. Plus encore, notre Richard Coeur-de-Séguin part en tournée. Il s’arrêtera au Théâtre Outremont, cet automne, pour deux soirs.
Les liens les lieux
Le nouveau disque de Richard Séguin s’ouvre avec une chanson d’une grande douceur, même si le texte d’Hélène Dorion est inquiétant, voire alarmant : «Il est déjà minuit dans la forêt du monde / Qu’est-ce qu’on a trahi pour que l’orage gronde». Malgré tout, il y a des mots d’espoir : «Garde-moi un peu de poésie».
C’est une fois de plus la force tranquille et bienfaisante de Richard Séguin qui s’exprime. Par dessus-tout, ce qui m’émeut dès les premières mesures, c’est sa voix toujours si belle après tant d’années. Un cadeau de la vie !
Cela dit, le septuagénaire admet qu’il se fait tard, en empruntant les mots de Marc Chabot : «Puisqu’il me reste un peu de temps pour inventer de nouveaux chants / De douces notes avec des mots / Je t’emmènerai près du ruisseau.»
Si les ballades dominent en nombre sur ce nouveau disque, il y a aussi des rythmes plus vigoureux dont Habité et On voudrait qui rappellent l’esprit de Journée d’Amérique. Dans les deux cas, soulignons l’excellent travail d’Alain Bergé à la batterie et de Karine Pion aux harmonies vocales. Ce même tandem apporte une bénéfique légèreté à Chemins forestiers, très critique envers nos dirigeants : «Un langage de ministère / Tout s’écrase aux quatre ans / L’avenir au cimetière / Juste derrière les coupes à blanc»
L’auteur-compositeur né à Pointe-aux-Trembles plonge dans ses souvenirs pour exprimer sa gratitude envers sa mère : «C’est grâce à toi s’il y avait des livres / C’est grâce à toi le piano du salon… Tout près des trembles / C’est ta voix qui me manque». On en a des frissons !
Vers la fin de l’album, on entre sur la pointe des pieds dans «Le garage de mon père fait de tôle et de bois… Jésus-Christ en sanglots au-dessus du cadran / Le rabot, l’escabeau et la photo de Chartrand». Simplicité et précision, au service d’un noble devoir de mémoire : «Le garage de mon père… une complainte ouvrière qui me revient malgré moi». Du grand Richard Séguin !
L’album physique est un bel objet où l’on trouve un livret fort utile. En plus des photos des collaborateurs de Séguin, il y a les textes des chansons dont on découvre parfois de nouvelles facettes en les lisant. Quant à la qualité de l’enregistrement, elle est sans faille. La captation de la voix de Séguin, entre autres, donne un sentiment de proximité, comme si l’icônique Richard était dans notre salon !
Coup de coeur francophone
Richard Séguin part en tournée. On prévoit plus de 70 spectacles dont plusieurs dizaines affichent complet. L’auteur-compositeur-interprète se produira en ouverture de la 36e édition de Coup de cœur francophone, le 3 novembre prochain, au Théâtre Outremont. On a d’ailleurs annoncé l’ajout d’une supplémentaire, le vendredi 4 novembre, au Théâtre Outremont également.
Que nous réserve l’artiste après 5 ans d’absence ? « J’arrive à vous avec des chansons qui me tiennent à cœur, des inédites, des anciennes et des extraits de mon album… Les liens les lieux. J’apporte avec moi des mots et des musiques pour les saisons, pour les grandes forêts de l’espoir, pour s’entendre dans notre propre langue et pour éveiller la mémoire. »
Pour ce nouveau spectacle, Richard Séguin sera accompagné sur scène de ses fidèles musiciens : Raphaël D’Amour (guitares), Simon Godin (guitares) et Alexis Martin (percussions). Jean-François Couture est à la conception d’éclairage et David Laurendeau au son.
Billets au Théâtre Outremont
Détails de la tournée de Richard Séguin
Photo d’accueil / Crédit : Pierre Letarte