Celle qui a conquis le monde avec «Downtown», en 1965 et connu des dizaines de succès internationaux nous offrait, hier soir, au Théâtre Maisonneuve, un spectacle spécialement conçu pour le Québec, elle qui donnera un tout autre tour de chant, en anglais, à Toronto, lundi prochain. D’entrée de jeu, les admirateurs de la dame ne se sont pas fait prier pour chanter avec elle «Je me sens bien auprès de toi» et s’en donner à coeur joie avec les : «Oh, yep, yep, yep!»
L’octogénaire souligne ensuite qu’elle est honorée de chanter aux «Francos», elle qui est Britannique, «mais mon coeur est français», ajoute-t-elle. Puis, on a droit à «Je reviens de loin», l’une des très belles chansons de l’album «Vu d’ici», enregistré à Montréal avec les talentueux Louis-Jean Cormier et Antoine Gratton qui n’étaient même pas nés dans les années 60, alors que la pétillante anglaise était déjà une star internationale. Elle invite d’ailleurs Gratton, qui est aux claviers dans son groupe de 5 musiciens, à venir chanter en duo «Sourire» qu’il a écrite pour elle. Le musicien souligne qu’il n’aurait pas pu s’imaginer chanter un jour avec Petula. On est ému avec lui. On applaudit.
[masterslider id= »307″]En plus de soixante ans de carrière, on s’en doute, la dame a rencontré bien des célébrités. Elle en parle avec une modestie parfois teintée d’espièglerie, racontant, entre autres, comment un Gainsbourg très timide s’est amené chez elle pour lui présenter «La gadoue». Elle lui a d’abord offert un thé, mais le grand Serge a plutôt accepté une bière qu’il a fini par renverser dans le piano ! Encline à l’autodérision, Petula ajoute avec son charmant accent «british» que «La gadoue» a été reprise par une autre anglaise (Jane Birkin) qui, elle, a un accent quand elle chante en français… On se bidonne !
Le fait d’avoir côtoyé des monstres sacrés comme Gainsbourg et Brel ne l’empêche pas de manifester son admiration envers celui qu’elle présentera comme Jean-Louis Cormier. Louis-Jean ne s’en offusque pas, lançant à la blague que ses parents souffraient de dyslexie. Quel beau moment de les voir chanter ensemble, «Le chemin de la gare», écrite par le Sept-Îlien, qui ne cesse de nous étonner depuis ses débuts avec le groupe Karkwa.
Les immortelles comme «Don’t sleep in the subway», alternent avec les chansons de «Vu d’ici», telles «Ceux qu’on aime» et «À corps perdu» signée France D’Amour qui, elle aussi, s’offre un duo avec la grande dame.
À 86 ans, la chanteuse encore capable d’envolées vocales aura livré une vingtaine de chansons sans télésouffleur, ne s’assoyant qu’une seule fois durant la soirée pour interpréter, en s’accompagnant au piano, «Pour être aimée de toi». Elle raconte alors que Charles Aznavour lui a écrit ce texte en l’incitant à composer elle-même la musique.
Ovationnée pour son interprétation de «La chanson d’Evita», elle enchaîne avec «Downtown» et termine avec la bouleversante «Jamais adieu» de Nelson Minville : «Je ne fermerai jamais la porte Même si le vent m’emporte… J’aurai toujours dans mon coeur De la place pour deux»
La grande classe ! Mémorable !