Il a beau chanter «Je suis un gars ben ordinaire» depuis près d’un demi-siècle, Robert Charlebois nous a démontré, une fois de plus, l’immensité de ses talents, en ce soir de première montréalaise, de son nouveau spectacle. De plus, à quelques semaines de ses 75 ans, le chanteur demeure un performeur exceptionnel, prenant un plaisir évident à livrer un solo de guitare et même à s’asseoir à la batterie, alors que son groupe de 10 musiciens de haut calibre compte déjà deux batteurs.
Cela dit, la «valeur ajoutée» de ce spectacle c’est l’écran géant, où des projections fort pertinentes viennent enrichir les chansons. D’entrée de jeu, on éclate de rire en voyant Charlebois dans la vingtaine qui craint de devenir un vieux chanteur, à l’approche de ses 30 ans. Puis, «Garou 1er» ouvre les hostilités avec «Le manque de confiance en soi», un texte récemment retrouvé de Réjean Ducharme, sur un thème plutôt étonnant pour ouvrir un spectacle rock. Mais, dès la deuxième chanson, la magie du «CharleboisScope» opère et l’increvable «Dolorès» cligne de l’oeil, alors qu’une multitude de véhicules apparaissent à l’écran, pendant que Robert chante les Peugeot, les Alfa Roméo et bien sûr sa Toronado. Qu’il s’agisse de «Fu Man Chu», ou «Mon pays», on puise aussi dans les images de nombreux films dans lesquels Charlebois a joué pour raconter visuellement les chansons. Chapeau aux deux studios multimédias qui ont unis leurs talents pour «Robert en CharleboisScope» : 4U2C(P!NK, Jay Z – Kanye West, Justin Timberlake, Taylor Swift) et Champagne club sandwich (Jain, Ai, Dead Obies).
«58 ans d’amitié!»
Ovation dès l’entrée en scène de Louise Forestier pour «California» suivie, bien sûr, de «Lindberg». Robert la remercie tendrement, en soulignant leurs «58 ans d’amitié!» La dame reviendra plus tard pour un autre duo : «La fin du monde».
Émotion et plaisir ! Wilfrid-Pelletier en symbiose avec son «bum de bonne famille» ! En effet, tout le monde chante «Québec !» en même temps, ou presque, dans «Les ailes d’un ange» et frappe des mains aux bons moments dans «Lindberg». Des chansons fortes et bien construites qui durent ! Ça saute aux yeux, en ce soir de juin 2019 qui a un peu des allures de fête de la Saint-Jean.
Charlebois, gravé dans notre ADN
Après ce feu roulant d’une heure cinquante minutes, un fait demeure : Charlebois est gravé dans notre ADN. Après avoir largement contribué à révéler les Québécois à eux-même en chantant en joual, dans les années 70, l’artiste a continué d’évoluer dans un français plus standard, avec des chansons diablement rassembleuses, telles «J’t’aime comme un fou», pour laquelle il s’est d’ailleurs mis à la batterie. Puisant dans toutes les époques de son vaste répertoire, il reprend «Te v’là», en présence de son intrépide parolier Marcel Sabourin. En rappel, on a aussi droit à la splendide «Je reviendrai à Montréal», puis, Robert revient seul au piano avec l’émouvante «Et voilà», chanson-titre de son dernier album (voir notre texte : http://lesartsze.com/robert-charlebois-et-voila-un-bilan-qui-groove). «La mer continue à monter Ce soir, j’ai peur de me montrer Bien plus ordinaire que vous m’imaginez J’aurais pu, j’aurais dû beaucoup mieux vous aimer Et toi, tu vas continuer à briller sans moi C’est la vie, c’est comme ça…»
Bref, un spectacle de Charlebois à son meilleur, avec un excellent groupe de musiciens et dans un environnement visuel fascinant !
Robert en CharleboisScope
Salle Wilfrid-Pelletier, les 6 et 8 juin, ainsi que les 4, 5, 6 et 7 décembre 2019