Soirée magique avec Roch Voisine au Cabaret du Casino de Montréal ! L’artiste présente son spectacle Americana Light, composé de succès du Great American Songbook et inspiré d’une série de trois albums qu’il a lancés au début des années 2010. Entouré de quatre musiciens et une choriste, le chanteur fait revivre avec panache des mélodies de plusieurs monstres sacrés dont Simon & Garfunkel, Bob Dylan, Neil Young, les Everly Brothers, etc.
Le rêve américain
Debout à l’avant-scène, Voisine et ses complices ouvrent le bal en interprétant d’abord a cappella Seven Bridges Road à la façon des Eagles. Ce sera suivi de California Dreamin’ des Mamas & the Papas et de Mrs. Robinson, chanson phare du film The Graduate, emblématique de l’Amérique de la fin des années 1960. La table est mise. On rêvera à l’américaine, mais comme les chansons ne connaissent pas de frontières, elles seront parfois interprétées en anglais et en français. Ce sera le cas pour Let it be me (Je t’appartiens) et City of New Orleans (Salut les amoureux).
Blagueur, Roch nous informe qu’il a congédié son batteur et que c’est la raison pour laquelle il ajoute «light» (léger) au titre de son spectacle, mais il ne nous dit pas tout, tout de suite, à ce sujet… N’empêche que cette formation sans percussion a amené le groupe a réarranger certaines chansons de manière parfois inattendue, dont Suspicious Minds (Elvis) habilement tournée en country folk.
Voisine est dans son élément et ça s’entend ! Étant lui-même très bon guitariste, il a un plaisir évident à jouer cette musique américaine, lui qui a d’ailleurs habité durant trois ans à Los Angeles. Il s’amuse avec You Never Can Tell où Chuck Berry s’aventurait à prononcer quelques mots en français. Dans un tout autre registre, il sort son harmonica pour l’intro de la poignante Heart of gold de Neil Young.
Toutes ces histoires, Roch les chante avec une diction impeccable ! Et quelle voix il a aujourd’hui ! Entre autres, son interprétation de Always on my mind en impose !
Gratitude
Après avoir conquis la francophonie et attiré quelque 75 000 personnes au Champ-de-Mars, à Paris, en 1992, il demeure reconnaissant envers la France. Il souligne que c’est une maison de disque française qui lui a proposé le concept Americana, porteur de succès depuis une douzaine d’années !
L’artiste retournera d’ailleurs présenter des spectacles dans l’Hexagone, en mars prochain, histoire de renouer avec ses admirateurs européens. Roch se demande toutefois comment il va expliquer aux Français que bien des Québécois s’habillaient en mou (jogging et coton ouaté), lors de la pandémie. Il en profite pour préciser que c’est justement durant cette période qu’il a tenté l’expérience de se laisser pousser la barbe. On aurait même fait un sondage révélant que 52% de ses admirateurs et admiratrices le préfèrent avec une barbe.
Après plus de 35 ans de carrière, ce natif du Nouveau-Brunswick n’a rien oublié de sa jeunesse. Il parle, entre autres, de sa fierté lorsque son village avait été choisi pour un épisode de l’émission Soirée canadienne, l’une des plus populaires de l’histoire de Télé-Métropole. C’est là un prétexte pour tester gentiment nos connaissances sur les origines de la musique québécoise et entonner la mélancolique Mille après mille de Willie Lamothe, que le public chante avec toujours autant de ferveur, plus de 50 ans après sa création !
Durant toute la soirée, Voisine sait blaguer sans tomber dans la vulgarité, même si cette tendance est à la mode! Élégant dans son costume noir, il est distingué sans être guindé. «T’es toujours beau, Roch!», lui lance une admiratrice.
Plus encore, ses grandes qualités d’interprète se sont vraisemblablement bonifiées avec le temps. Les émotions passent par les harmonieuses modulations de sa voix. Il ne cherche pas à épater la galerie et pourtant le public s’est levé spontanément pour applaudir à tout rompre sa très belle version de Hotel California !
Un rappel percutant…
Pour la fin de ce concert intimiste des plus réussis, on nous réservait une sorte de clin d’oeil moqueur… Au rappel, on a soudainement installé, en vitesse, une batterie et le multi-instrumentiste Éric Sauvé s’est mis à marteler le tempo de Pretty Woman, puis de Johnny B. Goode.
Bref, on a chanté, rêvé, dansé… Que du bon temps avec Roch ! Voisine est en spectacle ce soir et demain également et c’est probablement la dernière fois que Americana light est présenté à Montréal.
Roch Voisine / Americana light
Au Cabaret du Casino de Montréal / 18, 19 et 20 janvier
Photos du spectacle : Sébastien Jetté;
Photos prises en coulisses (4 dernières) : Bertrand Exertier