L’Agora de la danse termine sa saison avec une version du ballet Le Sacre du printemps, conçue par Katya Montaignac et ses artistes invité.e.s. On y retrouve dix-huit interprètes dont des enfants et des adolescents danseurs de rue. Mais pourquoi le titre «Sacrer» ?

Crédit photo : Julie Artacho
Katya Montaignac crée des «objets dansants non identifiés». Pour ce faire, elle aime organiser des rencontres inattendues. C’est dans cet esprit qu’elle a invité le groupe de danseurs de rue montréalais Gem.In.IMovement à improviser sur cette musique d’Igor Stravinsky.
«C’est beau de voir des ados plonger au son de cette oeuvre classique en s’adonnant au freestyle. En fait, la partition de Stravinsky et les danses de rue ont certains points en commun : elles sont insolites et sans concessions.
D’une part, chacun des danseurs s’expose par son interprétation originale et puis, ensemble, ils forgent un langage hors des sentiers battus. J’admire la façon qu’ils ont de jouer le jeu et de faire corps avec cette pièce mythique du compositeur russe.»
Le Sacre remixé
Après cette performance d’environ une demi-heure, on fera place à une autre interprétation, sur une version du Sacre du printemps remixée par DJ Barbarino. «Je n’ai pas tout chorégraphié à la virgule près. Disons que j’ai créé un canevas pour les sept danseurs avec lesquels j’ai le plus travaillé depuis 2019. Ils ont donc une bonne part de liberté pour danser selon leur humeur.»

Crédit photo : Do Phan Hoi
Si la participation d’un DJ ajoute une dimension contemporaine à la partition créée il y a plus de cent ans, cette dernière n’en demeure pas moins un défi pour les danseurs d’aujourd’hui. D’ailleurs, l’un des invités, Alizé Desrosiers, a choisi d’interpréter son solo sur un extrait non remixé. «Les versions remix avec des rythmes très marqués à la Vogue (Madonna), je trouvais ça trop confortable !»
Au-delà des gestes
Mais, qu’est-ce qui motive les danseurs ? Pourquoi ont-ils choisi cet art ? Que veulent-ils apporter à travers leur démarche ? Montaignac qui se voit comme un catalyseur, a prévu un moment où l’on entendra les artistes expliquer pourquoi ils dansent. «Qu’est ce qui est sacré pour chacun dans sa pratique de la danse ? Ce sont là des propos qu’on entend rarement et il me semble qu’on ne regarde plus un danseur de la même manière quand on sait ce qui l’anime profondément.»
Spectacle intergénérationnel
La chorégraphe tient aussi à ce que la distribution soit intergénérationnelle pour rejoindre le plus large public possible. On y verra deux interprètes âgés de 11 ans, ainsi que les neuf adolescents de Gem.In.IMovement et un groupe d’adultes de 25 à 36 ans. «J’aurais aimé avoir un danseur plus âgé, disons entre 50 et 60 ans. J’étais d’ailleurs en discussions avec un artiste New-Yorkais à ce sujet, mais la pandémie a freiné mon élan.»
Quant au titre du spectacle ? «J’aime l’ambiguité du mot sacrer. Dans le contexte de cette relecture d’une oeuvre classique, ça sous-entend : qu’est ce qui est sacré et qu’est ce qui ne l’est pas ? Est-ce qu’on désacralise le Sacre en le confiant à des danseurs de rue ? Pourtant, ces derniers expriment qui ils sont et développent leur personnalité avec des styles qu’ils s’inventent. C’est très précieux ! Alors, les danses de rue n’ont-elles pas aussi quelque chose de sacré ?
Sacrer – Katya Montaignac
Espace orange – Agora de la danse | Édifice Wilder
11-12-13 mai 2022 – 19 h
14 mai 2022 – 16 h
14 mai 2022 – 16 h






























































