Ils respirent le bonheur, les gars de Salebarbes et leur joie est instantanément communicative, comme on l’a vu dès leur entrée en scène au Club Soda, ce soir (16 mars). Débordants d’énergie, Jonathan et Éloi Painchaud, Kevin McIntyre, George Belliveau et Jean-François Breau sont aux commandes d’un palpitant voyage musical en Acadie et en Louisiane, avec escale aux îles de la Madeleine. Au programme : rythmes endiablés et harmonies vocales soignées, le tout servi avec une bonne dose d’humour.
Allons danser

Crédit : Pat Beaudry
Salebarbes lance la soirée avec La danse du Mardi gras. Pas de doute, la fête est commencée ! Des spectateurs d’un peu tous les âges chantent, dansent et tapent des mains spontanément. Cette foule joyeuse, qui dès 19h 15 faisait la file dehors depuis le Club Soda jusqu’à la rue St-Dominique, attendait ces retrouvailles depuis bientôt deux ans ! En effet, le spectacle était initialement prévu pour le 9 avril 2020.
On trinque volontiers sur Gin à l’eau salée, chanson-titre du dernier album de Salebarbes. On pousse des cris enthousiastes aux premiers accords de Bayou noir. Bosco Stomp, Allons danser, etc., rythmes frénétiques et blagues bien envoyées; ça ne dérougit pas de la soirée !
Sur scène : un feu roulant ! En plus de chanter et jouer de la guitare, Jonathan Painchaud et Jean-François Breau se relaient à la batterie. Les déhanchements de l’élégant George Belliveau au violon s’apparentent parfois au twist !
Plus discret, le bassiste Kevin McIntyre aura tout de même son moment où il fera bien rigoler la salle avec des commentaires sur sa terre natale, le Nouveau-Brunswick. Quant à Éloi Painchaud, il mérite bien sa réputation d’homme-orchestre, avec sa maîtrise de la guitare, du violon, de la mandoline et de l’harmonica, en plus de chanter.
Dignes descendants de Zachary

Crédit : Pat Beaudry
En langue acadienne, les salebarbes sont de petits filets de pêche qu’on accroche au bout d’un quai la nuit, dans le but d’y attraper des poissons ou fruits de mer. Il y a là toute une symbolique dans cette loterie de la pêche pour Salebarbes qui chante : «Papa est pêcheur, comme son père, pis son grand-père / On vit aux îles, sur le bord d’la mer … On fait s’qu’on peut avec quoi qu’la mer amène / Assayer d’gagner sa vie aux îles de la Madeleine…»
Rappelons que le père des deux Painchaud faisait partie du groupe Suroît qui a été un ambassadeur de la musique acadienne. Aujourd’hui, ces musiciens accomplis et leurs collègues de Salebarbes veulent «redonner un peu de fierté et le goût de fêter en français. Une forme de réappropriation culturelle, une déportation à l’envers. Il y a comme une urgence de chanter… Notre culture qui se souvient, à peine. Le voyage de notre langue, vaisseau qui tangue comme une bouteille à la mer, porteur d’un unique message : on n’est pas mort !» peut-on lire sur le site Internet du groupe.
D’ailleurs, si les chansons de Salebarbes sont légères, elles ne sont pas frivoles pour autant. Sous des dehors fantaisistes, voyons un peu ce que raconte Disco fa dodo : «J’aimais pas l’accordéon, j’aimais pas le violon,
Je voulais pas parler français / Asteur, je suis ici dans la Californie, J’ai changé mon idée / Je dis Hey yaille yaille! Moi j’parle en Cajun… Ils parlent discos, mais je d’mande le Fa Dodo.»
Parmi les temps forts de la soirée, il y a Jean-François Breau, en voix comme jamais, qui chante la complainte Les oiseaux avec une intensité qui n’est pas sans rappeler celle de Zachary Richard dans la mémorable Réveille.
À un autre moment, Breau dira : «J’ai 43 ans et je n’ai jamais eu autant d’énergie dans toute ma vie !» Le plaisir qu’ont ces messieurs à faire de la musique ensemble ainsi que leurs grands talents et la richesse de leurs chansons font de leur spectacle un incontournable ! Avec Salebarbes, le cajun reçoit un traitement princier !

Crédit : Pat Beaudry
Salebarbes au Club Soda les 16 et 17 mars à 20h.






























































