Il y avait de l’amitié dans l’air au MTelus, en ce vendredi soir de première de Sara Dufour. «On t’aime Sara!», criait-on dans la salle, bien avant son entrée en scène. D’autres fredonnaient spontanément des refrains des Cowboys fringants. Il faut dire que Sara a ce groupe tatoué sur le coeur, elle qui en avait surpris plusieurs par son aplomb, en se produisant en début de soirée, lors du spectacle historique de la formation de Karl Tremblay sur les plaines d’Abraham, l’été dernier. Sept mois plus tard, l’auteure-compositrice originaire de Dolbeau-Mistassini ne cesse d’élargir son public, entre autres, depuis la parution de son troisième album On va-tu prendre une marche? Ce sont justement ces chansons très personnelles qui sont au coeur du nouveau spectacle avec lequel cette boute-en-train part en tournée.
Comme une prière
D’entrée de jeu, l’artiste de 40 ans surprend, en ouvrant son spectacle dans la quasi-obscurité. Elle commence avec une sorte de prière de remerciement à sa mère qui, avant de mourir, a prédit que la carrière de sa fille serait bientôt propulsée par une grosse vague. «Cette vague est bel et bien arrivée!», lance Sara, applaudie à tout rompre par ses admirateurs.
Le MTelus est loin d’être rempli mais, la ferveur du public est sans faille. On écoute religieusement la chanson Ma mère, une valse minimaliste sur quelques accords de guitare où il est question de Dieu, de boisson et d’amour, autant de thèmes entrecoupés de la la la la…
La vie à la campagne dans tous ses états
Puis, les projecteurs s’allument et on retrouve l’énergique Sara qui nous raconte son bonheur d’être retournée vivre à la campagne : «J’me suis fait livrer du bois J’ai tout cordé J’ai r’çu deux cordes de tremble avec du bois mélangé J’voulais du bouleau sec Pis une corde d’épinette…» Voilà beaucoup de détails (!) qui défilent sur une musique entraînante et bien tournée de Dany Placard. Avec ses références country, folk, bluegrass ou rock, cet auteur-compositeur apporte une dimension festive aux chansons de Sara Dufour qui sont pourtant souvent loin d’être légères qu’il s’agisse de Au travers ou Chu mêlée.
Chose certaine, on ne peut pas reprocher à la Jeannoise de s’accaparer le thème à la mode de l’environnement. «Quand j’sac mon camp, j’sac mon camp en char!», souligne-t-elle, en présentant fièrement sa chanson Mes pneus.
Cette passionnée d’engins à moteurs reprendra d’ailleurs triomphalement, Chez nous c’est skidoo qui lui colle à la peau, depuis la parution de son album, Dépanneur Pierrette, en 2016.
Le public semble tout aussi captivé par l’histoire de la Maison frette, que Sara s’est achetée, sur un coup de tête: «J’chauffe el’dehors Ça va m’prendre un poêle D’la laine en d’sous du clabord…»
Si les musiques sont efficaces, on ne peut pas dire qu’elles soient d’une grande originalité. Ce répertoire folk, dans l’ensemble, fait place à un moment bienvenu d’énergie un peu plus rock avec Chic-Chocs.
Pour le reste, en plus de chanter son quotidien comme on le ferait lors d’une rencontre d’amis, Sara Dufour nous raconte des souvenirs anecdotiques comme le petit discours qu’elle avait présenté à l’école pour expliquer ce qu’elle voulait devenir lorsqu’elle serait grande: «C’était le temps où j’voulais être garde-chasse Le temps où j’avais pas encore trouvé ma place su’a mappe.» C’est mignon, sans plus.
En tournée à travers le Québec
Pour ma part, il me semble que ces chansons sont souvent trop personnelles pour atteindre l’universel. Et que dire des textes? Qui a le goût d’entendre une pièce où l’on répète 15 fois le mot «écœurée»? Des formulations comme Smile dans face ou J’fais un fuck you à l’amour vous émeuvent-elles? Ne faut-il pas un peu plus de beauté pour s’élever un tant soi peu ?
Cela dit, Sara Dufour est en tournée un peu partout à travers la Belle Province. Elle sera, entre autres, au Capitole de Québec, le 22 mars.
Pour voir toutes les dates de sa tournée, c’est ici