Analekta montre des talents d’orpailleurs et lève au ciel, sous un grand soleil, le filon d’or des plus grandes interprétations des Ballades et des Impromptus de Frédéric Chopin. Depuis de très nombreuses années, les plus grandes versions toutes entendues et comparées entre elles portent trésor dans mon coeur. Mais dès maintenant, en mon almanach méritoire secret, le nom de Charles Richard-Hamelin figurera désormais au zénith de ce répertoire.
Pour les Ballades, M. Richard-Hamelin supplanterait la version que je croyais insurpassable avec Krystian Zimerman chez Deutsche Grammophon (423-09-2 couplage Barcarolle-Fantaisie) , aussi ma version poétique préférée depuis des lustres avec Ivan Moravec (Connaisseur Society, vinyle SRL 7664), égalant en clarté celles de notre inestimable Louis Lortie (Ballades Chandos 10714-Impromptus 10813), outrepassant même celui que j’ai longtemps idolâtré, monsieur Caludio Arrau (Decca-couplage Scherzi-4785691). Mais encore, parmi ceux réunissant aussi sur leur même disque les quatre impromptus comme Tamas Vasary, (Deutsche Grammophon 2535284), il atteint de sommets de lyrisme et de virtuosité en totale aisance…enfin pour autant qu’on veuille me croire sur comparaison minutieuse.
En fouillant les discographies et discothèques plus riches que les miennes, on trouvera, certes, la première ou la quatrième ballades jouées tout aussi magnifiquement (par Yuliana Avdeeva ou Ingolf Wunder) mais parmi les très jeunes radieux pianistes actuels de la nouvelle très talentueuse génération (dans Chopin tendre j’adore le toucher poétique des artistes comme David Fray, par exemple) je conçois qu’il n’y aura peut-être que Béatrice Rana ou Martin Helmchen ou George Li qui pourront faire mieux, mais ces intégrales ne sont pas encore là pour en prouver la prédiction ou l’infirmer! Bien entendu, ce n’est pas l‘inexplicable toucher délicat des artistes bouleversants que furent Dinu Lipatti ou Clara Haskil, non, Charles Richard-Hamelin a cette corpulence des hommes forts à la Grigory Sokolov (pas encore la tonitruance de Svjatoslav Richter, heureusement, dans Chopin…) mais c’est toute une réalisation! Je dois le dire, depuis que je l’ai découvert au Concours musical international de Montréal, il y a, disons une dizaine d’années comme second prix (je ne tiens plus aussi bien que jadis le fil du temps, désolé, s’il y a erreur de date…) son mûrissement musical m’étonne ou plutôt me fascine!
Nouveauté Analekta: Charles Richard Hamelin, Quatre ballades et quatre impromptus de Frédéric Chopin (AN29145)