En reprise depuis le 26 septembre, le succès de Seul ensemble – inspiré de la musique et de l’univers de Serge Fiori, ne se dément pas. Entendu parmi les spectateurs : « Je n’écoute plus Harmonium, mais je ne sais pas pourquoi. Mes jeunes écoutent eux, je vais m’y remettre ». Tel un ami que l’on n’aurait pas vu depuis longtemps, Serge Fiori, ses textes, sa voix, ses mélodies, sont là quelque part dans notre histoire. Et comme un ami, on prend beaucoup de plaisir à le revoir, comme si on ne l’avait jamais vraiment quitté. Rassembleur, évocateur et lumineux… le Cirque Éloize, Benoit Landry et Louis-Jean Cormier, n’ont pas seulement créé un spectacle : ils ont rendu un bel hommage au groupe Harmonium et aux souvenirs d’un public reconnaissant.
Seul ensemble… une manière bien étrange et originale de nommer un spectacle, et pourtant… Sonnant comme une rétrospective de la carrière de Serge Fiori, cette création appelle à la solitude et au rassemblement. Solitude dans le bon sens du terme, car chaque chanson peut être associée à une étape de vie, de jeunesse, de vie d’adulte, d’une époque révolue, mais toujours bien présente dans la tête d’un public enchanté, qui s’en rappelle de c’temps-là…
Et définitivement rassembleur. Les mots de Fiori, ces thématiques à la fois touchantes et toujours très actuelles, nous font penser, réfléchir, telle une douce introspection. Appelons-la souvenir, mémoire, ou imaginaire, il n’empêche que Seul ensemble ne vient pas uniquement combler le plaisir des yeux. Rassembleur aussi, par cette porte que le chanteur ouvre. Pourtant discret, il nous permet – le temps de quelques numéros – d’entrer dans son intimité : sa première guitare douze cordes, ses méthodes de travail, parfois expéditives ! Des confidences offertes à la génération d’avant et celle d’après qui contribuent à se sentir confortable, dans une ambiance teintée de plaisir ou de mélancolie.
L’équipe derrière ce projet, a réalisé un tour de force. Les numéros se sont littéralement fondus dans cet univers – on l’a dit – intimiste, délicat et propice aux souvenirs. Il suffit d’entendre Benoit Landry en parler, pour comprendre le profond respect qu’il témoigne à l’œuvre de Fiori. Fantaisie, recueillement, psychédélisme et bien sûr, amour… une panoplie de thèmes chers au chanteur, qui donne une liberté de création incroyable et difficile à la fois, tant leur conjugaison peut être sensible.
Et pourtant, tout se déroule avec un grand naturel et une facilité déconcertante. On se laisse embarquer dans cette douce folie. Rappelant le Big Bazar de Michel Fugain, 22 artistes à la fois danseurs, comédiens et athlètes, se laissent aller dans cette grande fête. Une troupe de jeunes colorée et flirtant avec l’esprit des seventies qui capte notre attention du début à la fin. Et qui nous fait retenir notre respiration plus d’une fois, car l’impressionnant côtoie le poétique à plus d’une reprise.
Seul ensemble, c’est donc tout ça : une liberté artistique, de pensée, un vent de fraîcheur qui vient pourtant de loin, et des prouesses physiques qui balancent entre émotion et performance.
Crédit photo : Junior Bombardier
Durée du spectacle : 2h15 avec entracte
Seul ensemble est présenté en reprise jusqu’au 20 octobre au Théâtre Saint-Denis.