Rick Mofina est l’un des meilleurs auteurs de romans policiers, traduits dans une trentaine de pays. En novembre dernier, les éditions Alire ont publié un 13e roman de cet auteur canadien si prolifique, Son dernier Adieu (Her last goodbye en 2022) dans une traduction de Pascal Raud. Ce premier roman en un seul tome, est un suspens enlevant et palpitant de la première à la dernière page.
Résumé : Alors que le soleil se lève sur la grande région de Buffalo, Greg Griffin n’a pas le choix, il doit appeler la police et signaler la disparition de sa femme Jennifer, qui n’est pas rentrée après la réunion de son club de lecture le soir précédent. Or, si le couple peut paraître parfait aux yeux des voisins, les époux vivent des moments difficiles. Depuis quelque temps, Jennifer est de plus en plus distante, et l’entreprise de Greg connaît des soubresauts financiers. Dès leur arrivée, les policiers remarquent que les mains de Greg sont marquées d’égratignures récentes, et leurs soupçons grandissent en interrogeant les proches de la famille. Alors que leur fils Jake confirme les récentes disputes entre ses parents, une amie du club de lecture de Jennifer affirme aux agents avoir remarqué des ecchymoses sur le corps de la jeune femme. Aux yeux des forces de l’ordre, Greg est, sinon coupable, à tout le moins responsable de la disparition de sa femme. Si celle-ci n’a pas été tuée, peut-être a-t-elle simplement fui un conjoint dangereux… S’amorce alors pour Greg une course aux enjeux multiples. S’il veut retrouver sa femme et sauver son mariage, il doit d’abord prouver son innocence, et chasser les démons qui le hantent !
Ce polar de Rick Mofina est un véritable « page turner ». Il nous tient en haleine de la première à la dernière page. Bien que cela se passe dans une ville fictive, aux États-Unis, près de Buffalo et des Chutes Niagara, on a l’impression de connaître cette ville et ces personnages. C’est un drame familial comme on en voit souvent aux nouvelles, un drame qui peut survenir dans n’importe quelle famille ordinaire de n’importe quelle ville ou banlieue. Une mère de famille exemplaire, avec une vie active dans sa communauté qui disparaît soudainement, sans raison. Un mari et père de famille dévasté part à sa recherche en vain et doit continuer d’être là pour leur fils. Bref, c’est une histoire qui peut arriver à n’importe qui et dont on veut savoir le dénouement. Je me suis moi-même demandé ce que je ferais si cela était arrivé dans mon entourage.
Dans ce roman, l’auteur aborde les dangers qui planent sur les femmes dans toutes les sphères de leur vie, que ce soit la violence conjugale, le harcèlement, l’abus de pouvoir. De plus, il a étoffé des personnages avec un passé douloureux, parfois mystérieux, que l’on découvre peu à peu, ajoutant du suspens et des détours à cette intrigue. Tout le monde a un petit quelque chose à cacher, un détail de leur vie qu’ils ont honte, se sentent coupables, ou qu’ils ont peur de révéler, semant des doutes ici et là sur ce qui a bien pu se passer cette soirée du drame. Personne n’est blanc comme neige et ils ont des liens entre eux parfois qu’on ne soupçonne pas.
Rick Mofina excelle dans l’art de raconter des histoires qui nous tiennent sur le bout de notre siège. Il ne laisse aucun temps mort dans ce roman de presque 500 pages, avec de l’action à profusion, des revirements de situations, des aller-retour dans le passé et le présent et même des ajouts de personnages qui viennent complexifier l’histoire et nous mener sur de fausses pistes. On alterne de narrateurs de chapitre en chapitre, pour être parfois dans la tête du mari, parfois dans celle d’un policier ou un membre de la famille. Et c’est intéressant de voir comment ils pensent.
Cela parait que l’auteur est un ancien journaliste à la retraite. Il connaît bien comment se déroule une enquête. Il nous donne des détails fort pertinents et captivants sur la manière que fonctionne un polygraphe, comment comparer des ADNs, et comment les divers organismes tels que le FBI utilise les divers systèmes de collecte d’informations les plus sophistiqués pour faire avancer leurs enquêtes. On voit comment tous collaborent pour mettre leurs informations à la disposition des autres. Aussi, il y a plusieurs notes de bas de page qui expliquent qui sont tous ces organismes réels et ces acronymes et comment ils fonctionnent.
De jour en jour, nous suivons, de chapitre en chapitre, l’évolution de cette enquête, sous divers angles, que ce soit l’équipe de recherche sur le terrain, les bénévoles, la famille de Jennifer, les policiers en charge de l’enquête et les diverses équipes qui font des analyses. De plus, avec d’autres événements qui surviennent et qui laissent planer la possibilité qu’ils soient liés à la disparition inexplicable de cette femme, on est pris dans ce tourbillon, à tenter de solutionner ce grand mystère, sans grand succès pour ma part.
En résumé, ce roman se lit comme on regarde un film policier, où il y a un feu roulant d’action, de rebondissements, mais aussi de personnages, de lieux divers, et de retour dans le passé pour voir le lien qui unit tous ces gens en lien avec cette disparition. On termine la lecture de ce roman, à bout de souffle, exténué, et totalement surpris de la tournure des événements et du dénouement. C’est un véritable thriller policier, un suspens enlevant et palpitant de la première à la dernière page.
Rick Mofina a grandi à Belleville, à l’est de Toronto, en Ontario. Il a commencé à écrire des histoires dès l’école primaire et vendu sa première nouvelle à un magazine du New Jersey à l’âge de quinze ans. Adolescent, il est allé en Californie en faisant du pouce et a raconté ses tribulations dans un roman. Il a fait toutes sortes de métiers, comme employé dans un hippodrome ou livreur de voitures jusqu’en Floride, avant de fréquenter l’Université Carleton, où il a étudié le journalisme, la littérature anglaise et le roman policier américain. Étudiant, il a travaillé l’été comme reporter au Toronto Star avant d’embrasser la carrière de journaliste dans différentes rédactions pendant une trentaine d’années. Il a notamment travaillé au Ottawa Citizen, au Calgary Herald et comme agencier au Southam News. Depuis son premier roman policier, If Angels Fall (La Dérive des anges), il a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages distribués dans vingt et un pays.
Illustration : Ericka Seville
Traduction : Pascal Raud
Nombre de pages : 486 pages
Prix : 29,95 $
Date de parution : le 14 novembre
Éditions Alire : https://www.alire.com/
Site web de l’auteur : https://www.rickmofina.com/
Mon appréciation d’un de ses romans de la série avec Kate Page : https://lesartsze.com/chaque-seconde-de-rick-mofina-un-thriller-intense-et-palpitant/