L’Orchestre symphonique de Longueuil et son chef, le violoniste Alexandre Da Costa, lancent Stradivarius Je me souviens, un disque qui tombe à point pour la Fête nationale du Québec. De nobles refrains de Ferland, Dubois, Harmonium et Cohen gagnent de nouvelles lettres de noblesse dans des versions symphoniques, aux côtés de classiques de Piaf, Brel, Aznavour, etc. Voici la petite histoire d’un disque unique en son genre.
«Livreurs de bonheur»
En pleine pandémie, Da Costa a trouvé un moyen de rester actif tout en permettant aux musiciens de l’OSDL de continuer de jouer devant public. «Dès avril 2020, nous sommes allés mettre un peu de joie dans le quotidien de personnes qui ne pouvaient plus sortir de leurs petites chambres de résidence, d’hôpital ou de CHSLD (Centre d’hébergement et de soins de longue durée)», rappelle le musicien.
«À cette époque, les mesures de distanciation étaient telles que, souvent, nous avons dû jouer dans des stationnements, alors que les spectateurs nous regardaient depuis leurs balcons. C’est la raison pour laquelle on a baptisé nos tournées : Balcons symphoniques.» En deux ans, les musiciens de l’Orchestre symphonique de Longueuil ont ainsi présenté plus d’une centaine de concerts un peu partout au Québec. «Nous nous sommes réinventés en livreurs de bonheur !»
Pour être bien sûr de faire plaisir aux spectateurs, on a demandé à ces derniers ce qu’ils souhaitaient écouter. Résultat, environ 25 chansons se sont imposées au fil des représentations et on a finalement enregistré celles qui se prêtaient le mieux à une adaptation symphonique.
Un disque audacieux
Ça démarre sur les chapeaux de roue avec J’t’aime comme un fou de Charlebois. C’est léger et pétillant ! La vie en rose, Le Blues du businessman, Quand les hommes vivront d’amour, etc., les mélodies sont interprétées au violon par Da Costa. Le musicien joue sur un Stradivarius comme le rappelle le titre de ce disque qui se veut aussi un souvenir de notre résilience durant la crise sanitaire qu’on souhaite terminée.
Les arrangements de Éric Lagacé, François Vallières et Da Costa lui-même apportent toute une gamme de couleurs aux chansons. Dance me to the end of Love de Cohen prend des allures tziganes. Emmenez-moi et La bohème d’Aznavour sont enchaînées sur des rythmes de valse grisants !
Amène-toi chez nous devient aussi une valse, peut-être un peu trop rapide, suivie de We are the champions, une autre chanson très en vogue aux «Balcons symphoniques». Passer harmonieusement de Jacques Michel à Queen ! Il faut le faire !
Sur ce disque audacieux, enregistré aux studios Piccolo à Montréal, on trouve également une version «symphonisée» de L’essentiel écrite pour Ginette Reno par Charles Aznavour et Michel Jourdan.
Parmi les pièces les plus réussies de l’album, on retiendra Hallelujah (Cohen), Si Dieu existe (Dubois) et Une chance qu’on s’a (Ferland). On pourrait croire que ces mélodies ont été écrites pour le violon !
On aura compris que le but n’est pas de rivaliser avec les versions originales, mais quel bonheur, tout de même, de pouvoir écouter ces pièces chargées d’émotion en laissant toute la place à la musique. Bravo !
Stradivarius Je me souviens est un concept si rassembleur, qu’on se prend à rêver d’une suite à cet album sur un deuxième volume où l’on entendrait des versions instrumentales «symphonisées» du classique de Diane Dufresne, Hymne à la beauté du monde et d’autres inoubliables mélodies de Stépĥane Venne, Claude Léveillée, Daniel Lavoie, Daniel Bélanger, Richard Desjardins, etc. Sait-on jamais ?
Stradivarius Je me souviens
Orchestre symphonique de Longueuil / Alexandre Da Costa, chef
4 / 5