La célèbre pianiste québécoise résidant désormais en Bavière Janina Fialkowska nous offre Les sons et les parfums …, un nouvel album récital cette fois-ci de musique française pour piano. Elle poursuit toujours une carrière de soliste très active (partout dans le monde et récemment encore auprès du Concours Van Cliburn comme auditrice de premier jury). Nous la suivons avec intérêt depuis ses années d’étude avec Yvonne Hubert, le fleuron de l’enseignement du piano au Canada français (avec Natalie Pépin et Marc Durand).
Ce disque constitue, en somme, un beau divertissement grand public. On y réentend le même nocturne de Fauré (le 4ième) qu’on retrouve sur le récent disque Fauré chez Chandos de Louis Lortie: de ces deux versions récentes de ce nocturne par des artistes d’ici, on pourrait difficilement départager la plus belle venant de ces deux émules de la défunte élève de Fauré lui-même… mais la version de David Jalbert (Endeavour Classics) d’une intégrale de tous ces treize nocturnes est inégalable…même celle de Jean-Philippe Collard (EMI) prend le second rang. Rappelons que madame Yvonne Hubert fut au Conservatoire de Paris la protégée du compositeur Fauré aussi directeur de l’institution et que tous ces noms sont contemporains, bien entendu, du phénoménal pianiste Alfred Cortot. Madame Fialkowska fut l’élève-phare de madame Hubert. Tous les grands pianistes québécois d’aujourd’hui (Laplante, Lortie, Hamelin, Fialkowska jadis Turini) étaient de cette écurie redoutable en lice lors des concours internationaux pour piano lors desquels ils raflaient les meilleurs places.
Pour résumer en peu de mots la qualité de ce disque d’écoute très facile, on a la joie d’y entendre du Germaine Tailleferre, cette compositrice du Groupe des Six (un impromptu en la majeur). Ensuite un très bel Intermezzo de Francis Poulenc (en la bémol majeur, le troisième de la série) et des fragments d’oeuvres en morceaux de Debussy duquel on eût souhaité la Suite Bergamasque entière plutôt qu’un seul extrait sur quatre composantes. Pourtant les plus sublimes réussites de cet album demeurent les Jeux d’eau de Ravel et surtout la Sonatine en trois mouvements faisant 13 minutes où madame Fialkowska atteint des sommets d’aisance technique et puise d’une intarissable source poétique. Indéniablement, elle y rejoint son confrère d’études à l’École Normale de musique, André Laplante, comme une des plus élégantes interprètes de Ravel.
ATMA ACD22766.